Le rendez-vous est à 15h40, mais prudents, ma femme et moi débarquons avec plusieurs minutes d'avance dans une petite salle d'attente déjà bourrée. De mémoire: six chaises garnies d'impatients des deux sexes, plus deux petits fauteuils vides dans un recoin, des gonflables pour enfants. Faute de mieux, nous nous installons dans les fauteuils de mômes, supputant qu'ils tiendront le choc, compte tenu de nos modestes corpulences.
«Tu arriveras à te relever ?» me souffle ma femme, vaguement inquiète quand nous nous retrouvons au ras de la moquette. Je la rassure d'un haussement d'épaule et me plonge dans la lecture du Nouvel-Obs, que j'ai emporté en prévision d'une brève attente.
L'article raconte l'aventure de Félix, un Corse qui a connu la bonne fortune de découvrir un trésor Romain. Avec ses copains, il plongeait de loin en loin dans les eaux du golfe de Lava, récoltait quelques pièces ou médaillons d'or fin, histoire de mener belle vie pendant un moment…
La lecture pourrait me distraire, si mon oreille droite, qui est la meilleure, n'était assaillie par la discussion nerveuse des gens avant nous. Le thème principal en est la confrontation de leurs heures de rendez-vous respectives. Par ordre chronologique, le premier qui est une première, attend depuis deux heures de l'après-midi, et personne n'est encore passé, parce qu'IL téléphone.
Mon naturel pessimiste prend alors le dessus, compliqué par mon autre naturel, bouillant celui-ci, et je suis vite incapable de suivre les aventures de ce couillon de Félix. Actuellement, je ne sais toujours pas pourquoi et comment il s'est fait gauler dans un train roulant vers la Belgique, avec un plat Romain d'un bon kilo d'or massif…
Au lieu de ça, je songe que nous ne sommes pas près de sortir de l'auberge, qu'il fera nuit, que je n'ai pas éteint l'ordinateur en partant alors qu'il était question d'orage ce matin… Sans compter ce que j'ai à terminer en rentrant, et aussi le coup d'œil à jeter aux nouvelles, histoire de pondre mon billet frais du jour…
La première passe enfin, puis la deuxième, qui était en fait un deuxième, je crois. Nous extirpant des fauteuils, ma femme et moi gagnons des chaises, et je me retrouve face à une dame agitée, un poing crispé sur sa canne, dont les yeux brillent déjà à l'idée de me faire la conversation. Je replonge en catastrophe avec Félix dans les eaux de Lava.
«Excusez-moi, me dit la dame, vous n'auriez pas un bonbon ?»
J'en ai justement dans la poche… Une petite poignée que j'emporte avec deux gauloises. Une cigarette pour l'aller, l'autre pour le retour, les bonbons au milieu, dans l'espoir de moins fumer aujourd'hui. Je lui donne un bonbon et retourne à Félix —en apparence seulement, parce que je me mets à réfléchir à ce que je vais bien pouvoir raconter sur le blog ce soir.
Le remaniement… Marre du remaniement… Ou alors une fiction illustrant l'hypothèse que ce nouvel acte de la comédie du pouvoir était en fait écrit depuis l'été. Depuis la rencontre de Brégançon entre Sarkozy et Fillon. Le but ? Rendre au premier ministre une apparence d'autorité, et son rôle de bouffeur d'impopularité pour la fin du mandat…
«Excusez-moi, vous n'en auriez pas un autre, bonbon?»
Je ne sais pas si Fillon bouffera quelque chose, mais la dame a bouffé tous mes bonbons, et puis elle a été griller dans l'escalier ma seconde et dernière cigarette.
«Tu arriveras à te relever ?» me souffle ma femme, vaguement inquiète quand nous nous retrouvons au ras de la moquette. Je la rassure d'un haussement d'épaule et me plonge dans la lecture du Nouvel-Obs, que j'ai emporté en prévision d'une brève attente.
L'article raconte l'aventure de Félix, un Corse qui a connu la bonne fortune de découvrir un trésor Romain. Avec ses copains, il plongeait de loin en loin dans les eaux du golfe de Lava, récoltait quelques pièces ou médaillons d'or fin, histoire de mener belle vie pendant un moment…
La lecture pourrait me distraire, si mon oreille droite, qui est la meilleure, n'était assaillie par la discussion nerveuse des gens avant nous. Le thème principal en est la confrontation de leurs heures de rendez-vous respectives. Par ordre chronologique, le premier qui est une première, attend depuis deux heures de l'après-midi, et personne n'est encore passé, parce qu'IL téléphone.
