L'esprit peu porté aux blogueries sérieuses, aujourd'hui, je m'inquiétais sur la probabilité de sortir un billet quand, musardant chez Marie-Georges, j'appris l'existence d'un curieux jouet… Cela s'appelle un générateur de mots d'amour: vous remplissez un questionnaire, vous cliquez, et hop! L'aimable logiciel vous pond un poème, un roman, ou un billet. Pensez si cela m'a intéressé! J'ai donc alimenté l'animal, et voici le résultat —quelque peu retouché, je l'avoue.
Paris n'avait jamais été aussi beau aux yeux du Peuple. Celui-ci marchait, innombrable et cependant soudé comme un seul être, gagné par l'excitation... Il traversa la Seine, et bizarrement sourit à Frédéric Lefebvre qui le regardait d'un oeil morne. Plus vite qu'il ne l'aurait pensé, il se retrouva à Solférino, devant la porte.
Il sortit ses clefs, fit tourner le verrou, et entra.
— Ségolène, tu es là? Appela-t-il.
Un bruit de pas précipités se fit entendre. Peu après, elle apparut dans le couloir.
— Donne ton manteau, je vais te débarrasser, dit-elle.
— Tu es si attirante, répondit simplement le Peuple.
— Tu viens? dit gaîment Ségolène.
Le Peuple la suivit jusqu'à la salle de réunion.
— Assieds-toi, fit Ségolène.
Il se laissa tomber un peu partout, dans les fauteuils, sur la moquette (car il était innombrable quoique cependant soudé comme un seul être), puis poussa un soupir d'aise. Ségolène vint s'asseoir près de lui.
— Alors, que racontes-tu?
— Euh... rien, rien de bien spécial.
Le Peuple semblait ailleurs. Son amie s'en aperçut et lui demanda s'il allait bien.
— Oui, je vais bien! En fait...
— En fait?
— En fait, j'ai simplement envie de t'élire.
Ségolène eut un sursaut.
— Me... mais... moi?
— Oui.
Un silence s'ensuivit. Le Peuple comprit qu'il était allé trop loin.
— Excuse-moi, Ségolène, je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça.
— Tu ne le sais pas?
— Euh... à vrai dire, euh... enfin, je voulais dire que...
— Est-ce que tu étais sérieux? Le coupa Ségolène.
Il hésita.
— Je suppose que oui, mais j'ai dit ceci sans réfléchir. Je suis désolé.
— Peuple...
— Je suis désolé, oublie-ça.
— Peuple, élis-moi...
Cette fois-ci, ce fut lui qui sursauta. Après un moment, sans mot dire, il approcha son bulletin de l'urne de Ségolène. Puis, dans le silence de Solférino tranquille, au milieu d'une journée comme les autres, ils s'entre-votèrent pour la première fois.
Ils se regardèrent. Le Peuple approcha sa bouche de l'oreille de Ségolène et chuchota:
— Je t'aime...
Bien sûr, il lui avait déjà dit qu'il l'aimait. Bien sûr, il s'était repris au dernier moment, dans une hésitation fatale. Mais ce sentiment était toujours le même. Il voulut le lui dire.
— Depuis toutes ces années que nous nous connaissons, bien que j'aie eu d'autres aventures avant de te connaître, je t'aime cent fois plus que tous les présidents de la Cinquième réunis.
— Oh... c'est bien vrai?
— Oui, c'est vrai.
— Mon coeur... ce que tu me dis, c'est la chose la plus belle que j'ai jamais entendue. Tu es aussi démocratique à l'intérieur qu'à l'extérieur.
Le Peuple rougit. Il se sentait bien. Au loin, Sarkozy criait. Tout près, son coeur battait. Là-bas le jour passait... ici, tout était arrêté.
— Ma puce... Ségolène...
Mais il ne put continuer. Une fois de plus, leurs aspirations démocratiques se rejoignirent. Ils déliraient presque tant la fièvre les gagnait... ils étaient en haut de l'Arc de Triomphe, en train de débattre à l'air libre. Près d'eux, le Conseil National chantait «Gloire au PS !» en les regardant. Comme frappé d'un coup de foudre, le Peuple fasciné eut à peine le temps d'apercevoir, dans un éclair, ainsi que dans une toile d'Eugène Delacroix, Ségolène réincarnée en la Patrie... Front dégagé, mèches ébouriffées, drapeau brandit, ciel baigné de nuages qui font cligner la lune, commissures nacrées de lèvres de coquillages, le sourire émaillé de corail blanc, la voix lactée et les seins nus étoilés de mer... tout disparut lorsque le Peuple rouvrit les yeux.
