Récemment, pour relativiser l'importance de l'affaire Clavier, un billet de blog soulignait qu'il est compréhensible, lorsque votre maison est envahie de manifestants et que vous avez la chance d'être un pote du président, de l'appeler à l'aide. Vu sous cet angle, c'est humain, d'accord. En revanche le problème est différent lorsqu'on considère le cas de M. Sarkozy. Moi, si j'étais président, j'aurais dit à mon ami de s'adresser à la police, ou au préfet, bref, j'aurais refusé d'accorder un passe-droit. Et j'aurais félicité le responsable de la sécurité d'avoir évité un affrontement inutile. Je ne suis pas président, c'est facile à dire, je sais. Il n'empêche qu'en remâchant cette histoire, quelque chose me frappe : il est possible que Nicolas Sarkozy ait obéi à un réflexe d'homme d'état ennemi du désordre et adepte de la fermeté. Il en a depuis longtemps le langage et en sait mimer la manière quelquefois. Cela ne me rassure pas, lorsque je me souviens d'un passé guère reculé : Mai 68. Pour ceux qui n'ont pas connu ces événements, ou les ont oubliés, je rappellerai un gros détail de l'histoire. Ce printemps émeutier s'est achevé dans la déception pour certains, dont j'étais, et le soulagement pour d'autres, presque sans drame. Grâce au sang-froid d'un premier ministre, M. Pompidou, et surtout d'un préfet de police, Maurice Grimaud, qui surent rétablir l'ordre républicain en faisant passer l'intérêt général avant leur orgueil bafoué par la rue. Si cela devait se reproduire demain, je me demande combien M. Sarkozy laisserait de victimes sur les pavés.
13 commentaires:
Oui, effectivement: un seul mort - si ma mémoire est bonne - suite au bordel produit en 68 et on peut donc soutenir que M. Pompidou, et surtout que le préfet de police, Maurice Grimaud, ont "assuré".
Lors des événements récents qui ont mis le feu dans les banlieues, alors que M. de Villepin était 1er ministre, il me semble que le ministre de l'intérieur de l'époque ne s'en est pas mal sorti non plus, puisque, là aussi, au cours de ces événements, les forces de l'ordre ont très bien "assuré", même si Villepin a pour cela proclamé un état d'exception.
Alors d'où vient ce procès d'intention qui vous fait dire: "je me demande combien M. Sarkozy laisserait de victimes sur les pavés."?
Je ne suis en aucun cas un "supporter" de Sarkozy mais il me semble qu'il faudrait tout de même arrêter de le diaboliser, histoire de se faire une réputation de "résistant" à bon compte.
Je rêve de voir des gens comme vous, sous un régime tel que celui de M6 qui n'est pourant pas un despote particulièrement sanguinaire et j'imagine ce qu'en tant que blogger vous oseriez écrire dans vos colonnes en réaction, par exemple, à la répression policière qui a touché dernièrement des étudiants marocains de Marrakech ou des pécheurs du port de Tantan ou Sidi Ifni. Je me tords de rire à l'idée de voir les fiers 68tards fr. face aux chabakounis dirigés par le charmant ministre de l'intérieur marocain.
Je suis désolé de vous le dire, mais il faudrait que vous puissiez vous rendre compte de ce que veut dire vivre dans une dictature au lieu de vous la jouer et de vous monter la tête entre bloggers, comme des adolescents en mal d'aventures et d'héroïsme à bon marché.
Cette remarque s'adresse à vous, mais n'y voyez pas une attaque personnelle, parce que ce que je vous dis ici englobe tous les personnes comme vous, qui chantent à longueur de blog de pitoyables rengaines révolutionnaires à 2 cents ! Vous ne croyez pas que vous avez passé l'âge, non ? C'est le genre de réflexions que je ne fais pas d'habitude, parce que je suis certains qu'elle ne seraient même pas comprises, tellement les rébolutionnaires de pacotilles s'accrochent au rôle qu'ils aiment jouer, mais - je ne sais pas pourquoi, je découvre votre blog - je me dis que c'est une remarque que vous être en mesure d'entendre.
Bien à vous et désolé pour cette entrée fracassante - même si elle ne casse pas gd chose ;-)
Ha... les commentaires sont censurés, je n'y avais pas fait attention pour le précédent. Donc.... désolé, j'ai pour principe de ne rien livrer à la censure. Ce qui fait que c'est la dernière fois que je commente sur votre blog.... à moins que le censure soit par la suite levée.
Censuré ? Oui et non : j'ai fini par ne plus supporter les commentaires anonymes (débuts du blog), et par me méfier des propos diffamatoires. Je vous répondrai dans un moment, merci de votre visite, en tout cas.
