La bataille fait rage, les défenseurs de Sarkozy écument. On sent toutes les forces du pouvoir se tendre pour tenter d'enrayer l'effondrement du régime sous le poids des scandales. Les politiques, surtout quand ils tiennent le pouvoir, sont coriaces, en particulier dans notre pays. Et pourtant, on sent qu'existe bel et bien l'éventualité que Nicolas Sarkozy n'aille pas au bout de son mandat. Cela ne serait un sujet d'étonnement que pour ceux qui n'ont pas compris à quel point la personnalité de cet homme fait injure à la fonction présidentielle. Une erreur collective, comme on peut en recenser quelques unes dans notre histoire républicaine.
Il est pourtant encore debout, et s'il ne s'expose guère pour le moment en première ligne de la contre-offensive de ses troupes, on devine qu'il s'emploie à les galvaniser. Les fidèles partisans tonnent à pleine voix tel Frédéric Lefebvre qui, à son habitude, réussirait à faire rire les morts s'ils le lisaient —en l'occurrence feu Émile Zola, dont on ne sait s'il emporta ses lorgnons dans la tombe. M. Guéant ne craint pas d'affirmer que «la vérité est rétablie», croyant sans doute que le revirement ciblé de l'ex-comptable de Mme Bettencourt constitue un fait déterminant. Et bien entendu, la presse de droite est à l'unisson: du Figaro au Point, tous les titres en ligne s'efforcent d'accréditer l'idée que les accusations de Mediapart sont fausses.
C'est oublier un peu vite, surtout de la part de titres réputés, qu'un journaliste expérimenté ne se risque pas à «romancer» les propos potentiellement explosifs de ses informateurs. Ne pas confondre presse People et presse d'information! Quand Fabrice Lhomme, de Mediapart, maintient l'intégralité de ce qui est dit dans son article, et par conséquent que M. Sarkozy aurait, selon la comptable, bénéficié des libéralités des Bettencourt, on le croit.
Que cette dame se soit tardivement affolée de l'importance prise par ses révélations n'est pas étonnant: le réflexe de protection est humain, et l'héroïsme rare. Comprendre qu'elle se dressait, seule et sans force, contre la formidable puissance du pouvoir avait de quoi l'effrayer.
Néanmoins, tous les journaux ne sont pas de droite, ni même disposés à reproduire aveuglément les accusations d'infamie des amis de MM. Sarkozy et Woerth. Ainsi Le Monde relève-t-il que la comptable «demeure très accusatrice», et l'on retrouve dans l'énumération des invités des Bettencourt à Neuilly, les noms d'Éric Woerth et Nicolas Sarkozy… «Il y avait des enveloppes qui étaient remises […] à des politiques», répète-t-elle.
En conclusion, les relations choquantes entre le monde de l'argent et le président restent au premier plan. M. Sarkozy survivra peut-être politiquement jusqu'à la fin de son mandat, si la peste du woerthgate ou le choléra du karachigate ne l'emportent pas. En revanche, Il paraît aujourd'hui bien improbable qu'il ressuscite pour un autre quinquennat. C'est une bonne nouvelle.
P-S via PMA et Julien, voici un récapitulatif du Parti Socialiste sur l'affaire Woerth, à travers Pearltrees
Il est pourtant encore debout, et s'il ne s'expose guère pour le moment en première ligne de la contre-offensive de ses troupes, on devine qu'il s'emploie à les galvaniser. Les fidèles partisans tonnent à pleine voix tel Frédéric Lefebvre qui, à son habitude, réussirait à faire rire les morts s'ils le lisaient —en l'occurrence feu Émile Zola, dont on ne sait s'il emporta ses lorgnons dans la tombe. M. Guéant ne craint pas d'affirmer que «la vérité est rétablie», croyant sans doute que le revirement ciblé de l'ex-comptable de Mme Bettencourt constitue un fait déterminant. Et bien entendu, la presse de droite est à l'unisson: du Figaro au Point, tous les titres en ligne s'efforcent d'accréditer l'idée que les accusations de Mediapart sont fausses.
