Franchement, il fait trop chaud pour bloguer. Et puis, tout aussi
franchement, rien ne m'inspire, ni la victoire annoncée d'Eva Joly dans
le camp écolo, qui me fait plaisir, ni la hausse du prix de l'essence
devant laquelle tout le monde va s'écraser, comme toujours, ni la
domination de François Hollande dans les sondages, ni la sympathie qui
monte pour Montebourg… Tout le reste non plus, ce qui vous aura passionné peut-être ; alors que reste-t-il pour écrire un billet pas trop fatiguant ? La rumeur,
bien sûr ! J'en avais déjà fait un sur ce thème le 8 avril 2010,
l'occasion me semble idéale pour le recycler en bon citoyen
éco-responsable.
La rumeur
«La rumeur est une bestiole sans yeux, sans antennes, sans odorat ni ailes, sans pattes ni quoi que ce soit de moustaches pour aller de l'avant, de l'arrière ou de côté. Et pourtant elle trotte à travers champs, court les chemins, les rues, les villes. Il y a des gens qui disent que la rumeur est méchante, et d'autres qui la croient inoffensive, parce qu'elle a mauvaise haleine et qu'on la sent venir de loin.
La rumeur est une bestiole utile pour faire les articles, les billets, les images, et aussi pour rire à la cuisine, au salon, et dans la salle à manger —et encore pour les tartines de mots, les dessins, les sketchs rigolos, les discours et tout le reste.
Il y a des rumeurs géantes qui font du dégât, mais le plus souvent, la rumeur est moins grosse qu'une baleine ou un chameau, plus petite qu'une vache, un écureuil, ou même une crotte de mouche.
Quelquefois, la rumeur vous saute à la figure au petit déjeuner, en ouvrant le journal où elle se cachait. Si c'est une rumeur gentille, vous la gardez au chaud dans le creux du cou en caressant du mieux que vous pouvez son absence de réalité.
Mais il arrive que l'on traîne une rumeur avec soi sans le savoir, comme un poisson d'avril accroché dans son dos. Elle vous suit partout: au début vous ne comprenez pas pourquoi il flotte une odeur désagréable autour de vous. Le plus souvent, cependant, la bestiole est agressive et finit par vous mordre. C'est alors qu'il faut garder son sang froid, s'abstenir de gesticuler, ou de pousser des cris furieux, car cet animal se nourrit d'agitation et croît énormément dans le vacarme.
Cette situation de vulnérabilité extrême s'appelle être enrumé, ce qui est plus grave que l'état d'enrhumé, certes, mais non désespéré. Vous pouvez, si vos moyens le permettent, faire appel à un dompteur de rumeur, mais le plus sûr et le plus économique c'est d'attendre qu'elle s'endorme, se détache de vous et choit à terre dans l'indifférence.»
P-S: j'ai publié et supprimé ce billet 2 fois avant de parvenir à le terminer. La troisième sera peut-être la bonne. La faute incombe à la chaleur d'abord, puis à la nouvelle interface de blogger dont le bouton "Associer" est trop proche de "Publier"…
12 commentaires:
bon portrait de cette sale bête :-)
Moi qui n'ai aucune mémoire, je me rappelle de ton billet sur la rumeur...
La nouvelle interface de blogger est très bien mais elle a deux ou trois petits défauts qui irritent !
Le scorpion n'est pas une sale bête, j'en trouve souvent chez moi en été. Il suffit juste d'accrocher des brins de lavande aux fenêtres. Ceux de Provence ne font pas de mal. (faut juste faire attention, vider ses pompes avant de les enfiler si elles ont passé la nuit dehors et ne pas mettre la main sous les vieilles pierres.
Excellent billet.
Je me suis laissé avoir par le lien dynamique.
Faudrait peut-être appeler un exorciste pour la réduire à néant.
Ce qui me terrifie avec cette rumeur, c'est qu'elle est souvent immortelle.
Et quoi qu'on fasse, elle renait toujours à point nommé.
Même écrabouillée, la rumeur possède une méchante particularité : il en reste toujours quelque chose !
Iboux,
mercix :-)
Nicolas,
mince, alors c'est flatteur.
J'ai cru devenir dingue ce soir avec ce billet. Le bouton des liens est trop proche de celui pour publier, et en étant en sueur, pressé d'aller prendre l'air…
Captainhaka,
je n'aime pas les scorpions, rien à faire… Même aussi inoffensifs qu'une grosse guêpe. Il y en a ici aussi bien sûr, mais heureusement pas autant qu'autrefois dans la maison même. Faire gaffe aux chaussures restées un peu trop oubliées, gaffe au bois mort pour la cheminée, l'hiver, gaffe aux pierres… Et puis gaffe à leur mode de déplacement rapide favori : se laisser tomber d'une poutre par exemple.
Quant à la rumeur, c'est vrai que sa fausseté n'est jamais totalement démontrée. Il restera toujours des gens qui doutent et qui feront survivre la rumeur.
Cui cui,
j'espère que le lien dynamique ne t'aura pas troublé, parce que les circonstances ont fait que j'étais de plus en plus NRV par mes ratages au moment de faire les liens. À la fin, j'ai placé le tien et celui de "Perdre la raison" à la va vite, et puis renoncé à lier d'autres blogs. Ce qui ne m'a pas empêché d'oublier le titre.
"mais le plus sûr et le plus économique c'est d'attendre qu'elle s'endorme, se détache de vous et choit à terre dans l'indifférence"
Excellent ! Tout est dit.
Votre première phrase m'a laissé songeur : ici, en Normandie, on met encore une demi-heure de chauffage dans la salle de bain, le matin, avant de pouvoir prendre les douches…
Quelqu'un que je croyais une amie, m'accablait depuis des mois de mails colportant des rumeurs.
L'ai mise aux indésirables ... où elle a chu, dans l'indifférence.
Ne suis plus enrumée et m'en porte mieux.
Bonne journée Coucou.
Romain,
c'est plus facile à dire qu'à faire, voilà le hic ! Être l'objet de médisances doit mettre les nerfs à rude épreuve, et l'on peut craindre que laisser dire revienne à légitimer la rumeur.
Didier,
mes souvenirs de lecture chez vous me font penser qu'en Normandie, l'été se fait attendre presque chaque année. Vous aviez illustré un billet avec une photo d'un feu de cheminée, notamment…
Ici, ce n'est pas encore la canicule, puisque altitude (modeste) aidant, les nuits sont encore fraîches, mais la température monte vite et haut avec le soleil —un mini-sahara pour moi.
Solveig,
ces mails qui véhiculent tout et n'importe quoi sont une plaie. Il y a des gens qui font suivre systématiquement toutes les bêtises qu'ils reçoivent, je veux croire qu'ils n'y adhèrent pas réellement.
Bonne journée !
Didier,
un feu dans votre cheminée, évidemment…
En effet, c'est à peu; près comme ça tous les ans. Et à chaque fois on fait quand même les étonnés…
(Pour le feu, ça m'étonne, car notre maison est dépourvue de cheminée…)
Didier,
il doit pourtant y avoir dans vos archives un billet où vous vous plaigniez d'un froid anormal, illustré par un feu de bois…
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