Quelle histoire ! Gbagbo est tombé aux mains de ses adversaires. Pensez un peu : ce matin, filant sur la route à mes affaires, une autre nouvelle s'était frayée un chemin dans ma tête vide d'un lundi matin : la cote de confiance de Sarkozy a baissé de 3 points, 72 % des sondés ne lui font pas confiance (4% sans opinion).
À la radio, ils prenaient grand soin de souligner qu'il ne faut pas confondre cote de confiance et cote de popularité. Du coup, je me voyais avec un sujet de billet tout trouvé pour ce soir : gloser sur les subtiles nuances entre ces deux outils de sondeurs. J'avais même une contrepèterie vaseuse pour le titre : «cote de confiance ou fiance en compote». Et voilà que Gbagbo tire la couverture médiatique à lui…
M'en fiche ! Je ne parlerai pas politique, mais humanité. Parce que ce matin, entre autres, j'allais remonter le moral d'un ami plongé dans une merde noire. Nous avions rendez-vous chez sa vieille mère, laquelle vit seule dans une grande maison et présente les signes d'une démence débutante. Elle est rentrée depuis peu de l'hôpital où on l'avait transportée après une mauvaise chute en pleine nuit. La veille de son accident encore, ce bout de vieille de 89 ans, cassé à angle droit sur une canne, conduisait sa Twingo pour aller faire les courses à la ville. Trop heureux que sa mère fut indépendante à son âge, mon ami ne s'était jamais avisé du danger qu'elle pouvait représenter au volant. À l'hôpital, ils lui ont ouvert les yeux.
Le voilà contraint de venir chaque jour de sa propre maison, à une heure de route de chez sa mère, lui acheter une baguette de pain, du jambon, purger son frigo des produits périmés… Quand je suis arrivé, aujourd'hui, un menuisier changeait les portes d'un escalier intérieur, que les pompiers avaient défoncées pour lui porter secours. Mon ami errait dans les copeaux de bois, faisant des allées et venues entre le garage et le salon où sa mère regardait la télé. Nous sommes sortis bavarder au soleil sur la petite terrasse.
Il est fatigué de l'éprouvant mélange de confusion et de bon sens capricieux, prompt à s'aigrir, que présente désormais le commerce affectif avec sa mère. Bientôt devrait se mettre en place un système d'aide à domicile qui lui permettra de respirer. «Bientôt, c'est proche pour le type qui traite le dossier à la sécu, mais c'est trop loin pour moi… Encore un effet de la relativité !»
Nous avons ri, et c'est à ce moment que j'ai perçu un mouvement furtif derrière la haie de la maison voisine, dont les volets clos dominaient la terrasse.
«Tu as vu ?
— Oui, ce sont les voisins qui se cachent pour partir…
— Qui se cachent ?
— Ça fait deux semaines que ma mère a eu cet accident, je suis venu tous les jours. Je sais qu'ils sont là, mais je n'ai jamais vu les volets ouverts de ce côté, ils m'évitent.
— Tu les connais ?
— Un peu : bonjour, au revoir… Je suppose qu'ils craignent d'avoir à proposer leur aide s'ils demandent des nouvelles. Je crois aussi qu'ils ont surtout peur du malheur, peur qu'on leur gâche le printemps.»
En me penchant de côté, j'ai vu entre deux arbres la voisine fermer le portail à clef, puis rejoindre son mari dans la voiture, un peu plus loin sur la route. «C'est con ! Je n'attends rien d'eux, mais un mot de sympathie m'aurait fait plaisir.»
P-S: J'ai vu un tweet et son RT qui m'étaient apparemment destinés : «@pensezbibi: S'ABONNER à un blog de Droite dure sous prétexte (à vérifier) que c bien écrit (et/ou lisible) ? http://bit.ly/eOn2Vy Im-po-ssi-ble pr BiBi.» C'est idiot de répondre, mais tant pis : je n'ai besoin d'aucun prétexte pour prendre plus de plaisir à lire un bon billet de droite qu'un mauvais de gauche.
