On sait que Nicolas Sarkozy et son gouvernement se flattent régulièrement de l'attention qu'ils prêtent à la sécurité, et des succès qu'ils remporteraient dans la répression des crimes et délits. Tout le monde n'est pas d'accord avec cette prétendue efficacité, mais là n'est pas la question. Il est un type de criminalité sur lequel on ne les entend jamais se féliciter de leurs prouesses: celui de la délinquance financière. Et pour cause! Les chiffres des affaires confiées au pôle financier sont en chute libre depuis l'arrivée de Nicolas Sarkozy au pouvoir. Le Monde daté dimanche-lundi nous apprend que le nombre d'informations ouvertes par cette section du tribunal de Paris est tombé de 101 en 2006, à 88 en 2007, 21 en 2008, et 6 pour 2009 —année en cours, il est vrai.
Comment est-ce possible, la crise aurait-elle rendu honnêtes tous les affairistes galeux? Le Monde, se référant à l'opinion du juge Renaud Van Ruymbeke, attribue cette soudaine anémie à la suppression du juge d'instruction annoncée par Nicolas Sarkozy. Le procureur de la république, seul habilité à saisir les juges, anticipant la mort prochaine du pôle, fermerait tranquillement le robinet des affaires.
Il n'est pas rare, ces derniers temps, qu'un procureur questionné par la presse se drape de probité et nous affirme hautement qu'il n'agit que pour «défendre l'intérêt général». En quelque sorte qu'il se détermine en conscience, indépendamment du pouvoir… On voudrait bien en être convaincu, et cela doit même être souvent le cas, mais qu'en est-il réellement dès lors qu'une juste plainte contrarie un intérêt particulier de l'état? Par voie hiérarchique, les magistrats du parquet, dont font partie les procureurs, sont soumis à l'autorité du ministre de la Justice. À la différence des juges d'instruction. Dès lors on peut se poser des questions lorsque par exemple, dans les poursuites intentées par une ONG contre plusieurs présidents africains pour «détournement de fonds publics», le parquet tente d'empêcher la plainte d'aboutir.
Et que deviendra la répression de la délinquance financière, quand l'ancien avocat d'affaires Nicolas Sarkozy aura eu indirectement la peau de la section spécialisée du tribunal de Paris, par la liquidation du juge d'instruction? Évidemment, il s'agit là d'une plaisanterie. Personne ne peut douter de la volonté de M. Sarkozy de nettoyer au Karcher les recoins nauséabonds du business, avec la même opiniâtreté qu'il met à vouloir lutter contre la petite délinquance. Celle-ci pourrit la vie de beaucoup de gens, celle-là pourrit la société et nourrit les rancœurs en renforçant le sentiment que certaines personnes sont au dessus des lois.
source dessin de Daumier
PS. J'aimerais recommander la lecture des billets du Pavé et de Vasseur sur Julien Coupat, ainsi que les réponses de M. Poireau et Gaël, à la chaîne de l'anonymat…
Comment est-ce possible, la crise aurait-elle rendu honnêtes tous les affairistes galeux? Le Monde, se référant à l'opinion du juge Renaud Van Ruymbeke, attribue cette soudaine anémie à la suppression du juge d'instruction annoncée par Nicolas Sarkozy. Le procureur de la république, seul habilité à saisir les juges, anticipant la mort prochaine du pôle, fermerait tranquillement le robinet des affaires.
Il n'est pas rare, ces derniers temps, qu'un procureur questionné par la presse se drape de probité et nous affirme hautement qu'il n'agit que pour «défendre l'intérêt général». En quelque sorte qu'il se détermine en conscience, indépendamment du pouvoir… On voudrait bien en être convaincu, et cela doit même être souvent le cas, mais qu'en est-il réellement dès lors qu'une juste plainte contrarie un intérêt particulier de l'état? Par voie hiérarchique, les magistrats du parquet, dont font partie les procureurs, sont soumis à l'autorité du ministre de la Justice. À la différence des juges d'instruction. Dès lors on peut se poser des questions lorsque par exemple, dans les poursuites intentées par une ONG contre plusieurs présidents africains pour «détournement de fonds publics», le parquet tente d'empêcher la plainte d'aboutir.
Et que deviendra la répression de la délinquance financière, quand l'ancien avocat d'affaires Nicolas Sarkozy aura eu indirectement la peau de la section spécialisée du tribunal de Paris, par la liquidation du juge d'instruction? Évidemment, il s'agit là d'une plaisanterie. Personne ne peut douter de la volonté de M. Sarkozy de nettoyer au Karcher les recoins nauséabonds du business, avec la même opiniâtreté qu'il met à vouloir lutter contre la petite délinquance. Celle-ci pourrit la vie de beaucoup de gens, celle-là pourrit la société et nourrit les rancœurs en renforçant le sentiment que certaines personnes sont au dessus des lois.
source dessin de Daumier
PS. J'aimerais recommander la lecture des billets du Pavé et de Vasseur sur Julien Coupat, ainsi que les réponses de M. Poireau et Gaël, à la chaîne de l'anonymat…
11 commentaires:
Je suis entièrement d'accord avec ce billet qui montre combien nous sommes de doux imbéciles!Mais tu touches du doigt un vrai problème!Bonne nuit!
Macao,
nous sommes surtout impuissants… Bonne nuit toi aussi.
Le Coucou,
Oui. La droite indique vouloir moraliser toutes les pratiques financières mais supprime les moyens de contrôle...
Nicolas,
c'est exactement ça: un discours vertueux et une réalité contraire…
Je découvre l'info. C'est incroyable de pouvoir faire le contraire de ce que l'on clame avec des trémolos dans la voix...
Je suis encore d'une naiveté confondante, d'une connerie crasse, mais ça me gonfle...
Merci de l'info (soupir)
Info à faire circuler, mais au fond... qui en doutait?
Personne n'en doutait depuis qu'en début de mandat Sarko a déjà dépénalisé quelques délits financiers me semble-t-il. Mais effectivement, là, le Coucou dénonce une autre belle avancée dans l'impunité.
Merci du lien sur Le Pavé, il m'a beaucoup intéressé.
FalconHill, tu n'es pas le seul, je ne pensais pas que les choses iraient aussi vite dans la liquidation!
Homer,
à la fin des fins, certes, mais comme je viens de le dire: quelle rapidité!
mtislav,
oui, on pouvait soupçonner Sarko de vouloir servir les intérêts de son univers naturel, mais de là à oser supprimer toute spécialisation dans la répression de la délinquance financière… Il fallait oser. Il ose tout.
Frédérique Lefebvre aurait proposé que les délinquants financiers puissent continuer à accéder à leurs opérations financières pendant leurs éventuelles (mais rarissimes) incarcérations !
:-))
[Uniquement sur la base du volontariat !!!].
M. Poireau, mais oui, c'est évident! D'autant qu'il a été récemment question de faire bosser un peu plus les détenus, il me semble…
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