Mediapart et Libération s'intéressaient aujourd'hui à la réponse de Luc Chatel, ministre de l'Éducation, à une question écrite d'un député PS. Celui-ci demandait en substance au ministre ce qu'il comptait faire pour que Nicolas Sarkozy apprenne à s'exprimer dignement, sans faute de langage. La question datait de février 2010, Luc Chatel a médité sa réplique jusqu'en décembre. On imagine que onze mois de réflexion et d'efforts d'une équipe spéciale de conseillers n'étaient pas de trop pour trouver des arguments de défense…
Le point fort de cette riposte du ministre de l'Éducation me semble résumé par ce bref extrait : «[…] le Président de la République parle clair et vrai, refusant un style amphigourique et des circonvolutions syntaxiques qui perdent l'auditeur et le citoyen.»
Amphigourique : se dit d'un discours embrouillé, obscur. Voyons le parler clair et vrai de Sarkozy :
« […] vous savez dans la crise, y a beaucoup de gens qui perdent leur sang froid, surtout parmi les élites. Dans une grande caractéristique. On se demande parfois, plus ils ont fait d'études…, à part Patrick…, mais c'est franchement par moment…, par moment on se demande c'est à quoi ça leur a servi toutes ces années là pour avoir autant de mauvais sens. Alors, ouof ! certains de mes amis sont des amis, mais… la colonne vertébrale… Faut dire qu'y a des grosses vagues, hein, alors quand y a de grosses vagues, y en a qui ont l'impression d'avoir le mal de mer avant d'avoir le mal de mer» …
(Nicolas Sarkozy chez Alstom, en 2009. Transcription d'un extrait vidéo de Mediapart).
À la place de M. Chatel, j'aurais esquivé le défi impossible à relever que lui lançait ce député. J'aurais plutôt mis en valeur l'aspect visionnaire de la personnalité de M. Sarkozy. Qu'on en juge par cette autre brève transcription :
« Parce que je crois à l'avenir de la construction navale, pour les paquebots de la dernière génération, pour les méthaniers de la dernière génération, et comme y aura l'allongement de la durée de la vie, y aura de plus en plus de gens qui voudront partir faire des tours en croisière »…
Quel flair, si j'ose dire, que celui de notre président ! Il envisage déjà tout le parti à tirer demain des quantités de vieux embarqués sur un paquebot couplé à un navire méthanier qui récupèrera leurs flatulences. Non seulement notre construction navale va prospérer, mais la France deviendra un modèle dans le recyclage des énergies renouvelables.
P-S Dans la foulée des propos de Valls, les réflexions sur le temps de travail en France se multiplient : Gérard Filoche, comme PMA, démontrent que les 35 heures n'ont jamais été verrouillées, Rimbus sort des statistiques solides…
Autrement, Solveig médite sur les lendemains de fêtes, et Lucia Mel sur les éclipses…
Le point fort de cette riposte du ministre de l'Éducation me semble résumé par ce bref extrait : «[…] le Président de la République parle clair et vrai, refusant un style amphigourique et des circonvolutions syntaxiques qui perdent l'auditeur et le citoyen.»
Amphigourique : se dit d'un discours embrouillé, obscur. Voyons le parler clair et vrai de Sarkozy :
« […] vous savez dans la crise, y a beaucoup de gens qui perdent leur sang froid, surtout parmi les élites. Dans une grande caractéristique. On se demande parfois, plus ils ont fait d'études…, à part Patrick…, mais c'est franchement par moment…, par moment on se demande c'est à quoi ça leur a servi toutes ces années là pour avoir autant de mauvais sens. Alors, ouof ! certains de mes amis sont des amis, mais… la colonne vertébrale… Faut dire qu'y a des grosses vagues, hein, alors quand y a de grosses vagues, y en a qui ont l'impression d'avoir le mal de mer avant d'avoir le mal de mer» …
(Nicolas Sarkozy chez Alstom, en 2009. Transcription d'un extrait vidéo de Mediapart).
À la place de M. Chatel, j'aurais esquivé le défi impossible à relever que lui lançait ce député. J'aurais plutôt mis en valeur l'aspect visionnaire de la personnalité de M. Sarkozy. Qu'on en juge par cette autre brève transcription :
« Parce que je crois à l'avenir de la construction navale, pour les paquebots de la dernière génération, pour les méthaniers de la dernière génération, et comme y aura l'allongement de la durée de la vie, y aura de plus en plus de gens qui voudront partir faire des tours en croisière »…
Quel flair, si j'ose dire, que celui de notre président ! Il envisage déjà tout le parti à tirer demain des quantités de vieux embarqués sur un paquebot couplé à un navire méthanier qui récupèrera leurs flatulences. Non seulement notre construction navale va prospérer, mais la France deviendra un modèle dans le recyclage des énergies renouvelables.