— Ségolène...
— Oui?...
— Ségolène... veux-tu me présider?...
— Oui... fit-elle doucement.
Ils discutèrent toute la nuit. Ils parlaient de tout, de rien.
— Tu sais, c'est drôle, dit Ségolèbe, car hier matin, Bayrou a tenté de me séduire.
— Non, c'est vrai?
— Oui, et comme je lui disais que c'était le Peuple, l'amour de ma vie, il m'a répondu que je perdais mon temps et que je serais bien plus heureuse au MoDem.
— Ça ne m'étonne pas de lui, il a toujours essayé de gâcher ma vie.
— Heureusement je lui ai dit ceci: «Le jour où tu seras un tant soit peu à gauche, mon petit bonhomme, tu apprendras que mon Peuple est plus révolutionnaire que n'importe qui. Et tu ne lui arrives pas à la cheville.»
Ils s'embrassèrent pendant des heures. Des jours. Des années. Si d'aventure vous ne croyez plus à la politique, sachez qu'en ce moment même ils s'embrassent quelque part.
Il sortit ses clefs, fit tourner le verrou, et entra.
— Ségolène, tu es là? Appela-t-il.
Un bruit de pas précipités se fit entendre. Peu après, elle apparut dans le couloir.
— Donne ton manteau, je vais te débarrasser, dit-elle.
— Tu es si attirante, répondit simplement le Peuple.
— Tu viens? dit gaîment Ségolène.
Le Peuple la suivit jusqu'à la salle de réunion.
— Assieds-toi, fit Ségolène.
Il se laissa tomber un peu partout, dans les fauteuils, sur la moquette (car il était innombrable quoique cependant soudé comme un seul être), puis poussa un soupir d'aise. Ségolène vint s'asseoir près de lui.
— Alors, que racontes-tu?
— Euh... rien, rien de bien spécial.
Le Peuple semblait ailleurs. Son amie s'en aperçut et lui demanda s'il allait bien.
— Oui, je vais bien! En fait...
— En fait?
— En fait, j'ai simplement envie de t'élire.
Ségolène eut un sursaut.
— Me... mais... moi?
— Oui.
Un silence s'ensuivit. Le Peuple comprit qu'il était allé trop loin.
— Excuse-moi, Ségolène, je ne sais pas pourquoi j'ai dit ça.
— Tu ne le sais pas?
— Euh... à vrai dire, euh... enfin, je voulais dire que...
— Est-ce que tu étais sérieux? Le coupa Ségolène.
Il hésita.
— Je suppose que oui, mais j'ai dit ceci sans réfléchir. Je suis désolé.
— Peuple...
— Je suis désolé, oublie-ça.
— Peuple, élis-moi...
Cette fois-ci, ce fut lui qui sursauta. Après un moment, sans mot dire, il approcha son bulletin de l'urne de Ségolène. Puis, dans le silence de Solférino tranquille, au milieu d'une journée comme les autres, ils s'entre-votèrent pour la première fois.
Ils se regardèrent. Le Peuple approcha sa bouche de l'oreille de Ségolène et chuchota:
— Je t'aime...
Bien sûr, il lui avait déjà dit qu'il l'aimait. Bien sûr, il s'était repris au dernier moment, dans une hésitation fatale. Mais ce sentiment était toujours le même. Il voulut le lui dire.
— Depuis toutes ces années que nous nous connaissons, bien que j'aie eu d'autres aventures avant de te connaître, je t'aime cent fois plus que tous les présidents de la Cinquième réunis.
— Oh... c'est bien vrai?
— Oui, c'est vrai.
— Mon coeur... ce que tu me dis, c'est la chose la plus belle que j'ai jamais entendue. Tu es aussi démocratique à l'intérieur qu'à l'extérieur.
Le Peuple rougit. Il se sentait bien. Au loin, Sarkozy criait. Tout près, son coeur battait. Là-bas le jour passait... ici, tout était arrêté.
— Ma puce... Ségolène...
