À la Maison de la Culture de Grenoble se tient actuellement le forum: «Réinventer la démocratie». Ce matin, Pierre Rosanvallon éminent professeur au Collège de France, et président de «La République des Idées» qui organise ce forum, était l'invité de France-Inter pour en évoquer le thème. Avec sa belle intelligence et sa grande culture, il a brossé un tableau des divers aspects de la démocratie, s'efforçant d'expliquer l'importance qu'il y aurait de nos jours à la «réinventer». J'ai regretté de ne pouvoir l'écouter de bout en bout sur ce sujet qui me tient à cœur, sans pour autant être satisfait de son approche.
Aucun savoir autorisé n'étaye ma réflexion en cette matière, si ce n'est une aspiration à la démocratie développée au cours de quarante ans dépassés de citoyenneté.
Ainsi que plusieurs billets de ce blog l'ont déjà prétendu, notre régime ne me semble pas justifier le qualificatif de démocratique. Grosso modo, nous vivons depuis la fin de l'ancien régime dans une république représentative, ce qui est déjà bien, mais nettement insuffisant pour que s'exerce réellement la souveraineté du peuple proclamée par nos constitutions successives. Seul l'octroi d'un droit de recours au référendum d'initiative populaire, parallèlement à l'existence d'Assemblées d'élus à tous les échelons de la vie publique, permettrait que cette prétendue souveraineté soit autre chose qu'un leurre. Aujourd'hui, le rejet des hiérarchies, l'exaspération croissante de la population vis à vis du personnel politique, témoigne d'un besoin souvent inconscient, mais réel, de démocratie. Or, à l'évidence, il est vain d'attendre des responsables de l'état, de nos représentants même, qu'ils nous concèdent d'autres pouvoirs que l'électoral. La démocratie ne se donne pas en cadeau, elle se conquiert —et du même coup on comprend que ce n'est pas pour demain! Pour l'obtenir un jour, il faudrait déjà que les citoyens ne négligent pas d'exercer si souvent leur droit de vote.
Tenez, aux élections européennes, par exemple, que l'on nous annonce devoir battre les précédents records d'abstention. Voter pour les grands partis en présence, le PS, les Verts, la gauche, selon mon cœur —les Bretons, j'hésite—, se traduit par une réelle influence sur la marche des choses en Europe. Là aussi, aucun des chefs d'états qui composent celle-ci ne songe réellement à favoriser l'émergence d'un grand représentant de l'Union, élu. Ils défendent jalousement leurs pouvoirs nationaux et se satisfont de marchandages éhontés avec la commission —institution totalement antidémocratique.
Pourtant, le seul contre-pouvoir réellement efficace en Europe est son parlement. Ses décisions ou celles de la Cour de Justice indépendante, retentissent souvent dans notre pays. On vient encore de le voir avec le barrage dressé contre Hadopi par le vote d'un récent amendement. Face à la commission, face aux chefs de gouvernements locaux, le parlement européen campe une légitimité populaire souvent précieuse. Assisterions-nous à un vote massif au mois de Juin, cette légitimité en serait puissamment renforcée, et il est à parier que cela sonnerait comme un coup de canon dans le tout petit monde des confiscateurs de démocratie. Pour arracher un jour la démocratie, il faut déjà voter.
Aucun savoir autorisé n'étaye ma réflexion en cette matière, si ce n'est une aspiration à la démocratie développée au cours de quarante ans dépassés de citoyenneté.
Ainsi que plusieurs billets de ce blog l'ont déjà prétendu, notre régime ne me semble pas justifier le qualificatif de démocratique. Grosso modo, nous vivons depuis la fin de l'ancien régime dans une république représentative, ce qui est déjà bien, mais nettement insuffisant pour que s'exerce réellement la souveraineté du peuple proclamée par nos constitutions successives. Seul l'octroi d'un droit de recours au référendum d'initiative populaire, parallèlement à l'existence d'Assemblées d'élus à tous les échelons de la vie publique, permettrait que cette prétendue souveraineté soit autre chose qu'un leurre. Aujourd'hui, le rejet des hiérarchies, l'exaspération croissante de la population vis à vis du personnel politique, témoigne d'un besoin souvent inconscient, mais réel, de démocratie. Or, à l'évidence, il est vain d'attendre des responsables de l'état, de nos représentants même, qu'ils nous concèdent d'autres pouvoirs que l'électoral. La démocratie ne se donne pas en cadeau, elle se conquiert —et du même coup on comprend que ce n'est pas pour demain! Pour l'obtenir un jour, il faudrait déjà que les citoyens ne négligent pas d'exercer si souvent leur droit de vote.
Tenez, aux élections européennes, par exemple, que l'on nous annonce devoir battre les précédents records d'abstention. Voter pour les grands partis en présence, le PS, les Verts, la gauche, selon mon cœur —les Bretons, j'hésite—, se traduit par une réelle influence sur la marche des choses en Europe. Là aussi, aucun des chefs d'états qui composent celle-ci ne songe réellement à favoriser l'émergence d'un grand représentant de l'Union, élu. Ils défendent jalousement leurs pouvoirs nationaux et se satisfont de marchandages éhontés avec la commission —institution totalement antidémocratique.
