Cher toi,
Dans la cahute paumée ou tu t'es retiré, je sais que tu as suivi les péripéties du congrès de Reims. Tu préférerais me fiche à la porte que de le reconnaître, je sais ça aussi. C'est pour cela que je t'écris : tu me liras peut-être. Toi, le vieux militant socialiste, tu ne veux plus entendre parler de ton parti, de ce que ses dirigeants en font depuis quelque temps.
Demain, tu resteras chez toi au lieu d'aller voter pour choisir la nouvelle secrétaire. Tu fronces déjà les sourcils? Parce-que j'ai féminisé d'emblée ce rôle éminent? C'est exact, j'ai feint d'ignorer Benoit Hamon, dont tu te sens plus proche que des deux femmes rivales. Il t'inspirait au départ plus de confiance et de sympathie qu'elles, mais à la fin, ses petites manœuvres t'ont pourtant déçu, puisque tu as décidé de t'abstenir. Et puis, reconnais-le : ses chances d'être élu sont proches du zéro.
Moi, si j'étais au PS, je voterais demain, mon vieux. Oh! je t'entends d'ici ricaner, comme si j'étais près de toi: «Foutriquet! Pourquoi ne t'es-tu pas engagé avec nous, au lieu de donner des leçons!»
La réponse est simple, tu la connais : je n'ai plus l'ardeur militante et l'abnégation nécessaires. Surtout, je suis devenu indocile, réfractaire aux consignes d'appareil. À vingt ans, je militais chez les communistes, je vendais l'Huma le dimanche matin au coin de la place des Ternes, à Paris. Oui, à quelques foulées de l'Arc-de-triomphe et des Champs Élysées. Un endroit super pour vendre l'Huma, mon vieux ! Il nous arrivait aussi, aux camarades et à moi, de faire du porte à porte pour distribuer des tracts. Je me souviens toujours d'une fenêtre ouverte à la volée sur une cour d'immeuble, et d'une voix criant: «Maman, un communiste! » Bien sûr, c'est pour des raison autrement sérieuses que j'ai quitté ce parti, dégoûté du militantisme. Si je te raconte ça, c'est juste pour te rappeler que les besognes ingrates réservées au militant de base, je connais, elles ne me rebutent pas.
Ton PS, c'est autre chose… Tiens, les cotisations déjà : trop chères à mon goût! Et je ne suis pas le seul. Si Ségolène a soulevé le problème à juste raison, c'est que le coût décourage les adhésions. Que dire surtout des mécanismes internes de décision, qui empêchent les militants d'influer réellement sur la politique suivie? Que dire de tous ces barons farouchement opposés à l'émergence de jeunes responsables?
Ce qui se passe aujourd'hui dans ton parti, mon vieux, c'est que tout l'appareil des féodaux fait bloc pour que rien ne change. Bertrand Delanoë a même été obligé de ravaler sa rancune —sermonné, on le devine, par le fantôme de Lionnel Jospin—, et de voler à la rescousse de Mme Aubry. M. Emmanuelli, dont j'ai pour ma part approuvé la condamnation en justice naguère, donne de sa langue bois inimitable. Jack Lang, oui, même Jack Lang, l'homme des coups bas et des parachutages sans pudeur, se range dans le camp de la gardienne de l'orthodoxie.
À ton âge, avec ton expérience de la politique, ce n'est tout de même pas à toi que l'on va faire avaler que M. Hamon ou Mme Aubry sont des remparts contre une alliance avec le Modem, n'est-ce pas? Nous savons tous les deux fort bien que, le moment venu, la vertu affichée aujourd'hui s'inclinera devant les réalités des nouveaux rapports de force politiques du pays. Mme Aubry discutera demain avec M. Beyrou comme elle l'a déjà fait hier, dans son fief, avec ses représentants.
Alors, mon ami, si tu es satisfait de ce que ton parti est devenu depuis la fin des années Mitterrand, reste chez toi demain, ou va voter pour Martine Aubry.
En revanche, comme je l'espère, si tu désires démocratiser son fonctionnement, ouvrir grandes les portes au renouveau, enfile ta veste, et va donner ta voix à Ségolène Royal. C'est ta seule chance, et la mienne, de voir la politique aller enfin à la rencontre des citoyens de ce pays.
Dans la cahute paumée ou tu t'es retiré, je sais que tu as suivi les péripéties du congrès de Reims. Tu préférerais me fiche à la porte que de le reconnaître, je sais ça aussi. C'est pour cela que je t'écris : tu me liras peut-être. Toi, le vieux militant socialiste, tu ne veux plus entendre parler de ton parti, de ce que ses dirigeants en font depuis quelque temps.
Demain, tu resteras chez toi au lieu d'aller voter pour choisir la nouvelle secrétaire. Tu fronces déjà les sourcils? Parce-que j'ai féminisé d'emblée ce rôle éminent? C'est exact, j'ai feint d'ignorer Benoit Hamon, dont tu te sens plus proche que des deux femmes rivales. Il t'inspirait au départ plus de confiance et de sympathie qu'elles, mais à la fin, ses petites manœuvres t'ont pourtant déçu, puisque tu as décidé de t'abstenir. Et puis, reconnais-le : ses chances d'être élu sont proches du zéro.
