mardi 13 octobre 2009

Le chagrin de Nicolas 1er


N'allez pas croire qu'au palais, on est si différent du bon peuple Franchois que l'on ne partage aucune de ses préoccupations. Tenez, ces jours-ci, chaque Franchois souffre en silence de savoir l'honneur de la nation bafoué à l'étranger par tout ce que les médias internationaux comptent de torches-culs et d'émissions lubriques. Je veux parler de ces abjectes accusations de népotisme portées contre notre Bien Aimé Empereur. Qu'on le sache: devant ces attaques, Nicolas 1er pourrait garder la froideur d'une banquise, l'âme aussi pure et blanche que ses glaces blanches, pas même troublée par la tache d'une faute, noire comme un petit pingouin qui passe. Et pourtant le Bien Aimé pâtit de l'affliction de son bon peuple, il pleura ce matin dans les bras de Sa Gracieuse Lala.
«Mais pourquoi qu'ils ont honte, ces connards? On s'en fout de ce qu'ils disent en Chine, en Suisse, en Amérique, et ailleurs… On est chez moi, pas vrai?
—Oui, mon Nicou, t'as raison.
—Et chez moi, je fais ce que je veux, merde!
—C'est sûr.
—Et en plus, c'est même pas vrai, cette accusation de népotisme! J'ai demandé à Riton de m'expliquer…
—Prends ce mouchoir, j'aime pas quand tu pleures… Il a dit quoi, le bon Saint Henri?
—Le népotisme c'est un truc plus vieux que ma mère, ça remonte au temps des loggia…
—Des Borgia, tu veux dire?
—Peut-être, je m'en fous… En tout cas, pour qu'il y ait népotisme, faut un népote. Et est-ce que j'ai un népote, moi? T'as vu un népote quelque part dans la maison?
—Si ma mémoire est bonne, c'est un neveu… Ah, non! Tes neveux ne sont pas venus ici depuis un moment.
—Bon, à l'étranger y me reprochent d'avoir fait élire le fiston Janou sapir des comices départementales et de vouloir le nommer président de l'Etablissement impérial pour bétonner les affaires. Mais le prince Janou, c'est mon fils, pas mon népote!
—Ben oui, c'est le fils que t'as eu avec cette tr…
—La ferme! C'est pas le moment de me faire ta crise de jalousie, Lala. On parle de la bêtise de mon peuple, pas d'autre chose.
—Le népotisme, mon Nicou, c'est aussi quand on refile les honneurs et les places juteuses à sa famille et à ses copains…
—Faut pas charrier, quand même! Prends n'importe quel Franchois qui invite des gens chez lui… Et demande lui s'il trouve anormal qu'on refile en douce un plus gros morceau de gigot au fils de la maison, tu verras!
—Ben oui, mon canard, t'as raison.
—Faudrait qu'à Télé-Nicolas, ils fassent une bonne émission politique pour leur expliquer, c'est leur boulot. Mais y sont bons à rien, à ma télé… Des fois j'ai envie d'en faire décapiter un ou deux pour secouer les autres.»
On le voit, notre Empereur est très affecté par les émois de son peuple. Il est temps de nous lever comme une seule femme et de lui crier notre amour: «Le pays est à toi, Ô Bien Aimé! Prends tout et laissons glapir les doryphores dans le désert!»

16 commentaires:

Anonyme a dit…

Que j'aime cette plume qui nous conte les belles histoires du palais et de notre bien aimé!Bonne nuit tes rêves sont magnifiques et je subodore que tu dois t'endormir comme un bébé pleins de fous rires!

Le coucou a dit…

Macao,
bonsoir et merci de ta visite! J'ai eu du mal à le passer, ce billet là: c'est Nicolas qui a réussi à le publier pour moi…

BA a dit…

Dialogue entre Nicolas et Jean Sarkozy.

- Jean, lis cette feuille.
- Pourquoi, papa ?
- C'est des " éléments de langage ".
- C'est quoi, papa ?
- C'est des phrases-type, des réponses-type. Tu dois les apprendre par coeur et tu dois les réciter quand un journaliste te pose une question sur l'EPAD.
- C'est quoi, l'EPAD, papa ?
- C'est là où on prendra le pognon pour l'élection de mai 2012.
- Quelle élection de mai 2012, papa ?
- T'occupe pas. Tu apprends par coeur ces phrases. C'est LOUVRIER qui les a écrites.
- C'est quoi, l'ouvrier, papa ? J'en ai jamais vu.
- Non. Pas l'ouvrier. Je parle de FRANCK LOUVRIER.
- C'est qui, papa ?
- C'est le mec qui s'occupe de la communication à l'Elysée. FRANCK LOUVRIER m'a dit que tu devais te couper les cheveux, te les faire teindre en châtain, et tu dois mettre des lunettes.
- Pourquoi, papa ?
- Parce que tu dois prendre le look des mecs qui bossent à La Défense.
- Mais non, au foot, je joue en attaque.
- Tu fais ce qu'on te dit de faire et tu arrêtes de poser des questions.

romain blachier a dit…

eh oui tout va ainsi dans notre doulx royaume !

