Ce matin, Nicolas Demorand recevait sur France Inter un invité de marque en la personne de l'ancien juge Jean-Claude Bruguière. On sentait M. Demorand particulièrement d'attaque, persuadé qu'il était de nous donner à vivre un grand moment de radio. Pensez: l'homme qui a été la première vedette de la section anti-terroriste du Tribunal de grande Instance de Paris !
Aujourd'hui, alors que le voici libéré de ses fonctions de magistrat, et donc de la part la plus étouffante de son obligation de réserve, on pouvait attendre de lui qu'il jetât un nouvel éclairage sur les affaires qu'il avait eu à instruire, sinon des révélations sensationnelles. On attendait notamment des éléments solides permettant de comprendre son instruction de l'attentat de Karachi, une affaire remise en scène par l'actualité, et que ses implications politiques possibles rendent brûlante… Las! C'était oublier que l'ancien juge est devenu un adhérent actif de l'UMP, candidat malheureux à la députation, mais soutien éminent de Nicolas Sarkozy. C'était aussi sans compter avec le fait que M. Bruguière venait à la radio vendre sa salade, en l'occurence un livre intitulé «Ce que je n'ai pas pu dire»…
Disons-le tout net: inutile d'acheter le bouquin et d'apporter des droits d'auteurs en complément de retraite à M. Bruguière. Ce qu'il n'a pas pu dire hier, il ne le dit pas davantage aujourd'hui, s'il faut en juger par ses propos de ce matin, émaillés de «je le dis dans le livre», «mon livre», «le livre». Des généralités vaseuses, destinées à défendre mine de rien la prise en main de la justice par Nicolas Sarkozy, oui, il y en eut. Sur Karachi, on l'entendit confirmer qu'à ses yeux, il ne pouvait s'agir que d'un attentat d'Al-Quaida, et concéder que des questions pouvaient se poser sur les commanditaires.
«Vous êtes dur à accoucher», constata Demorand, dont tous les efforts, et ceux de ses co-interviewers furent vains à obtenir des réponses claires aux questions. M. Bruguière se défendit de pratiquer la langue de bois, et sans doute était-il sincère. Le timbre fâcheusement pâteux de sa voix aidant, c'est plutôt de la langue de mastic, glissée dans les moindres failles d'un discours de bois, qu'il nous fut donné d'entendre.
P-S. Lectures du matin, chez Juan: Affaire Coupat, qui est coupable? À voir chez Rimbus: une critique d'un autre livre, celui de Jacques Chirac… Et la contribution de Me Eolas au débat sur l'identité nationale… Enfin, le coup d'œil de PMA sur le demi-mandat de Nicolas Sarkozy…
Aujourd'hui, alors que le voici libéré de ses fonctions de magistrat, et donc de la part la plus étouffante de son obligation de réserve, on pouvait attendre de lui qu'il jetât un nouvel éclairage sur les affaires qu'il avait eu à instruire, sinon des révélations sensationnelles. On attendait notamment des éléments solides permettant de comprendre son instruction de l'attentat de Karachi, une affaire remise en scène par l'actualité, et que ses implications politiques possibles rendent brûlante… Las! C'était oublier que l'ancien juge est devenu un adhérent actif de l'UMP, candidat malheureux à la députation, mais soutien éminent de Nicolas Sarkozy. C'était aussi sans compter avec le fait que M. Bruguière venait à la radio vendre sa salade, en l'occurence un livre intitulé «Ce que je n'ai pas pu dire»…
Disons-le tout net: inutile d'acheter le bouquin et d'apporter des droits d'auteurs en complément de retraite à M. Bruguière. Ce qu'il n'a pas pu dire hier, il ne le dit pas davantage aujourd'hui, s'il faut en juger par ses propos de ce matin, émaillés de «je le dis dans le livre», «mon livre», «le livre». Des généralités vaseuses, destinées à défendre mine de rien la prise en main de la justice par Nicolas Sarkozy, oui, il y en eut. Sur Karachi, on l'entendit confirmer qu'à ses yeux, il ne pouvait s'agir que d'un attentat d'Al-Quaida, et concéder que des questions pouvaient se poser sur les commanditaires.
«Vous êtes dur à accoucher», constata Demorand, dont tous les efforts, et ceux de ses co-interviewers furent vains à obtenir des réponses claires aux questions. M. Bruguière se défendit de pratiquer la langue de bois, et sans doute était-il sincère. Le timbre fâcheusement pâteux de sa voix aidant, c'est plutôt de la langue de mastic, glissée dans les moindres failles d'un discours de bois, qu'il nous fut donné d'entendre.
P-S. Lectures du matin, chez Juan: Affaire Coupat, qui est coupable? À voir chez Rimbus: une critique d'un autre livre, celui de Jacques Chirac… Et la contribution de Me Eolas au débat sur l'identité nationale… Enfin, le coup d'œil de PMA sur le demi-mandat de Nicolas Sarkozy…
17 commentaires:
Prem's !
Ce n'est pas souvent que ça m'arrive avec ce blog... Le Taulier est tombé du lit ?
Bon, je vais lire...
Il est de partout Bruguiere en ce moment...