Moi, si j'étais au PS, je voterais demain, mon vieux. Oh! je t'entends d'ici ricaner, comme si j'étais près de toi: «Foutriquet! Pourquoi ne t'es-tu pas engagé avec nous, au lieu de donner des leçons!»
La réponse est simple, tu la connais : je n'ai plus l'ardeur militante et l'abnégation nécessaires. Surtout, je suis devenu indocile, réfractaire aux consignes d'appareil. À vingt ans, je militais chez les communistes, je vendais l'Huma le dimanche matin au coin de la place des Ternes, à Paris. Oui, à quelques foulées de l'Arc-de-triomphe et des Champs Élysées. Un endroit super pour vendre l'Huma, mon vieux ! Il nous arrivait aussi, aux camarades et à moi, de faire du porte à porte pour distribuer des tracts. Je me souviens toujours d'une fenêtre ouverte à la volée sur une cour d'immeuble, et d'une voix criant: «Maman, un communiste! » Bien sûr, c'est pour des raison autrement sérieuses que j'ai quitté ce parti, dégoûté du militantisme. Si je te raconte ça, c'est juste pour te rappeler que les besognes ingrates réservées au militant de base, je connais, elles ne me rebutent pas.
Ton PS, c'est autre chose… Tiens, les cotisations déjà : trop chères à mon goût! Et je ne suis pas le seul. Si Ségolène a soulevé le problème à juste raison, c'est que le coût décourage les adhésions. Que dire surtout des mécanismes internes de décision, qui empêchent les militants d'influer réellement sur la politique suivie? Que dire de tous ces barons farouchement opposés à l'émergence de jeunes responsables?
Ce qui se passe aujourd'hui dans ton parti, mon vieux, c'est que tout l'appareil des féodaux fait bloc pour que rien ne change. Bertrand Delanoë a même été obligé de ravaler sa rancune —sermonné, on le devine, par le fantôme de Lionnel Jospin—, et de voler à la rescousse de Mme Aubry. M. Emmanuelli, dont j'ai pour ma part approuvé la condamnation en justice naguère, donne de sa langue bois inimitable. Jack Lang, oui, même Jack Lang, l'homme des coups bas et des parachutages sans pudeur, se range dans le camp de la gardienne de l'orthodoxie.
À ton âge, avec ton expérience de la politique, ce n'est tout de même pas à toi que l'on va faire avaler que M. Hamon ou Mme Aubry sont des remparts contre une alliance avec le Modem, n'est-ce pas? Nous savons tous les deux fort bien que, le moment venu, la vertu affichée aujourd'hui s'inclinera devant les réalités des nouveaux rapports de force politiques du pays. Mme Aubry discutera demain avec M. Beyrou comme elle l'a déjà fait hier, dans son fief, avec ses représentants.
Alors, mon ami, si tu es satisfait de ce que ton parti est devenu depuis la fin des années Mitterrand, reste chez toi demain, ou va voter pour Martine Aubry.
En revanche, comme je l'espère, si tu désires démocratiser son fonctionnement, ouvrir grandes les portes au renouveau, enfile ta veste, et va donner ta voix à Ségolène Royal. C'est ta seule chance, et la mienne, de voir la politique aller enfin à la rencontre des citoyens de ce pays.
5 commentaires:
Je vous lis, je vous lis... je n'interviens pas ou peu, pas assez douée pour ça... mais, j'apprends !
Quel idée ce modem?
Surtout un parcours très proche du mien sauf que j'étais à Malakof et Montrouge pour distribuer mes tracts!
veinards! moi je changeais les couches
Rien à rajouter... ah si peut être... le programme de gouvernance proposé aux militants... Mais je suis rassuré les mots dinde, débile, cruche fleurissent déjà sur les forums.
Oui c'est dangereux de nos jours, de proposer des choses un peu différente, proposer aux militants de prendre en main le parti... et si d'aventure elle était élu, j'en connais qui ne manqueront pas de lui rappeler ses engagements.
Mais c'est vrai vaut mieux mettre Bartolone, Cambadélis, Aubry ... au moins on est certain qu'on ne nous (les militants) entendra toujours pas.
Bérénice, je vous lis aussi, avec plaisir!
Macao, tu vois, on aurait presque pu se rencontrer!
Martine, heu, je crois que je n'aurais pas échangé… :-)
Marc, oui, il y a le programme, mais finalement il en a été si peu question! C'est la déloyauté des attaques qui m'a le plus étonné, très souvent axées sur la seule personne de S.Royal, presque dans les traditions de la droite extrême. Enfin, vivement samedi que tout cela se termine et que la paix revienne tant bien que mal dans le PS! Il est temps!
Et merci de votre visite !
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