Pourtant, le seul contre-pouvoir réellement efficace en Europe est son parlement. Ses décisions ou celles de la Cour de Justice indépendante, retentissent souvent dans notre pays. On vient encore de le voir avec le barrage dressé contre Hadopi par le vote d'un récent amendement. Face à la commission, face aux chefs de gouvernements locaux, le parlement européen campe une légitimité populaire souvent précieuse. Assisterions-nous à un vote massif au mois de Juin, cette légitimité en serait puissamment renforcée, et il est à parier que cela sonnerait comme un coup de canon dans le tout petit monde des confiscateurs de démocratie. Pour arracher un jour la démocratie, il faut déjà voter.
11 commentaires:
Pour information, dimanche 17 mai se tiendra la fête de la rose pour le Var.L'an dernier c'était à Lorgues avec S.Royal. Cette année c'est à Salernes avec V.Peillon. Intéressé?
Oui. Il faut voter... Mais si personne ne fait campagne, n'explique les enjeux, ... on est mal barrés.
Ah la démocratie ! Toujours entraperçue et jamais vraiment réalisée… On pourrait en discuter sans fin je crois…
Pour l'Europe, étant à Bruxelles, je suis stupéfait de la bêtise de ce bouzin électoral. Chaque nation vote uniquement pour elle-même alors que, me semble-t-il, la construction européenne est justement basée sur le dépassement des nationalismes !
Par contre, je viens d'arriver ici et je ne suis pas inscrit. Je crois bien que c'est la première élection que je rate depuis que je suis en âge de voter !
:-))
[En Belgique, le vote est obligatoire mais en même temps, on ne connait aucune application réelle des amendes prévues en cas d'abstention].
Hermes,
oui, cela m'intéresse. Je note, et j'espère que je pourrai faire un saut à Salernes. Merci de l'info.
Nicolas, la campagne est trop discrète à gauche, je suis d'accord.
M. Poireau,
en effet, on pourrait discuter longtemps, mais le mot est limpide. En Europe, il n'y a qu'un seul pays où le mot s'accorde aux institutions: la Suisse.
Sur les élections européennes, je suis entièrement de ton avis: elles devraient se dérouler à l'échelle de l'Europe, avec les grands partis-groupes du parlement.
(Il n'y a pas d'inscription-dérogation pour les nouveaux arrivants en Belgique?)
Fête de la rose à Château Thuery entre Salernes et Villecroze.
Le Coucou : j'avoue que depuis fin octobre, je me suis occupé d'un tas de choses mais pas vraiment de comment voter. Il faudra bien que je sois pourtant référencé comme expatrié !
:-)
[Il me semble que par contre, en Belgique, les non-nationaux ont plus de droits de vote qu'en France. Il faudrait vérifier mais aux régionales, par exemple, les étrangers doivent apparemment voter aussi. Ça c'est chouette !].
Pour la Suisse, on est d'accord mais l'échelle est différente, donc…
Bravo, BRAVO, bis répétita ! Abstention, piège à cons !
http://gauchedecombat.wordpress.com/2009/05/09/abstention-piege-a-cons/
Exact, Coucou, mais malheureusement, les "zeuropéennes" sont réduites à un vote local ou sanction ou etc.., et les enjeux réels qu'elles représentent ne sont pas pris en compte. Pas plus tard qu'hier, je me faisais la même réflexion, me disant que rien n'est expliqué au sujet de ces enjeux, on voit simplement un défilé de candidats de tout parti, bon..ils vont aller à Bruxelles ou à Strasbourg et puis...?
Alors que , comme tu le décris, ce sont de enjeux majeurs mais effectivement rien n'est expliqué. Pourtant, aujourd'hui, si quelque chose peut bien influer le cours des choses, c'est bien "l'Europe" qui peut le faire...!
Imaginons que le PPE ne soit plus majoritaire, un ligne plus social émergerait sans doute, non?
Hermes, merci de la précision…
M. Poireau,
Sur la Suisse, je ne suis pas d'accord: dire que la démocratie ne peut s'appliquer qu'en Suisse, parce que c'est un petit pays, c'est un éternel prétexte, un pur mensonge (il ne s'agit pas de dire que tu mens, toi, évidemment, mais les politiques malhonnêtes qui utilisent cet argument). Nos régions pourraient fort bien constituer des équivalents des cantons, par exemple, ou d'autres formules pourraient être imaginées…
gauche-de-combat, merci, on va lire!
Serge,
un vote sanction ou un vote de soutien par ignorance, c'est juste. C'est tout au long d'une mandature du parlement qu'il faudrait tenir les populations informées. Expliquer les enjeux. Mais les gouvernements préfère n'utiliser l'Europe que comme un parapluie pour justifier certaines mesures, ou s'approprier des progrès éventuel. Ne serait-ce que sur la paix dont nous jouissons grâce à l'Union Européenne, le rôle de celle-ci n'est jamais réellement expliqué.
Il est plus que probable, enfin, que si une majorité de gauche dominait le parlement, le social reprendrait des couleurs en Europe.
Anonyme, reviens en lisant attentivement l'avertissement sur les commentaires. :-))
Le Coucou : je suis une sorte d'utopiste qui se dit que, vu qu'il y a l'Europe, la notion de Nations doit disparaitre au profit des régions. Pour moi, c'est là qu'il y a un échelon de trop qui bien souvent entrave le travail européen.
En plus, ça règle au passage le problème du Pays Basque qui serait bien sûr enfin réunifié !
:-))
[Ce serait long à développer mais le concept d'Europe des Régions me séduit bien plus que ce qui existe aujourd'hui !!!].
M.Poireau,
encore un point d'accord entre nous: je serais moi aussi pour l'effacement des nations, dans une Europe fédérale (ce qui s'éloigne peut-être un peu de l'Europe des Régions, je ne sais ? )
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