Nicolas,
ni plus tôt ni plus tard que d'habitude: à l'heure du café je me suis trouvé coincé près de la radio. Trop de mistral pour aller bosser dehors en robe de chambre, et je ne voulais pas retourner dans la chambre m'habiller, au risque de réveiller mon épouse…
Falcon,
eh oui! Il fait la promo "du livre". C'est tordant, du reste, ces écrivants qui traitent leur ouvrage comme un produit, un morceau de fromage.
J'ai lu. Comme presque toujours, c'est excellent. C'est reposant et pourtant inquiétant de vérité tranquille chez Le coucou. C'est chaud, voici un lien que je viens de lire et qui va comme un gant à ce texte http://www.mediapart.fr/journal/france/041109/karachi-depuis-la-suisse-des-retrocommissions-vers-des-politiques-francais
Je l'ai entendu ce matin, j'en tire les mêmes conclusions et le même manque d'information.
Merci de m'éviter d'écrire le même billet...
Lediazec,
tu es trop aimable, merci! Par contre, le lien vers mediapart mène en fait à la piste Indienne, dernière en date, et ne concerne pas vraiment les rétro-commissions. En tout cas, il vaut aussi le déplacement!
Le-gout-des-autres,
ce n'est pas une raison pour renoncer à ton billet, il doit y avoir bien d'autres choses à dire sur cette interview…
Bruguière c'est au tipex qu'il a effacé sa mémoire.
Merci de ton lien, Ô médaillé de bronze...
J'ai beaucoup apprécié ton billet, je le dis des fois que tu te sentes un peu mal aimé en ce moment. Tu te souviendras qu'on était là dans les moments difficiles.
Bruguières, je l'ai entendu, un peu plus tard peut-être. Pas assez longtemps pour que le mastic prenne...
Rimbus,
ça explique les pâtés, tu as le coup d'œil, y a pas!
Le lien, c'est pour dépenser vite ma médaille avant qu'on me l'enlève pour dopage. :-)
Mtislav,
merci, je commence à reprendre du poil de la bête, mais c'est bon de se sentir soutenu!
Pour Bruguières, tu n'a rien loupé, la dose complète colmate les oreilles.
As-tu remarqué l'épidémie de langue de bois? Quoiqu'il faille peut-être dire "dans les médias, tous les autres qui parlent pour ne rien dire... Langue de bois, c'est même pas l'expression qui convient: faudrait dire, "discours bunkerisés", "pensées ossifiées"...C'est ça qui est le plus terrifiant. Ce discours qui occupe le temps et l'espace et qui n'est que du vide!
Hermes,
la langue de bois, et ses dialectes (le politiquement correct, entre autres), tend à gagner toute la société, popularisée par les médias. On l'entend même de plus en plus chez des gens ordinaires.
le 7 aout 1982 les 2 terroristes neo nazis les plus recherchés d'Allemagne (50 000 DM par tête) arrivent à Metz en provenance de RFA. O Hepp et W Kexel. Ils y sont photographiés par les RG.. Le 8 ils partent à Paris... le 9 à 13 h a lieu la fusillade de la rue des rosiers (6 morts 22 blessés) que la trop fameuse cellule de l'Elysée attribuera à des irlandais .. (ne riez pas, ce n'est hélas pas drôle du tout !)
Un des blessé qui s'est pris 2 rafales dit clairement "il s'agissait de 2 hommes, de typé européen d'environ 22/23 ans... Ce n'était pas des arabes, je sais ce que je dis, ma femme est égyptienne". Hepp qui a effectué des "stages" au Liban et qui sera arrêté en France en 85 dans une planque des FARL (lié aux SR Syriens) ne sera jamais interrogé ni même entendu par le juge, Mr Brughière..... drôle de juge non ?
Philipenry,
merci de ces informations. Je ne connaissais pas (ou j'avais oublié) cet épisode. S'agissant de Hepp et Kexel, je suis intrigué de voir, après une recherche superficielle pour le moment, que tout en étant catalogués d'extrême-droite, ils auraient cependant renié l'idéologie néo-nazie… Le terrorisme est décidément un monde tordu.
Le concept de juge anti" quelque chose est une ineptie en droit, à mes yeux. Un juge ayant d'abord à entendre les faits avant de décider le pour et le contre… Il me semble !
Bref Bruguières a toujours été un juge anti… il se peut que dans ce cas présent, Karachi, il soit juste anti-vérité !
:-))
[Le bonheur que ce serait si les journalistes avaient l'opportunité d'expulser hors du studio les invités venus là sans intention de dire quoi que ce soit ! :-)) ].
Bonsoir Coucou, oui le juge a fait comme le prévenu coriace, il a pas craqué, ou juste pour dire ""achetez mon bouquin"", il mérite la machine à baffes;
M. Poireau,
en matière de terrorisme on peut comprendre, puisqu'il n'y a au départ aucun suspect, ou "témoin principal. Il s'agit de mener une enquête pour retrouver les auteurs d'un attentat…
Dans le déroulement de l'enquête, en revanche, il se pourrait que des sympathies politiques conduisent à privilégier certaines pistes en oubliant les plus gênantes…
Fidel,
ah! je n'ai pas rêvé, merci de confirmer! Il n'avait rien d'autre à dire que: "c'est dans le livre"… Bonne soirée!
Je confirme, merci pour votre passage, et si j'y pense à dimanche pour le rébus
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