À la radio, ils prenaient grand soin de souligner qu'il ne faut pas confondre cote de confiance et cote de popularité. Du coup, je me voyais avec un sujet de billet tout trouvé pour ce soir : gloser sur les subtiles nuances entre ces deux outils de sondeurs. J'avais même une contrepèterie vaseuse pour le titre : «cote de confiance ou fiance en compote». Et voilà que Gbagbo tire la couverture médiatique à lui…
M'en fiche ! Je ne parlerai pas politique, mais humanité. Parce que ce matin, entre autres, j'allais remonter le moral d'un ami plongé dans une merde noire. Nous avions rendez-vous chez sa vieille mère, laquelle vit seule dans une grande maison et présente les signes d'une démence débutante. Elle est rentrée depuis peu de l'hôpital où on l'avait transportée après une mauvaise chute en pleine nuit. La veille de son accident encore, ce bout de vieille de 89 ans, cassé à angle droit sur une canne, conduisait sa Twingo pour aller faire les courses à la ville. Trop heureux que sa mère fut indépendante à son âge, mon ami ne s'était jamais avisé du danger qu'elle pouvait représenter au volant. À l'hôpital, ils lui ont ouvert les yeux.
Le voilà contraint de venir chaque jour de sa propre maison, à une heure de route de chez sa mère, lui acheter une baguette de pain, du jambon, purger son frigo des produits périmés… Quand je suis arrivé, aujourd'hui, un menuisier changeait les portes d'un escalier intérieur, que les pompiers avaient défoncées pour lui porter secours. Mon ami errait dans les copeaux de bois, faisant des allées et venues entre le garage et le salon où sa mère regardait la télé. Nous sommes sortis bavarder au soleil sur la petite terrasse.
Il est fatigué de l'éprouvant mélange de confusion et de bon sens capricieux, prompt à s'aigrir, que présente désormais le commerce affectif avec sa mère. Bientôt devrait se mettre en place un système d'aide à domicile qui lui permettra de respirer. «Bientôt, c'est proche pour le type qui traite le dossier à la sécu, mais c'est trop loin pour moi… Encore un effet de la relativité !»
Nous avons ri, et c'est à ce moment que j'ai perçu un mouvement furtif derrière la haie de la maison voisine, dont les volets clos dominaient la terrasse.
«Tu as vu ?
— Oui, ce sont les voisins qui se cachent pour partir…
— Qui se cachent ?
— Ça fait deux semaines que ma mère a eu cet accident, je suis venu tous les jours. Je sais qu'ils sont là, mais je n'ai jamais vu les volets ouverts de ce côté, ils m'évitent.
— Tu les connais ?
— Un peu : bonjour, au revoir… Je suppose qu'ils craignent d'avoir à proposer leur aide s'ils demandent des nouvelles. Je crois aussi qu'ils ont surtout peur du malheur, peur qu'on leur gâche le printemps.»
En me penchant de côté, j'ai vu entre deux arbres la voisine fermer le portail à clef, puis rejoindre son mari dans la voiture, un peu plus loin sur la route. «C'est con ! Je n'attends rien d'eux, mais un mot de sympathie m'aurait fait plaisir.»
P-S: J'ai vu un tweet et son RT qui m'étaient apparemment destinés : «@pensezbibi: S'ABONNER à un blog de Droite dure sous prétexte (à vérifier) que c bien écrit (et/ou lisible) ? http://bit.ly/eOn2Vy Im-po-ssi-ble pr BiBi.» C'est idiot de répondre, mais tant pis : je n'ai besoin d'aucun prétexte pour prendre plus de plaisir à lire un bon billet de droite qu'un mauvais de gauche.
14 commentaires:
Je lis ton billet en diagonale comme tous les soirs et reviens demain comme tous les matins pour lire vraiment, mais le PS m'interpelle ! @pensezunpeu verrait-il un blog de droite dure dans ceux que tu cites ?
Le thème des voisins pourrait faire l'objet de tonnes de billets de blogs. Ceux de ma mère sont envahissants au possible mais dès qu'on a besoin d'eux disparaissent.
