Le moment venu, il faudra qu'un barde doué pour le poème de circonstance compose Le Tombeau de Frédéric Lefebvre —d'un naturel pacifique, je conviens que cela peut attendre… Cependant, un tel homme mériterait qu'une souscription soit lancée sans tarder, afin d'installer au palais Bourbon un buste de bronze doré à son effigie. Jamais avant lui, l'art de la parole politique n'avait était porté à un tel niveau de provocation, jamais un parlementaire n'avait fait preuve d'une telle inventivité associée à si bel entrain. Pas un jour ne s'écoule sans que M. Lefebvre ne produise une perle, attaque, invective, interprétation échevelée, proposition susceptible de faire hurler l'ennemi. Car M. Lefebvre n'a pas d'adversaires, mais des ennemis contre lesquels tous les coups sont permis: l'opposition en général et le Parti Socialiste en particulier.
Sa dernière inspiration l'a ainsi amené à présenter un amendement à la proposition de loi UMP sur le prêt de main-d'œuvre entre entreprises, en cours d'examen par les députés. Il s'agirait de «permettre aux salariés qui en feraient la demande», de travailler chez eux pendant un arrêt de travail consécutif à une maladie ou un accident. Les congés maternité et parental seraient également concernés…
L'amendement, repoussé par la commission des affaires sociales, sera néanmoins présenté au vote des députés prochainement. Dans l'intervalle, il aura fait beaucoup parler de lui —l'opposition de ne peut tout de même pas ne rien dire—, ce qui est le but principal des trouvailles du bonhomme. Frédéric Lefebvre est là pour exciter la gauche, la faire paraître sans cesse sur la défensive, et donc si possible en position de faiblesse devant l'opinion.
À gauche, ils n'ont pas encore trouvé de patou en mesure de rivaliser avec ce pitbull là. Benoît Hamon, porte-parole du PS, semble trop gentil dans le rôle, et en tout cas, il n'a pas encore trouvé un rythme d'attaques équivalent à celui de F. Lefebvre. Il est vrai que celui-ci disposerait, dit-on, d'une équipe de gagmen à son service afin de n'être jamais à court de déclarations hilarantes. Le PS devrait se mettre au diapason et constituer d'urgence une petite meute talentueuse…
Ceci dit, il est incertain que cette fois, M. Lefebvre ne se soit pas fourré dans un mauvais cas. L'homme est suractif à l'image de son idole présidentielle, mais très souvent brouillon et maladroit. Ainsi, son amendement pourrait mettre en lumière les divisions sourdes de l'UMP, lorsqu'il sera débattu. Il se trouvera bien des députés de la majorité pour trouver moral de faire bosser les femmes enceintes ou les malades chez eux, et d'autres pour s'y opposer…
L'idée de M. Lefebvre c'est que les salariés et les employeurs aient recours au télétravail, ce qui théoriquement semble limiter l'application de son projet aux emplois de bureau et aux personnes disposant d'un équipement informatique privé. Rien ne dit toutefois qu'il n'existe pas des activités manuelles que l'employé pourrait exercer chez lui —tenez, tailleur de pierres par exemple: il suffirait que le patron fasse livrer chaque matin quelques parpaings à domicile.
Outre qu'il est particulièrement immoral d'encourager une personne malade ou ayant besoin de repos à travailler, en lui faisant miroiter un meilleur salaire, on sait ce que deviendrait bientôt sa prétendue liberté de choix… Sous la pression des employeurs, le congé maladie travaillé se transformerait vite en obligation! Que ce genre d'idée ait pu germer dans le cerveau de Frédéric Lefebvre, chien fidèle à son maître , en dit long sur le régime politique qui nous est imposé.
En attendant son buste d'airain, voici déjà en hommage au brave homme un petit extrait du Tombeau de Charles Beaudelaire:
PS: Les éditions Filaplomb, au terme de leur concours, publient une BD de Marcel Uderzo, et Barberousse nous offre, via PMA, une perle pour voyager dans la chaîne de l'anonymat…
Sa dernière inspiration l'a ainsi amené à présenter un amendement à la proposition de loi UMP sur le prêt de main-d'œuvre entre entreprises, en cours d'examen par les députés. Il s'agirait de «permettre aux salariés qui en feraient la demande», de travailler chez eux pendant un arrêt de travail consécutif à une maladie ou un accident. Les congés maternité et parental seraient également concernés…
L'amendement, repoussé par la commission des affaires sociales, sera néanmoins présenté au vote des députés prochainement. Dans l'intervalle, il aura fait beaucoup parler de lui —l'opposition de ne peut tout de même pas ne rien dire—, ce qui est le but principal des trouvailles du bonhomme. Frédéric Lefebvre est là pour exciter la gauche, la faire paraître sans cesse sur la défensive, et donc si possible en position de faiblesse devant l'opinion.