Mais il ne put continuer. Une fois de plus, leurs aspirations démocratiques se rejoignirent. Ils déliraient presque tant la fièvre les gagnait... ils étaient en haut de l'Arc de Triomphe, en train de débattre à l'air libre. Près d'eux, le Conseil National chantait «Gloire au PS !» en les regardant. Comme frappé d'un coup de foudre, le Peuple fasciné eut à peine le temps d'apercevoir, dans un éclair, ainsi que dans une toile d'Eugène Delacroix, Ségolène réincarnée en la Patrie... Front dégagé, mèches ébouriffées, drapeau brandit, ciel baigné de nuages qui font cligner la lune, commissures nacrées de lèvres de coquillages, le sourire émaillé de corail blanc, la voix lactée et les seins nus étoilés de mer... tout disparut lorsque le Peuple rouvrit les yeux.
— Ségolène...
— Oui?...
— Ségolène... veux-tu me présider?...
— Oui... fit-elle doucement.
Ils discutèrent toute la nuit. Ils parlaient de tout, de rien.
— Tu sais, c'est drôle, dit Ségolèbe, car hier matin, Bayrou a tenté de me séduire.
— Non, c'est vrai?
— Oui, et comme je lui disais que c'était le Peuple, l'amour de ma vie, il m'a répondu que je perdais mon temps et que je serais bien plus heureuse au MoDem.
— Ça ne m'étonne pas de lui, il a toujours essayé de gâcher ma vie.
— Heureusement je lui ai dit ceci: «Le jour où tu seras un tant soit peu à gauche, mon petit bonhomme, tu apprendras que mon Peuple est plus révolutionnaire que n'importe qui. Et tu ne lui arrives pas à la cheville.»
Ils s'embrassèrent pendant des heures. Des jours. Des années. Si d'aventure vous ne croyez plus à la politique, sachez qu'en ce moment même ils s'embrassent quelque part.
12 commentaires:
Euh, moi, vite fait comme ça, ça m'a donné :
Le mousquetaire et la plante carnivore
En des temps lointains
Vivait une servante,
Qui attendait son mousquetaire, sans mot dire,
En regardant le ciel si grotesque,
Et faisant pousser une plante carnivore en cachette.
''Tu plongeras dans cette fleur tes yeux rouges, pensait-elle,
La nuit elle s'ouvrira, près de tes cheveux oranges!''
Un beau jour vint Le petit Nicolas, le mousquetaire parfait.
''Comment depuis 6 ans, ne l'ai-je jamais vu?''
Pensai-je alors...
Oui, Le petit Nicolas, tu l'as compris,
C'est moi qui t'aime ainsi.
C'est à toi que j'offre cette plante carnivore,
Sois son mousquetaire, son nain mousquetaire,
Et délivre-moi du sort de la sorcière
Celle qui emprisonne les coeurs dans un songe vert de gris.
Le petit Brice
(ça mérite d'être retravaillé !)
quelle belle romance ! vive le Peuple ! ;)
Poison-social,
c'est un texte ésotérique, dis donc! Il demanderait un coup de peigne, en effet, peut-être aussi un brushing…
αяf,
vive le Peuple et, pour ce soir au moins, l'écriture informatique…
Excellent :))))
Voici un bel exemple d'utilisation créative de ce précieux générateur. Les retouches sont autorisées et ici savoureuses !
Marie-Georges,
merci, je suis heureux que cela vous ait amusée.
Carla à Bora-Bora
Les reflets verts de l'océan pacifique
M'évoquent tes beaux yeux et leur magnifique caresse
L'écume des vagues, les rouleaux dans les criques
Sont les cheveux bruns de ton front de déesse.
J'écoute le vent qui souffle sur la plage,
Et c'est ta voix qui chante, ma cabotine Reine...
Un pinson orange agite son plumage,
Mais c'est de toi, pimprenelle, que mes yeux se souviennent...
macao, voyageur de ton coeur...
Macao,
magnifique. J'espère que tu l'as envoyé à sa destinataire?
Ah oui !
Belle utilisation de l'outil !
Bravo, on s'y croirait ! :-)))
["Tu es aussi démocratique à l'intérieur qu'à l'extérieur." c'est une citation de Pasqua, non ? ;-)) ].
M. Poireau,
oui, c'est en effet une citation tirée d'un sonnet de C.P., dans le recueil «La raie publique».
Faudrait qu'on ponde un texte pour l'anniversaire du Coucou !
Toujours le même humour mordant! Et désolé de ne pas répondre aux commentaires mais je mène pour plusieurs semaines une vie nomade souvent coupée d'internet...
Poison-social,
heu…
Hermes,
bonne vadrouille alors! Et oublies les commentaires, aucune importance.
Enregistrer un commentaire