mardi 13 janvier 2009

Nicolas 1er et les droits de l'opposition

Ce matin, 12 bis de Janvier, notre Bien-aimé Nicolas 1er recevait au palais son opposition officielle venue lui présenter ses vœux. Ce fut un moment vrai, de pure satisfaction que d'assister à l'arrivée de ces trois gueux, rebuts de la feue république. Pour mémoire, rappelons qu'il s'agissait d'un sénateur de Gaule-Atlantique et de deux députés issus des chomvilles d'ici et de là-bas. Vêtus de leurs meilleures guenilles, chaussés de baskets, la poitrine ceinte de l'écharpe aux couleurs de la Nicosie, pourpre, blanc, azur, ils empestaient l'eau de lavande à dix mètres. Dans le grand salon bien rempli par la fine fleur du régime: le premier sapir, son gouvernement , y compris le nouveau commis aux tendrons, l'Auguste Famille, les cousins du sang, les cousins demi-sang, la banque, l'industrie, et le journaliste du Journal, on eut bien du mal à contenir les moqueries.
Du haut de son trône, le Bien-aimé, appela avec indulgence l'assistance à davantage de charité : «Mes amis, moi, je vous le dis, il faut respecter les élus du peuple!» L'opposition lui dédia trois regards de gratitude famélique, mais néanmoins sans arêtes, et vint s'incliner humblement.
C'est le sénateur qui eut l'honneur de réciter le compliment de bonne année, ce dont il s'acquitta en bégayant d'émotion. On peut résumer son discours en un bout de phrase: «surtout portez-vous bien, sire, parce que tant que vous avez la santé, ça ira! » Après quoi, le Bien-aimé lui dit:
«Merci Toto! Mon opposition parlementaire a-t-elle, à présent, quelque protestation à émettre?
— Nous en avons deux, sire, dit le sénateur en regardant la pointe de ses baskets.
Eh bien, j'écoute! répondit le Bien-aimé avec un soupir.
Nous voulons disposer d'un temps de parole plus long pour critiquer les lois, dit le député de là-bas.
Vous avez droit à combien, déjà?
Une minute, sire.
Vous avez raison, ce n'est pas assez! Moi je veux que toutes les voix de mon peuple s'expriment, même celles des connards. Désormais vous aurez une minute et demi… Quoi d'autre?
— Nous réclamons le rétablissement du 13 dans le quantième des mois.»
Une rumeur de protestation indignée parcourut l'assistance tandis que le Grand Nicolas perdait brusquement patience.
« Vous n'y pensez pas sérieusement? Ça porte malheur ! lança-t-il.
Le peuple des chomvilles s'en fiche, majesté: le malheur, il vit dedans trente jours par mois, douze mois par ans… Et il croit que le chiffre treize porte chance!» proféra le député de là-bas avec l'arrogance d'un tribun aviné.
Le Bien-aimé médita quelques instants avant de répondre. «Je vais nommer une commission d'étude pour la réforme du 12 bis… Mais je ne promets rien. Quand on gouverne, il faut savoir prendre des responsabilités, bousculer le conformisme, même au risque de l'impopularité. Cassez-vous maintenant.»
source image

PS: un nouveau texte à lire sur le blog de Balmeyer, qui vaut toujours le détour…

6 commentaires:

Anonyme a dit…

La fiction rejoint parfois la réalité... Là y a quelque chose de tellement vrai...

Nicolas Jégou a dit…

Tant qu'il reste de l'opposition...

Anonyme a dit…

Euh... La dernière phrase élague inconsidérément le propos de notre Majesté.
Il me semble bien que Nicoléon clos son discours non par "Cassez-vous maintenant" (il ne connaît pas "maintenant" il ne connaît que "tout d'suit') mais par un virulent "Cassez-vous pauv'con !"

Anonyme a dit…

"clot", bien sûr, pas "clos"

Le coucou a dit…

Stef, par la satire…

Nicolas… y a de l'espoir.

le-gout-des-autres
C'est vrai, c'est élagué, mais je l'ai déjà cité entièrement plusieurs fois.

Anonyme a dit…

Fiction ? Hmmm ? J'ai presque un doute.