À gauche, ils n'ont pas encore trouvé de patou en mesure de rivaliser avec ce pitbull là. Benoît Hamon, porte-parole du PS, semble trop gentil dans le rôle, et en tout cas, il n'a pas encore trouvé un rythme d'attaques équivalent à celui de F. Lefebvre. Il est vrai que celui-ci disposerait, dit-on, d'une équipe de gagmen à son service afin de n'être jamais à court de déclarations hilarantes. Le PS devrait se mettre au diapason et constituer d'urgence une petite meute talentueuse…
Ceci dit, il est incertain que cette fois, M. Lefebvre ne se soit pas fourré dans un mauvais cas. L'homme est suractif à l'image de son idole présidentielle, mais très souvent brouillon et maladroit. Ainsi, son amendement pourrait mettre en lumière les divisions sourdes de l'UMP, lorsqu'il sera débattu. Il se trouvera bien des députés de la majorité pour trouver moral de faire bosser les femmes enceintes ou les malades chez eux, et d'autres pour s'y opposer…
L'idée de M. Lefebvre c'est que les salariés et les employeurs aient recours au télétravail, ce qui théoriquement semble limiter l'application de son projet aux emplois de bureau et aux personnes disposant d'un équipement informatique privé. Rien ne dit toutefois qu'il n'existe pas des activités manuelles que l'employé pourrait exercer chez lui —tenez, tailleur de pierres par exemple: il suffirait que le patron fasse livrer chaque matin quelques parpaings à domicile.
Outre qu'il est particulièrement immoral d'encourager une personne malade ou ayant besoin de repos à travailler, en lui faisant miroiter un meilleur salaire, on sait ce que deviendrait bientôt sa prétendue liberté de choix… Sous la pression des employeurs, le congé maladie travaillé se transformerait vite en obligation! Que ce genre d'idée ait pu germer dans le cerveau de Frédéric Lefebvre, chien fidèle à son maître , en dit long sur le régime politique qui nous est imposé.
En attendant son buste d'airain, voici déjà en hommage au brave homme un petit extrait du Tombeau de Charles Beaudelaire:
Le temple enseveli divulgue par la bouche
Sépulcrale d'égout bavant boue et rubis
Abominablement quelque idole Anubis
Tout le museau flambé comme un aboi farouche
[Stéphane Mallarmé]
Sépulcrale d'égout bavant boue et rubis
Abominablement quelque idole Anubis
Tout le museau flambé comme un aboi farouche
[Stéphane Mallarmé]
PS: Les éditions Filaplomb, au terme de leur concours, publient une BD de Marcel Uderzo, et Barberousse nous offre, via PMA, une perle pour voyager dans la chaîne de l'anonymat…
9 commentaires:
je n'aime pas Frédéric Lefevbre. Mais j'aime bien ton billet.
Bonne soirée
FalconHill, je vais finir par l'aimer, cet homme: il m'a donné matière à plusieurs billets…
Bonne soirée et merci!
Pas un buste, une statue entière et de dos pour lui passer la main au cul! C'est vraiment n'importe quoi et pourtant ça existe!
Ce type est un Me Vergès de la politique: un spécialiste de la défense de l'indéfendable...
Et dire qu'il s'est trouvé des gens pour applaudir l'idée de faire bosser des malades et des femmes enceintes, mais chez eux.
Ce qui leur évitera de glander au lieu de s'échiner à gagner des sous pour leur patron...
Feignasses, va.
PS: depuis un autre PC, je peux émettre des commentaires chez toi.
Il y a toujours affichage d'une erreur mais ça veux bien passer quand même.
Il est tout à fait brouillon et manque visiblement de travailler ses dossiers. Ainsi, s'il est question de faire bosser les personnes en arrêt maladie, il ne pose même pas la question : pourront-elles profiter ou non du repos dominical !
:-))
[Et la mécano, on lui amène les caisses à domiciles ? :-) ].
Macao,
il a renoncé depuis, mais la démarche reste curieuse: un ballon d'essai?
le-gout-des-autres,
il s'efforce de créer sans cesse l'événement qui déstabiliserait l'opposition, c'est tout…
Mais il commence à gêner au sein de son propre camp!
PS: pour les commentaires, je n'y comprends rien, et personne ne semble avoir d'explication. As-tu essayé de virer les cookies, vider le cache du navigateur?
M.Poireau,
observation pertinente! Mais je suppose que la réponse se trouve dans le projet de loi pour instaurer enfin le travail du dimanche…
(la mécano, pourquoi pas?)
je vais d'abord voir si ça marche sans toucher à quoique ce soit.
le-gout-des-autres: vider le cache ne présente aucun inconvénient, les cookies, tu peux avoir à rentrer à nouveau tes identifiants sur certains sites, c'est tout.
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