Le_M_Poireau a dit…

Les franchois, c'est bien connu, ne savent jamais comprendre que ce qui est bon pour Nicolas le 1er est bon pour lui !
:-))

[Laissons glapir les doryphores, ça vient d'où ? Ça sonne bien !!!].

Homer a dit…

Comme d'habitude, billet très plaisant. La position de notre royaume face à l'international inquiète beaucoup l'empereur, qui tente d'y redorer son blason. Ce matin, sur BFM (Biche Façon Maison), le chaine non-officielle du royaume, un économiste démontrait que tous les projets de ces derniers mois tombaient à l'eau, souvent poignardés par une partie de la majorité. L'empereur, fièrement assis sur son trône percé, est-il en danger de crédibilité face à ses troupes?
Evidemment, sa propension à placer ses potes et sa famille à des postes clés peut être la goutte d'eau qui fait déborder le vase.
Bienvenue en Sarkozie.

babelouest a dit…

Il ne lit pas les journaux, il n'écoute pas la radio, on n'a jamais entendu dire qu'il regardait la télé, et je doute qu'il aille personnellement sur internet.

C'est donc le sapir de la propagande qui lui annonce chaque matin les nouvelles qui seront diffusées ensuite au pays. Le sapir a un atelier spécial pour fabriquer ces nouvelles, avec son menuisier qui découpe la langue de bois, et son soudeur qui assemble les séquences auxquelles les sujets croient dur comme fer. Il a aussi un peintre pour les finitions, un peintre qui a une petite moustache. Du très beau travail ! A admirer sans modération tous les soirs au Vainteur. Le reste des nouvelles, non diffusées, passe au Vaintu.

Le coucou a dit…

BA
très réussi le petit sketch…

Romain,
j'ai loupé ton billet sur le même sujet à trop me bagarrer avec blogger, hier soir!

M. Poireau,
les Franchois sont cons, aussi, ça explique tout! :-)))))
(pour les doryphores glapissans, ils sont venus hier soir, comme ça, parce qu'il fallait bien conclure, et vite…)

Homer,
en effet, il fait de plus en plus râler son propre camps et beaucoup de projets sont retardés ou dénaturés pas ses troupes : mais souvent pour les aggraver!
Cette histoire de promotion accélérée de son fils, pourrait mal passer dans l'opinion, curieusement, c'est le genre de symbole qui frappe les Français en général.

Fleche a dit…

Excellent.
Oh juste une précision, je me demande si ce n'est pas Chouchou plutôt que Nicou :)). C'est plus classe n'est-ce pas ?
Ce serait à mourir de rire si c'était une fiction, mais non, nous ne rêvons pas malheureusement.

FalconHill a dit…

Sympa de passer ici ce matin :)

Triste chateau en ce moment...

Le coucou a dit…

Fleche,
je n'oserais pas me permettre un tel emprun à la réalité pour nourrir mes petites fictions: imagine que des lecteurs malintentionnés confondent mon Chouchou d'opérette avec un Chouchou de la république?

Falcon,
bonne journée! :-))

Le coucou a dit…

Babelouest,
quelle vaillance! De bon matin, tu es déjà dans l'atelier à façonner tes commentaires?
Merci du résultat, ça meublera le billet! Moi je retourne à mon café pour essayer de me réveiller complètement… :-))

Christophe Sanchez a dit…

Et bien quel honneur de retrouver mon blog sous ce mot ! merci :)

Le coucou a dit…

αяf, c'était avec conviction, et pour saisir au vol le rapport de l'expression avec ton billet…

Mathilde a dit…

Un écrit sans auteurs qui circule sur le web devrait vous plaire "message républicain" est un texte à plusieurs mains qui vous rappellera au bon souvenir des phrases passées http://www.tribords.com/?message-republicain

Le coucou a dit…

Mathilde,
j'ai lu: très éloquente, cette verve politicienne!