Mon naturel pessimiste prend alors le dessus, compliqué par mon autre naturel, bouillant celui-ci, et je suis vite incapable de suivre les aventures de ce couillon de Félix. Actuellement, je ne sais toujours pas pourquoi et comment il s'est fait gauler dans un train roulant vers la Belgique, avec un plat Romain d'un bon kilo d'or massif…
Au lieu de ça, je songe que nous ne sommes pas près de sortir de l'auberge, qu'il fera nuit, que je n'ai pas éteint l'ordinateur en partant alors qu'il était question d'orage ce matin… Sans compter ce que j'ai à terminer en rentrant, et aussi le coup d'œil à jeter aux nouvelles, histoire de pondre mon billet frais du jour…
La première passe enfin, puis la deuxième, qui était en fait un deuxième, je crois. Nous extirpant des fauteuils, ma femme et moi gagnons des chaises, et je me retrouve face à une dame agitée, un poing crispé sur sa canne, dont les yeux brillent déjà à l'idée de me faire la conversation. Je replonge en catastrophe avec Félix dans les eaux de Lava.
«Excusez-moi, me dit la dame, vous n'auriez pas un bonbon ?»
J'en ai justement dans la poche… Une petite poignée que j'emporte avec deux gauloises. Une cigarette pour l'aller, l'autre pour le retour, les bonbons au milieu, dans l'espoir de moins fumer aujourd'hui. Je lui donne un bonbon et retourne à Félix —en apparence seulement, parce que je me mets à réfléchir à ce que je vais bien pouvoir raconter sur le blog ce soir.
Le remaniement… Marre du remaniement… Ou alors une fiction illustrant l'hypothèse que ce nouvel acte de la comédie du pouvoir était en fait écrit depuis l'été. Depuis la rencontre de Brégançon entre Sarkozy et Fillon. Le but ? Rendre au premier ministre une apparence d'autorité, et son rôle de bouffeur d'impopularité pour la fin du mandat…
«Excusez-moi, vous n'en auriez pas un autre, bonbon?»
Je ne sais pas si Fillon bouffera quelque chose, mais la dame a bouffé tous mes bonbons, et puis elle a été griller dans l'escalier ma seconde et dernière cigarette.
11 commentaires:
Vous êtes trop bon, ça vous perdra (mais, réconfortez vous cette chapardeuse paumera ses dents avant vous)
Et Félix?
1/J'aurais bien aimé vous voir dans les fauteuils des petitous...
2/ C'était une dame sans gêne
qui avait mauvaise haleine
et qui piquait des bonbons
aux grands petits garçons...
Nefisa,
les bonbons étaient sans sucre… Mais j'espère bien qu'elle les paumera quand même. Pour les bronches,hem… Je ne sais pas.
Zette,
Félix… Je n'ai pas trouvé sur le site du NouvelObs la version numérique de l'article… Le cas de Félix est plutôt compliqué. Il a été jugé une première fois dans les années 90, pour le trafic de pièces, d'après ce que j'ai compris, et il le sera à nouveau pour le plat, avec lequel il s'est fait prendre en octobre…
Epamin,
1 -nous avions l'air très sage.
2 -merci, c'est très juste et réconfortant.
Deux cigarettes en moins: si tu veux arrêter, c'est le moment !
Si j'ai bien compris, c'était bien l'attente fébrile dans l'antichambre d'une éventuelle décision gouvernementale, non ?
Du coup, tu as loupé NS à la télé !
Les vieilles dames sont d'un sans-gêne !
Et les coucous plus partageurs que je ne le pensais !
Qu'a pensé ton épouse de te voir flirter si outrageusement avec cette vorace ?
Bon, mais qu'a dit le docteur ? Ça va mieux ?
Homer,
ben non ; plusieurs cigarettes à la maison, pour compenser… Le conseil arrive trop tard !
Solveig,
je ne me voyais pas lui dire : «ah non ! Un, ça suffit !»
Ma femme s'est bien amusée, mine de rien, le nez plongé dans sa lecture pour échapper à la conversation directe de la dame (parce que nous n'avons pas évité ses échanges avec les autres sur les difficultés de stationnement aux environs, la pluie)…
Omnibus,
comment, je ne l'ai pas précisé? C'était une entrevue avec le sous-secrétaire du secrétaire de la sous-préfète.
Mike,
ah ! j'allais t'oublier. Oui, c'est exactement ça.
Nicolas,
j'ai eu du mal à surmonter ma déception?
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