Mon cher papa, ma chère maman,
Je suis désolée que vous ayez pas compris mon SMS de ce matin: «kk +1 cool bz Adl». La gouvernante du palais m'a dit que vous avez eu peur qu'il me soit arrivé quelque chose. Eh bien, pas du tout! Ça voulait dire: «Couic! J'en ai une autre, les affaires reprennent, bisous, Adèle. » C'était pas plus tragique que ça. J'étais tellement contente de pouvoir vous l'annoncer que j'ai vite envoyé un message pour vous prévenir. J'étais dans mon coin habituel de la cour avec mon seau, le balai et la serpillière, en attendant que ça se passe: c'est pas commode pour écrire un roman.
Bref, l'essentiel est que l'Empereur a fait couper une autre tête ce matin, celle du bailli de l'Ysara, qu'il a eu la main molle avec les émeutiers de son coin. Le bourrel a bien travaillé, c'est tranché propre, ça me fera un must à la vente. Un de cujus bailli, pour équiper en lampe de chevet, c'est classe! Pas la peine d'en parler à M. Biscochu, chez nous, c'est pas une tête dans ses moyens d'apothicaire. Celle-là, je la caserai chez quelqu'un de la cour, j'ai déjà de la demande. Pendant que j'étais en train de nettoyer les dalles, le sapir des Choses du dedans s'est approché du seau de glace avec le bailli, il l'a regardé un moment en silence, puis il m'a dit:
«Si vous ne trouvez pas à la placer, faites moi signe, Adèle… »
Je le vois venir cuilà, il s'imagine qu'il aura la tête au rabais, le radin, mais y a pas que lui qui a envie de l'avoir! Et moi, j'ai mon trousseau à compléter, alors c'est pas demain que vais solder.
En tout cas, ça fait drôlement plaisir de voir que le Bien-Aimé Nicolas 1er reprend un peu du poil de la bête. Il était tout abattu ces temps derniers. On aurait dit qu'il osait plus faire couper des têtes, à cause du climat délétère qui règne dans l'empire, comme dit le Bon Saint Henri. Vous savez, ça vient de ces médisances qui circulent en ville, comme quoi la vieille Mme Sotenlong aurait financé l'élection du Bien-Aimé à la présidence de la République franchoise. C'était avant qu'il devienne empereur, vous vous rendez-compte? Pourquoi qu'on remonterait pas au déluge aussi, savoir si Noé il aurait pas touché une enveloppe de la famille Sotenlong pour se construire une arche! Ces ragots ont coupé l'appétit de notre Bien-Aimé, il dort mal (l'impératrice Lala me l'a dit l'autre jour, mais le répétez à personne, c'est confidentiel).
Vous voyez en tout cas que je pouvais pas vous raconter tout ça en SMS, en attendant l'exécution au petit jour…
Je vous embrasse fort, votre fille aimante,
Adèle
P-S La lumière brûle chez Arf…
Je suis désolée que vous ayez pas compris mon SMS de ce matin: «kk +1 cool bz Adl». La gouvernante du palais m'a dit que vous avez eu peur qu'il me soit arrivé quelque chose. Eh bien, pas du tout! Ça voulait dire: «Couic! J'en ai une autre, les affaires reprennent, bisous, Adèle. » C'était pas plus tragique que ça. J'étais tellement contente de pouvoir vous l'annoncer que j'ai vite envoyé un message pour vous prévenir. J'étais dans mon coin habituel de la cour avec mon seau, le balai et la serpillière, en attendant que ça se passe: c'est pas commode pour écrire un roman.
Bref, l'essentiel est que l'Empereur a fait couper une autre tête ce matin, celle du bailli de l'Ysara, qu'il a eu la main molle avec les émeutiers de son coin. Le bourrel a bien travaillé, c'est tranché propre, ça me fera un must à la vente. Un de cujus bailli, pour équiper en lampe de chevet, c'est classe! Pas la peine d'en parler à M. Biscochu, chez nous, c'est pas une tête dans ses moyens d'apothicaire. Celle-là, je la caserai chez quelqu'un de la cour, j'ai déjà de la demande. Pendant que j'étais en train de nettoyer les dalles, le sapir des Choses du dedans s'est approché du seau de glace avec le bailli, il l'a regardé un moment en silence, puis il m'a dit:
«Si vous ne trouvez pas à la placer, faites moi signe, Adèle… »
Je le vois venir cuilà, il s'imagine qu'il aura la tête au rabais, le radin, mais y a pas que lui qui a envie de l'avoir! Et moi, j'ai mon trousseau à compléter, alors c'est pas demain que vais solder.
En tout cas, ça fait drôlement plaisir de voir que le Bien-Aimé Nicolas 1er reprend un peu du poil de la bête. Il était tout abattu ces temps derniers. On aurait dit qu'il osait plus faire couper des têtes, à cause du climat délétère qui règne dans l'empire, comme dit le Bon Saint Henri. Vous savez, ça vient de ces médisances qui circulent en ville, comme quoi la vieille Mme Sotenlong aurait financé l'élection du Bien-Aimé à la présidence de la République franchoise. C'était avant qu'il devienne empereur, vous vous rendez-compte? Pourquoi qu'on remonterait pas au déluge aussi, savoir si Noé il aurait pas touché une enveloppe de la famille Sotenlong pour se construire une arche! Ces ragots ont coupé l'appétit de notre Bien-Aimé, il dort mal (l'impératrice Lala me l'a dit l'autre jour, mais le répétez à personne, c'est confidentiel).
Vous voyez en tout cas que je pouvais pas vous raconter tout ça en SMS, en attendant l'exécution au petit jour…
Je vous embrasse fort, votre fille aimante,
Adèle
P-S La lumière brûle chez Arf…
6 commentaires:
Action, réaction. Y'a des préfets qui doivent se faire dessus. Quitte à trouver des responsables à ce climat, pourquoi ne pas regarder dans le miroir?
Couic.
ahhhh!! L'est content, l'petiot! D'puis l'temps qu'ça l'démangeait, de r'prendr' la main! Y lui fallait juste une occasion, bévouai!!
Et pis après, vla-t-y pô qu'y va déclarationner la guerre à ces gueux d'gens du vôyag', heiiin...
Dans c'bô pays, nous on aimoy bian les boucs émissaires...
Homer, je ne suis pas préfet, alors ça va… Et toi?
Nicolas, couic dans la case aussi? Non…
Toff, le commentaire bucolique, ça change! ;-)
Il parait qu'il va se créer un syndicat des préfets déchus par ordre présidentiel. Une rumeur…
:-))
M Poireau, les préfets en activité auront-ils le bon sens d'adhérer avant qu'il ne soit trop tard? ;-)
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