jeudi 9 avril 2009

Les alliens aiment les subprimes


En regardant chez Blogiboulga une magnifique image de la constellation d'Orion, prouesse technico-scientifique, j'ai regretté une fois de plus de vivre aujourd'hui plutôt que dans… longtemps. Le jour où il sera peut-être possible à l'homme de sauter à la corde cosmique pour aller admirer ces splendeurs de plus près. Ce serait si bon aujourd'hui d'aller s'installer dans un hamac sidéral, entre Bételgeuse et Bellatrix, et de contempler l'espace sans penser à rien, d'une patience astrale, en attendant que les choses aillent mieux ici-bas.
Parce que sur terre, amis de la crise, nous ne sommes pas sortis de l'auberge…
Nos scientifiques divers construisent et pilotent des télescopes capables de tirer le portrait d'un système binaire à plusieurs centaines d'années lumières, mais il n'y a pas d'outil ni de spécialiste foutu d'évaluer le montant exact des actifs pourris qui croupissent dans les banques sous notre nez. On nous annonce l'embellie pour l'an prochain ou le suivant, en faisant mine d'ignorer que les subprimes, ces alliens, sont toujours parmi nous.
Vous vous souvenez des subprimes par lesquelles tout à commencé? Ces dettes immobilières douteuses des américains, malaxées ensemble, et reconditionnées en produits alléchants pour banquiers et hedges funds gourmands…
Tout est parti de là donc, de ces espèces de crédits hypothécaires dont Nicolas Sarkozy rêvait d'importer le principe en France, et qu'il n'hésitera pas à nous fourguer dès que la situation économique le permettra. Eh bien, les subprimes ne se sont pas évaporées par miracle pendant le G20, elles existent encore. Elles existent, si l'on peut dire, s'agissant de dettes chiffrables, mais qui ne correspondent à aucun argent récupérable.
Les autorités diverses, surtout américaines, s'arrachent les cheveux en désespérant de faire avouer aux banquiers le montant véritable des dettes pourries entassées dans leurs chambres fortes. Mais les banquiers se taisent toujours sur leurs pertes. Certains peut-être par prudence, pour ne pas révéler à quel point leur établissement est proche du naufrage, et d'autres par calcul…
En effet, il semble que le seul moyen de sortir du bourbier en respectant la logique du capitalisme financier, soit de revendre encore une fois ces dettes, pour en tirer enfin du bon argent. Les particuliers, américains au premier chef, mais sans doute très vite des clients du monde entier par l'intermédiaire des produits bancaires internationaux, pourront acheter de la dette avec l'aide et les encouragements du gouvernement US. Quand un pékin sortira 1$ pour cela, l'état américain paiera lui-même 1$, et surtout, le pékin aura le droit d'emprunter jusqu'à six fois sa mise pour acheter davantage d'actifs pourris… Dans l'idéal, les milliards de subprimes retourneront dans le marché, ni vu ni connu. Par la suite, la prospérité revenant, une partie des nouveaux créanciers (et emprunteurs!) récupèreront le montant de leurs créances-subprimes…
C'est évidement encore plus compliqué que ça, j'avoue que ce mécanisme dépasse mes petits moyens intellectuels. La seule chose qu'il me semble comprendre c'est que pour sortir d'une crise engendrée par la titrisation de créances aléatoires, on va titriser la titrisation et vendre le tout à crédit à des acheteurs espérés plus solvables.
J'ai entendu parler d'une jolie planète tellurique dans la constellation de l'Autel, sans banque, sans crise pour le moment, je louerais bien une fusée à crédit…
source image

PS. Sur le rejet de la loi Hadopi par le parlement, voir aussi, entre autres (mais il y aurait trop de billets à citer!) Ruminances, et Dedalus

8 commentaires:

Nouvel Hermes a dit…

Bravo: entre le petit bout de la lorgnette et l'autre bout, nous ne savons pas voir. Et entre un savon et une cacahoutte - question métaphysique - qu'y a t-il?
En tout cas, tu as bien compris le système - et tu l'expliques bien!

Serge a dit…

Oui, Coucou. Depuis quelques temps, la réflexion qui m'est venue est la suivante.
Au lieu d'injecter, un peu à tord et à travers tout, cad d'entrer dans le capital de banques ou d'assurances, de garantir les dépôts,etc..., les gouvernements ne devaient-ils pas simplement si j'ose dire, car il faut effectivement au moins déjà connaître les montants des subprimes, racheter TOUS ces actifs pourris, ce qui éliminait du même coup LA cause de la crise et permettait de ne plus jouer les pompiers sur les conséquences.
Tu vas me dire et après qu'en faisait-on ?
Bof, création d'une banque d'état qui recalcule les prêts insolvables pour permettre aux gens de les payer...Why not?
Le problème c'est que Bush était encore en place et qu'il n'y a pas songé ?
Trop tard maintenant les sous sont partis...
Et des sous, y en a de partis...en fumée..
Enfin il me semble, moi....toujours la cause et pas les conséquences, qu'on soigne, non?
Enfin tu ne vas pas me dire que les milliards de dollars déjà injectés ci et là ne couvraient pas les subprimes !

Anonyme a dit…

Faites un détour alors par la constellation "la chevelure de Bérénice"... pas de crise, pas de banque, juste cette mélancolie qui nous permet d'être mi ange, mi humain...
Désolée Le coucou, je ne suis pas douée pour les commentaires politiques... aussi, je participe comme je peux ! Bonne nuit !

Anonyme a dit…

juste un coucou de l'étoile de politesse du soir!

Nicolas Jégou a dit…

Ah ! Un billet sur le vide sidérale de la pensée libérale.

Le coucou a dit…

Hermes, heu… La cacahuète roule, la savonnette glisse, mais risque-t-on encore de glisser dans la baignoire, ou en prenant l'apéro, au paradis? merci de ta visite!

Walk, ce que tu préconises ressemble en fait assez bien au projet américain, sauf que l'effort du rachat serait partagé entre les contribuables et des investisseurs privés… Enfin, c'est ce que j'ai cru comprendre…
Racheter la dette…, bon, mais après? Cela ne relancera pas l'économie pour autant.

Bérénice, belle suggestion! :-) Et merci de votre passage en comète.

Macao, à bientôt.

Nicolas, voilà, et ça donne le vertige!

Le_M_Poireau a dit…

Donc en gros, les gars ont fabriqué une mixture avec que des trucs périmés ou dont la date limite de consommation était largement dépassée et souhaite maintenant que nous, dans un grand effort de générosité fiscale, nous fassions l'effort de la leur racheter à un bon prix ?
Et pi quoi encore ?
Ils ont fabriqués de la dette sur le dos des pauvres, ils n'ont qu'à devenir pauvre comme tout le monde. Pourquoi les soutiendrions-nous encore ?
:-))

Le coucou a dit…

M. Poireau, et ils vont fabriquer encore des "bad bank" (en Allemagne par exemple), qui serviront à accueillir tous les actifs pourris…
Qui financera? ;-)