vendredi 28 novembre 2008

Rapport sur l'extinction de la délinquance enfantine.

Mesdames, Messieurs,
Considérant la montuosité ininterrompue de la courbe de criminalité enfantine, tout au long du XXIe siècle… Pour la petite histoire, songez qu'en 2008 déjà, la garde des seaux de l'époque, en butte au laxisme des magistrats à l'égard des vauriens de lait, avait fait dit-on une grossesse nerveuse! Donc, je disais mesdames et messieurs…, qu'est-ce que je disais…
Une voix du public : —Ça monte !
L'orateur : — Vous dites ?
La voix : — La criminalité enfantine monte toujours!
L'orateur : — Ah, voilà! Donc, il a plu à notre bien-aimé Président à vie de confier à la commission que je préside le soin de mettre au point un drastique susceptible d'en finir avec cette plaie. Cette plaie que…, cette plaie qui…
Une autre voix : —Monte?
L'orateur, pincé : —Qui s'étend ! Car tandis que la courbe rouge s'élève, inexorable, sur les graphiques de papier, le mal rampe, il s'étale dans nos villes, nos banlieues, nos…
La première voix : —Et vous avez trouvé?
L'orateur : —Je vous demande pardon?
L'autre voix, s'en mêlant : — Le drastique, vous l'avez ?
L'orateur, se rengorgeant : —Oui ! Cette fois, mesdames et messieurs, nous tenons le remède définitif, grâce au professeur Un, ici présent, en qualité de membre éminent de la commission que je préside, dûment mandaté par notre bien-aimé…
Une voix non identifiée (ni la première ni l'autre): —Quel Un…, le teratologue?
L'orateur : —Non, le second, Frédéric.
Un, assis à la gauche de l'orateur, intervenant : —Hem, si vous me permettez : Guillaume est le benjamin, le numéro un des Un, c'est moi.
L'orateur : —Merci de cette précision, cher ami. Comme je vous le disais, cette chose…, ce mal…, enfin, ces sales mômes qui viennent jusque dans nos bras égorger nos filles et nos compagnes…
Toute la salle se lève.
L'orateur : —Je vous en prie, ce n'était qu'une image!
L'autre voix : —Non, la Marseillaise.
L'orateur : —Il me semblait aussi… (petit rire) Une influence littéraire, veuillez m'excuser. Ainsi, grâce au test génétique mis au point par Frédéric Un, je suis en mesure de vous annoncer, mesdames et messieurs, que nous sommes désormais capables d'identifier les délinquants à la naissance!
Brouhaha dans la salle, l'orateur, face radieuse, attend le retour du calme, puis reprend: —Notre bien-aimé Président à vie m'a assuré qu'une loi serait votée sous peu, instituant le délit de recel génétique de dispositions à la délinquance. À la suite de quoi il sera créé sur l'ensemble du territoire des pouponnières carcérales où seront détenus les nouveaux nés reconnus inaptes à la vie en société.
La salle se tait.

Sur l'emprisonnement des mineurs : Le Monde, j'ai lu aussi Mathieu qui publie un billet de réflexion sur les blogs et les blogueurs.

6 commentaires:

Anonyme a dit…

Quel talent, mais en fait, ça fait froid dans le dos!!à moins de ne rien comprendre!

Tulipe a dit…

on ferme des écoles, on ouvre des prisons...
Froid dans le dos, c'était quand j'imaginais que N. Sarkosy pouvait être élu. Aujourd'hui, c'est glacée d'effroi, d'horreur que je suis, à chaque annonce de ce gouvernement.
à quand la stérilisation d'office de tous ceux susceptibles de fabriquer de la graine de délinquant?

Anonyme a dit…

Je vois la jeunesse comme une richesse et ce gouvernement comme une monstruosité.

Le coucou a dit…

Macao: froid dans le dos, c'est bien ça.
Tulipe: je crois qu'on retourne tout doucement vers l'époque des "maisons de correction". Pourquoi les avait-on fermées, au fait?
Daud: la jeunesse est une richesse, exact. De même qu'il est vrai qu'une petite partie de cette jeunesse pose de réels problèmes de délinquance ou d'incivisme. Mais ce n'est pas dans les prisons qu'ils deviendront meilleurs, c'est certain.

Tulipe a dit…

un article concernant création et suppression des maisons de corrections, à l'adresse:
www.monde-diplomatique.fr/2002/06/BOURQUIN/16576

Le coucou a dit…

Merci Tulipe!