P-S Dans la foulée des propos de Valls, les réflexions sur le temps de travail en France se multiplient : Gérard Filoche, comme PMA, démontrent que les 35 heures n'ont jamais été verrouillées, Rimbus sort des statistiques solides…
Autrement, Solveig médite sur les lendemains de fêtes, et Lucia Mel sur les éclipses…
15 commentaires:
tu m'as bien fait rire, y'a des moments je me demande où qu'tu trouves ton inspiration ;-)
C'est vrai qu' une crisiere sur le méthanier de Bolloré ,c'est classe,classe affaire même.
une croisiere, c'est mieux :
Sinon, affligeante autant la maniere de s'exprimer de notre cher president, mais surtout la réponse de Chatel,
Il vaut fermer sa gueule et passer pour un con que de l'ouvrir et de ne laisser aucun doute à ce sujet.
Je cause couramment l'amphigourique, je suis d'un naturel multiréitérant.
Isabelle,
au même endroit que toi ;-)
Fidel,
je crois que Chatel était obligé de répondre tôt ou tard à une question écrite de député, qui a été publiée au journal officiel…
Oblomov,
ah, y a pas de mal ! J'ai des amis aussi qui le sont faut voir dans le journal si ça roule.
Pas encore lu le billet. Juste une précision sur l'introduction : avant de bloguer, je m'intéressais beaucoup au fonctionnement de l'Assemblée Nationale (plus le temps maintenant). C'est très fréquent que les "questions écrites" restent des mois, voire des années sans réponse. L'intérêt repose d'ailleurs plus souvent dans la question que dans la réponse, ça permet à un obscur député de laisser une trace.
J'ai lu, ça y est. Rien a ajouté, le langage du monsieur étant encore plus affligeant que le style littéraire de mes blogs.
ce billet est un pur régal, merci! le coup du méthanier c'est vraiment une bonne idée : qui a dit qu'en france on avait pas de pét(role) mais de quoi le remplacer?
ce président est non seulement incompétent, mais bourré de tics, de névroses et d'un naturel que je qualifierais de "beaufitude" (pour rester poli);
rien d'étonnant donc à ce que le bon petit soldat Chatel monte au front : la défense ne peut être qu'adaptée à la dimension du personnage, c'est à dire ridicule.
j'adore lire Sarko dans le texte, je l'entends, je le vois. Un pur bonheur de bêtise, une grave déconvenue démocratique...
Suis comme beaucoup ... n'attendant rien de Sarko (rien d'agréable je veux dire), je ne suis pas déçue ... ni étonnée.
L'émerveillement, ç'aurait été qu'il m'oblige à revenir sur mon opinion négative ...
Boudiou, que je me sens vieille en disant ça !
Je n'ai pas de mal à imaginer que le type pense comme il s'exprime. Alors dans sa tête, ça doit être un vrai boxon.
Certaines décisions émanant du Ministère de l'Education Nationale sont plus qu'amphigouriques... Je n'en dirai pas plus...
Nicolas,
merci de cette précision sur les questions écrites, je ne savais pas qu'elles pouvaient ne pas recevoir de réponse. C'est une anomalie.
Toff,
tout le mérite de l'innovation lui revient, bien entendu, je n'y suis pour rien.
Par ailleurs, il y a une grosse contradiction dans son assurance que la durée de vie s'allongeant, on voudra voyager plus, et le fait qu'il veut nous faire travailler plus longtemps…
Philippe,
oui, je trouve que ses propos dépouillés de toute la gestuelle qui les accompagne et les éclaire un peu (mais souvent simple redondance), gagnent à être lus. C'est atterrant.
Solveig,
pour l'étonnement, tu devrais peut-être regarder les vidéos de Libé sur ses exercices à l'imparfait du subjonctif, ou "la" citation latine…
Captainhaka,
tu es cruel !
Epamin'
dommage, on aurait aimé savoir lesquelles, hi hi !
Ce n'est pas que les questions écrites puissent être sans réponse qui est une anomalie (enfin si, c'est un déficit de démocratie), c'est que les députés puissent en abuser pour faire croire qu'ils sont importants en interrogeant un ministre sur les subventions pour la construction d'un rond point pour desservir une charcuterie industrielle d'un gugusse qui finance la campagne...
La démocratie n'est pas facile... Et vive la proportionnelle intégrale pour que les enjeux locaux ne fassent pas la politique nationale...
Nicolas,
vu comme ça, ce sont les deux parties qui créent le déficit de démocratie, en effet.
Enregistrer un commentaire