Tout lui avait réussi jusque là, dans la carrière politique, mais comme cela arrive à ceux qui ont pour dessein de se servir avant de servir le pays, les choses tournent mal avant terme. On ne sait quelle trajectoire Nicolas Sarkozy avait espéré de son séjour au sommet de la république, mais on peut l'imaginer. Un premier mandat pour réformer la société, selon les conceptions qui s'échangent entre nantis dans les buffets mondains —l'équivalent de la politique au comptoir du Café du commerce. Et surtout modeler les institutions et les habitudes à son désir d'autorité. De ses prédécesseurs, M. Sarkozy a hérité l'idée fausse que le peuple français aime avoir un monarque électif à sa tête. En réalité, nous haïssons profondément ces bâtards de l'Ancien Régime et de la République dès que l'arrogance les gagne, mais nous ne vivons pas en démocratie et nous n'avons aucun moyen de corriger nos erreurs après coup.
Sans doute Nicolas Sarkozy voyait-il ce premier quinquennat comme l'étape nécessaire pour nettoyer son régime de tout ce qui pouvait lui faire de l'ombre ou constituer une menace? Côté Assemblée Nationale, il pouvait dormir en paix: sa majorité n'était qu'un troupeau docile, tenu qu'elle est en respect par la crainte d'une dissolution. À l'accroissement de ses prérogatives présidentielles, il ajouta par contre l'abaissement de la justice.
Certes, l'œuvre de mise au pas de celle-ci n'est pas encore achevée, mais par la seule annonce de sa volonté de supprimer le juge d'instruction, il a réussi à ce que ce gêneur s'il en est dans les affaires délicates, soit tenu pour mort avant l'heure. Le Pôle financier semble devenu léthargique, et, par exemple, dans les scandales gigognes autour de la famille Bettencourt, c'est le procureur qui mène les enquêtes à sa guise. Il faut entendre à la guise du chef de l'état, puisque le procureur en plus d'être un ami de M. Sarkozy, reçoit des instructions du gouvernement.
Aujourd'hui tout le monde sait cela, y compris que le procureur Courroye est cité dans les enregistrements Bettencourt, et que cela suffirait en principe pour qu'un juge d'instruction, indépendant du pouvoir, lui demande des explications dans son cabinet. M. Courroye ne devrait pas mener l'enquête, mais être entendu comme témoin dans celle-ci. Nous assistons presque à l'inverse, et la Maison Sarkozy, qui tire les ficelles de tout ceci, se comporte comme si sa volonté d'en finir avec les juges d'instruction était déjà inscrite dans la loi. C'est en soi une manœuvre aussi grave que toutes les enveloppes d'argent dont il a été question, et que les soupçons de complaisance envers la fraude fiscale de la milliardaire.
Nicolas Sarkozy se voyait sans doute aborder, en 2012, un second quinquennat avec le terrain républicain définitivement déblayé pour régner sur le pays comme plus personne n'avait pu le faire depuis la chute du Second Empire. Pas de chance, il ne sera bientôt plus que l'infortuné président des Français, après le désastre de Bettencourt *, et nul ne peut prévoir s'il terminera son mandat.
Un appel «pour une justice indépendante et impartiale», relayé par Mediapart voit affluer les signatures: il y manque peut-être encore la vôtre?
*(Philippe VI de Valois et les morts de Crécy me pardonneront cet emprunt à l'histoire tiré par les cheveux)
Sans doute Nicolas Sarkozy voyait-il ce premier quinquennat comme l'étape nécessaire pour nettoyer son régime de tout ce qui pouvait lui faire de l'ombre ou constituer une menace? Côté Assemblée Nationale, il pouvait dormir en paix: sa majorité n'était qu'un troupeau docile, tenu qu'elle est en respect par la crainte d'une dissolution. À l'accroissement de ses prérogatives présidentielles, il ajouta par contre l'abaissement de la justice.
Certes, l'œuvre de mise au pas de celle-ci n'est pas encore achevée, mais par la seule annonce de sa volonté de supprimer le juge d'instruction, il a réussi à ce que ce gêneur s'il en est dans les affaires délicates, soit tenu pour mort avant l'heure. Le Pôle financier semble devenu léthargique, et, par exemple, dans les scandales gigognes autour de la famille Bettencourt, c'est le procureur qui mène les enquêtes à sa guise. Il faut entendre à la guise du chef de l'état, puisque le procureur en plus d'être un ami de M. Sarkozy, reçoit des instructions du gouvernement.