Vendredi, j'arrive de Paris, les voisins étaient dans leurs jardins. Ils me font des grands signes pour me dire bonjour. Ma mère n'était pas chez elle (c'était prévu), je me fous sur l'ordinateur. Une demi heure après, panne d'électricité.
J'ai voulu aller voir les voisins pour leur demander si eux aussi étaient concernés : ils se cachaient tous...
Nicolas,
— je suppose que Bibi s'est basé sur l'échange de commentaires avec Didier Goux. Bon, il est trop tôt, avec encore une glorieuse journée devant moi, pour commencer à m'énerver. J'en baille.
— le billet est imcomplet, il n'y a pas que les voisins, le rejet et l'indifférence peuvent avoir d'autres visages. J'aurais voulu joindre ma propre expérience à celle de mon ami, parler du recul que suscitent chez les autres les coups du sort, comment on finit par avoir l'impression d'être pestiféré —mais j'étais fatigué et le temps me manquait.
Ces faits dépassent mon entendement ...
J'ai côtoyé plus de voisins compatissants que ceux dont vous parlez, mais si nous en sommes là, c'est très dommage... pour ne pas dire révoltant.
Il est vrai que les "accidents" de la grande canicule n'auraient pas pu se produire sans cette indifférence... on n'a donc pas avancé, quelle tristesse !
Le billet est magnifique. Le PS aussi... Rien à rajouter...
Solveig,
j'allais partir quand votre commentaire est tombé. Oui, la compassion existe, je l'ai rencontrée. Une ou deux formules obligées, et puis : "si tu as besoin…" Ensuite rideau, le silence, ou alors il faudrait forcer l'attention, mendier.
Le type dont je parle ici affronte aussi l'écueil d'un contexte d'individualisme forcené : un lotissement de petits bourgeois cossus de la côte, peuplé de retraités repliés sur eux-mêmes, sur la trouille de mourir qui les incite à fuir tout ce qui risque de leur rappeler cette échéance.
Par ailleurs, cette bassesse de base est largement répandue, on peut en soupçonner les ferments dans les endroits les plus inattendus. Tenez : ce billet n'a aucun lien, il est donc boudé par la blogosphère et me conforte dans le mépris que je lui porte.
Falcon,
juste quand je cliquais "publier"… Merci :)
Bonne journée à vous trois.
à méditer aussi ce que m'a dit un jour un ami: si quelqu'un se casse une jambe dans la rue, il y aura tjrs quelqu'un pour appeler les pompiers ou lui porter secours. Su quelqu'un pleure sur un banc, personne n'osera approcher. La douleur psychologique fait plus peur....
j'ai voulu partager sur facebook mais ce sont les commentaires qui apparaissent...bizarre...je réssaye
Excellent billet qui nous rappelle qu'il faudra qu'on veille à laisser nos volets toujours ouverts pour nos voisins et ne jamais leur refuser notre aide.
Tu as supprimé mon commentaire ?
Martine,
l'observation de votre ami est tristement juste. Pour aller spontanément vers quelqu'un mal en point moralement, il faut une sacrée dose d'altruisme. Par contre, l'esquive me semble plus incompréhensible entre voisins, connaissances, amis, etc.
(pour facebook, je ne sais pas, je l'utilise très peu et me contente en général de laisser mes trucs se débrouiller sans moi.)
Captainhaka,
merci (tiens, d'après ce qu'on m'a dit, une paire de volets des voisins était entrouverte aujourd'hui: ils lisent peut-être mon blog?) !
Le-gout-des-autres,
je ne supprime que deux catégories de commentaires: ceux qui sont vraiment anonymes, sans la moindre signature (cela arrive de temps en temps) et ceux qui seraient diffamatoires ou pourraient être qualifiés d'appel au meurtre (c'est arrivé 2 fois depuis l'ouverture du blog).
Je n'ai vu passer aucun commentaire de toi, désolé.
Suzanne et moi avons également été victimes de ce bug de blogger qui provoque la disparition des commentaires, aujourd'hui.
Nicolas, merci de l'info !
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