C'est oublier un peu vite, surtout de la part de titres réputés, qu'un journaliste expérimenté ne se risque pas à «romancer» les propos potentiellement explosifs de ses informateurs. Ne pas confondre presse People et presse d'information! Quand Fabrice Lhomme, de Mediapart, maintient l'intégralité de ce qui est dit dans son article, et par conséquent que M. Sarkozy aurait, selon la comptable, bénéficié des libéralités des Bettencourt, on le croit.
Que cette dame se soit tardivement affolée de l'importance prise par ses révélations n'est pas étonnant: le réflexe de protection est humain, et l'héroïsme rare. Comprendre qu'elle se dressait, seule et sans force, contre la formidable puissance du pouvoir avait de quoi l'effrayer.
Néanmoins, tous les journaux ne sont pas de droite, ni même disposés à reproduire aveuglément les accusations d'infamie des amis de MM. Sarkozy et Woerth. Ainsi Le Monde relève-t-il que la comptable «demeure très accusatrice», et l'on retrouve dans l'énumération des invités des Bettencourt à Neuilly, les noms d'Éric Woerth et Nicolas Sarkozy… «Il y avait des enveloppes qui étaient remises […] à des politiques», répète-t-elle.
En conclusion, les relations choquantes entre le monde de l'argent et le président restent au premier plan. M. Sarkozy survivra peut-être politiquement jusqu'à la fin de son mandat, si la peste du woerthgate ou le choléra du karachigate ne l'emportent pas. En revanche, Il paraît aujourd'hui bien improbable qu'il ressuscite pour un autre quinquennat. C'est une bonne nouvelle.
P-S via PMA et Julien, voici un récapitulatif du Parti Socialiste sur l'affaire Woerth, à travers Pearltrees
10 commentaires:
J'aime à penser aussi qu'une nouvelle candidature de NS ne soit possible... C'est improbable mais pas impossible, en tout cas les affaires finiront bien par le rattraper...
Stef, en politique rien n'est impossible, il peut se rétablir, en effet, mais franchement aujourd'hui cela paraît vraiment difficile.
lorsqu'un curé, lors d'une confession veut vous convaincre de faire des sacrifices, de souffrir vaillamment, et vous soutient que les derniers seront les premiers, on veut bien le croire parce qu'il porte la parole de dieu, et que dieu est irréprochable, mais si vous doutez du messager, comment pourriez-vous croire dans le message ?
j'ai loupé ma vocation ;-)
et merci pour le lien !
la difficulté de sarkozy est plutôt de trouver des ministres potentiels et même les boîtes d'intérim auront du mal à l'aider.
il sera réélu sans problèmes.
@unouveaucompte
Je me demande comment on peut la soutenir afin que la justice puisse faire son travail (voir mon blog)
Je passais prendre mon enveloppe.
Sœur Isabelle, amen! :-)
Unnouveaucompte, pas sûr: il y aurait des candidats même pour une semaine de durée, je parie!
Aliciabx, ben oui, comment la soutenir, sans la pendre?
Mtislav, ici on passe déposer son enveloppe, pas la prendre! Reviens donc dans la journée.
"Il paraît aujourd'hui bien improbable qu'il ressuscite pour un autre quinquennat."
Ne soyons pas trop optimistes...
L'UMP tout entier ne se laissera pas entraîner au fond de l'abîme par ce qui est convenu d'appeler " les sarkozystes " . Ce parti ne pourra pas prendre le risque de se présenter en 2012 avec un candidat à 25% d'opinions favorables et en pleine tourmente morale - n'oublions pas le caractère spécifique des sympathisants de droite - . Les élus de droite ne voudront pas risquer de perdre leur position dans leurs fiefs et je trouverai tout à fait normal et compréhensible qu'ils soient les premiers à vouloir dévisser la statue du chef tombé en disgrâce. Le pire pour cet exécutif est à craindre dans son propre camp et non de l'opposition. Le navire va être sabordé bientôt.
Nicolas, je ne sais pas si c'est une question d'optimisme. Dans un pays évolué, il serait déjà mort politiquement. Je crois que même en traînant des pieds, la France change aussi…
Captainhaka,
c'est vrai que les députés ne sont pas suicidaires, mais théoriquement, la présidentielle est encore à distance, et Sarkozy conserve l'arme de dissuasion absolue contre la mutinerie de ses troupes: la dissolution.
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