jeudi 29 juillet 2010

Tiens, il y a une ministre de la Justice

Michèle Alliot-Marie est intervenue dans une tribune du Monde pour défendre l'honneur de sa justice. Celle qui, placée sous le contrôle du président, s'expose chaque jour ou presque au mépris des Français. Parce qu'il n'a jamais été aussi évident qu'il y a désormais deux justices dans ce pays. L'une qui fonctionne pour résoudre les problèmes des gens ordinaires, comme vous et moi qui la connaissons mal, et qui juge, suppose-t-on en toute indépendance. L'autre qui veille dans l'ombre à la protection du pouvoir et de ses amis.

C'est la réputation de la seconde que la ministre prétendait restaurer, la mêlant à la justice commune, et réfutant de fait une dichotomie que nul n'ignore plus. Il est vrai qu'il est presque impossible d'en délimiter les contours indécis. Les lignes en ont été tracées par des coups d'échecs complexes, débutés avant même l'élection de Nicolas Sarkozy, au gré de nominations-promotions verrouillant les affaires que l'on pressentait à venir.

Mme Alliot-Marie prend de haut la dénonciation d'une justice aux ordres, mais peut-on qualifier autrement une justice dans laquelle un procureur, ami notoire de Nicolas Sarkozy, placé sous l'autorité du gouvernement, confisque littéralement un dossier compromettant pour le président? Dans une république digne, où la séparation des pouvoirs serait respectée, un homme sans reproche s'interdirait pour commencer de diriger l'enquête sur une affaire concernant de près ou de loin un ami. À plus forte raison lorsqu'il se trouve lui-même mêlé d'obscure manière à certains détails de cette affaire, comme c'est le cas pour le procureur Courroye dont le nom apparaît dans les enregistrements effectués chez Mme Bettencourt. Que dire des entraves infligées par le même procureur au travail d'une juge indépendante, dans un autre aspect du dossier?

Un jour, peut-être verrons-nous avec étonnement M. Courroye inculper, ou mettre contre toute attente sur la sellette d'autres gens que des lampistes. On ne pourra s'empêcher d'y voir davantage un sursaut d'orgueil que l'effet d'une conscience irréprochable. Il aura tout de même contrecarré la marche d'une justice sereine et impartiale.

P-S, crime dans la blogosphère: @intox2007 a tué @Dagouik !

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Alliot-Marie-baton-dans-l'cul ne veut plus qu'on critique le drapeau français, punissant de 1500 E toute attaque, et même si elle se trouve être une simple satire, et pire, en privé.
Il est clair que le joyeux monde qu'ils nous préparent et vers lequel ils cherchent tous à nous diriger, sent sacrément mauvais.
@intox2007 a eu sacrément raison d'assassiner @Dagrouik, je crois.
Elle est où la vidéo-surveillance, histoire que je lui montre mon cul ? Que je lui cadre bien mon fion, à Alliot-Marie ?
(quand l'Etat et les entreprises privées se mettent à la colle pour vous restreindre la liberté...)

Homer a dit…

Elle peut dire ce qu'elle veut, on est pas aveugles (comme la justice doit l'être).

toff de aix a dit…

Cette tronche de première-de-la-classe a bien la tête de l'emploi: rigide, droite, hautaine, sévère... elle me fait penser à ma prof de maths du collège, j'en ai encore des cauchemars vingt ans après!
Il paraît même que c'est une des "personnalités de droite préférées des Français"...je rajouterais "des Français de droite" ou plutôt "des retraités qui votent à droite" parce que pardon, mais c'est vrai, avec un tel berger, les moutons sont rassurés ils peuvent brouter tranquilles jusqu'à ce qu'on les conduise à l'abattoir.

Stephane a dit…

Mme Alliot-Marie prend de haut la dénonciation d'une justice aux ordres, mais peut-on qualifier autrement une justice dans laquelle un procureur, ami notoire de Nicolas Sarkozy, placé sous l'autorité du gouvernement, confisque littéralement un dossier compromettant pour le président?

Cela sera surement plus difficile après tout cela de supprimer le juge d'instruction, il faut l'espérer...

Nicolas Jégou a dit…

Comme je le disais chez Elmone (je crois), Madame Alliot Marie pourrait être la prochaine Première Ministresse, histoire de redorer l'image du gouvernement...

Le coucou a dit…

Mike,
si N. Sarkozy repasse en 2012, on peut s'attendre à du pire, oui.

Homer,
mais sera-t-elle entendue, par contre? On n'est pas sourds ;-)

Toff,
ce qui m'amuse quand je l'entends, c'est qu'elle a pris une façon de s'exprimer oralement proche de celle de Chirac, son premier maître. C'était très courant autrefois, la cour avait tendance à parler comme le président… Mais personne n'imite N. Sarkozy…

Steff,
ben oui, elle le prend de haut, mais avait-elle un autre choix, en étant ministre de la justice de ce gouvernement? En fait, je trouve qu'elle a un peu traîné à s'exprimer solennellement, dans une laborieuse langue de bois.

Nicolas,
c'est vrai qu'elle a le profil, mais la confiance de Sarkozy, c'est autre chose…