Aujourd'hui tout le monde sait cela, y compris que le procureur Courroye est cité dans les enregistrements Bettencourt, et que cela suffirait en principe pour qu'un juge d'instruction, indépendant du pouvoir, lui demande des explications dans son cabinet. M. Courroye ne devrait pas mener l'enquête, mais être entendu comme témoin dans celle-ci. Nous assistons presque à l'inverse, et la Maison Sarkozy, qui tire les ficelles de tout ceci, se comporte comme si sa volonté d'en finir avec les juges d'instruction était déjà inscrite dans la loi. C'est en soi une manœuvre aussi grave que toutes les enveloppes d'argent dont il a été question, et que les soupçons de complaisance envers la fraude fiscale de la milliardaire.
Nicolas Sarkozy se voyait sans doute aborder, en 2012, un second quinquennat avec le terrain républicain définitivement déblayé pour régner sur le pays comme plus personne n'avait pu le faire depuis la chute du Second Empire. Pas de chance, il ne sera bientôt plus que l'infortuné président des Français, après le désastre de Bettencourt *, et nul ne peut prévoir s'il terminera son mandat.
Un appel «pour une justice indépendante et impartiale», relayé par Mediapart voit affluer les signatures: il y manque peut-être encore la vôtre?
*(Philippe VI de Valois et les morts de Crécy me pardonneront cet emprunt à l'histoire tiré par les cheveux)
6 commentaires:
Dire que j'ai gâché des années de ma vie pour un président qui ne me plaisait pas, qui n'était pas mon genre !
Les deux premiers paragraphes sont des plus lucides.
TRès bon billet.
De plus en plus, dans ses réformes, le petit Président s'identifie à Napoléon... Mais au lieu de créer, il détruit, et il ne laissera pas aux Français le meilleur souvenir de la Ve République.
Vivement 2012, que le peuple s'exprime avant qu'il ne soit trop tard !
De tout temps hélas, le pouvoir a toujours essayé de manipuler la justice, en nommant des proches à des postes clés pour accélérer, ralentir voire enterrer certaines affaires.
Une menace pèse sur l'Aide juridictionnelle et c'est aussi grave, en tout cas, c'est pour bientôt...
Bonjour M le Coucou et bravo pour votre lucidité : quelle tristesse en effet de voir ce que peut produire de pire notre système dit "électif" , un véritable monarque qui est aveuglé, qui ne reconnaît plus par qui et pour quoi il a été élu. L'Histoire nous a maintes fois montré que ça se finit toujours assez mal hélas-je le déplore.
Car pendant ce temps c'est le peuple qui souffre, pas ses dirigeants.
Merci également pour la pétition que j'ai signé avec fierté mais aussi lucidité : cela suffira-t-il pour infléchir ce qui ressemble de plus en plus à une véritable tentative d'étouffement, de contournement de la justice, par des moyens de plus en plus HONTEUX? J'en doute aussi assez fortement.
Seule la presse et les journalistes indépendants (et dans une certaine mesure la blogosphère) peuvent et doivent continuer à "maintenir la pression" pour que ces basses manœuvres cessent, que la justice soit enfin rendue. A l'heure des vacances, il est crucial que les Français ne soient pas maintenus dans l'ignorance et les contre feux de toutes sortes.
Pour qu'à la rentrée, si cette mascarade se poursuit, nous puissions passer à la vitesse supérieure. Enfin ,c'est mon souhait (un vœu pieux?)
Odette,
le pire, c'est que j'ai oublié de revenir lire plus attentivement! Signé: Ferdinand.
Jazzman, merci pour eux. ;-)
Homer,
vivement 2012, en effet ! C'est bien loin encore…
Des pas perdus,
au départ, hier, j'avais pensé parler justement des menaces sur l'aide judiciaire, et puis en cours de route, mon propos s'est verrouillé…
Toff,
c'est la constitution de la Ve qui est en cause. C'est elle qui a permis ces dérives, qui de président en président se sont aggravées. Un rêve, mais peut-être inaccessible, serait une 6e République, avec un président renvoyé aux chrysanthèmes, et l'instauration du référendum d'initiative populaire…
Enregistrer un commentaire