Scheiro, je ne vous ferai pas l'injure de vous prendre pour un admirateur de Sarkozy, ni un contempteur absolu de la gauche, j'ai trouvé dans votre blog des idées incompatibles avec la trivialité du premier et pas si éloignées de la seconde. Lors des émeutes dans les banlieues, comme vous le précisez, M. de Villepin était chef du gouvernement, et M. Chirac à l'Élysée : la marge de manœuvre de leur ministre de l'intérieur était donc réduite. On ne peut pas en tirer la conclusion que M. Sarkozy seul, a évité le pire. D'autre part, la situation était différente dans les événements de 68, plus longs, plus émeutiers encore, et surtout politiquement infiniment plus risqués pour le pouvoir. Il y a eu dans l'opposition d'alors l'espoir que le régime gauliste allait s'effondrer, et un moment (pendant la disparition du général), où personne ne semblait capable de prévoir comment les choses tourneraient. Ceci pour redire que l'impétuosité et la vanité de l'actuel président ne m'inspireraient guère confiance en pareille situation.
Maintenant sur le reste, je ne sais trop que vous répondre. J'ai dépassé l'âge de croire au "grand soir" et d'attendre une révolution que je ne souhaite plus, d'ailleurs. Mais j'aimerais faire partager mon attente d'une vraie démocratie —à la suisse, vous voyez, je ne demande pas la lune. Et je ne confonds blog politique et résistance. J'ai connu des gens qui avaient réellement Résisté, et maintes fois risqué leur peau pour des causes autrement vitales que la dénonciation des écarts de notre petit consul. Je sais faire la différence. Je dis mes préoccupations citoyennes à ceux qui veulent bien les lire, rien de plus.
Un dernier mot sur la liberté de commenter ici : donnez-moi un tuyau pour en bannir les anonymes sans perdre mon temps à surveiller le blog…
Comme vous le constatez, je ne résiste pas à faire un peu de provocation parce que c'est avant tout une sorte de test qui, selon la réponse, me permet de savoir ce que mon interlocuteur est prêt à supporter. Par contre le fait de lire encore une critique négative - et, dans ce cas, un procès d'intention, parce que objectivement c'en est un - contre Sarkozy m'irrite, non pas parce que je trouve l'homme sympathique ou réellement efficace, mais parce que c'est dans la franco-bloggosphere un des thèmes qui revient le plus, une chose quasi inévitable quand on se lance dans la lecture de blogs qui abordent les sujets politiques. Pour certains, on dirait que c'est devenu un jeu, sinon une obsession, avec un Président responsable de tous les maux de la terre. Mais comme cela fait maintenant plus d'un an que les mêmes accusations reviennent avec une fréquence étonnante, et très peu de variantes, ce rabâchage est devenu absolument indigeste.
Vous avez raison de dire que 68 était infiniment plus risqué pour le pouvoir que les émeutes dans les banlieues, mais lorsque la violence s'installe c'est, à mon avis, qq chose de très difficile à contrôler et la chaîne des responsabilités des gens chargés du maintien de l'ordre est tellement longue qu'on ne sait pas comment les choses peuvent tourner, ne serait-ce que parce que les ordres ne sont pas tjs respectés. Evidemment, tout au sommet, il vaut sûrement mieux avoir un chef d'état qui ne soit pas trop nerveux, mais je ne crois pas non plus qu'il pourrait, seul, réellement peser sur une situation où l'anomie se serait largement installée. Dans des situations véritablement dangereuses, ceux qu'on prennait pour des durs peuvent s'avérer des lâches et vice versa. Qui aurait pu imaginer le grand Charles, ce héro, ce dur à cuire, fuir la France en hélico pour se réfugier en Allemagne après avoir fait pipi dans son pantalon.
C'est pour cette raison que je m'oppose à la conclusion que vous tirez d'une histoire qui, encore une fois, n'en est pas une. Et particulièrement dans cette affaire Clavier où les 'indépendantistes' sont encore moins crédibles que le dernier des politiciens de la République. Je suis persuadé qu'il n'y a aucun dialogue à avoir avec cette racaille et je ne comprends pas qu'on puisse prêter une seconde qq crédit à la parole des ces grandes gueules de gardiens de chèvres qui agissent que pour de sombres petits intérêts pécuniers, ce qui s'appelle tout simplement du racket.
Je crois comprendre ce que vous entendez par vraie démocratie. Sauf qu'au risque de vous décevoir je dois vous dire que je ne crois pas à la démocratie - même pas pour les Suisses qui semblent plus proche de ce régime politique théoriquement idéal.
Ce que nous appelons démocratie n'est qu'un ersatz, un avatar d'un régime autoritaire masqué, où, certes, les possibilités de se placer du bon côté du manche sont plus probables, avec un niveau de violence physique bien moins prégnant que par le passé. En contre partie la violence psychologique et bien plus intense et le pouvoir - la biopolitique - s'est installé jusque dans nos assiettes [mangez 7 fruits, 7 légumes]. Ce régime à fait de ses citoyens de véritables légumes, tellement craintifs qu'ils en arrivent à avoir de l'admiration pour de vulgaires délinquants comme ses pseudo indépendantistes ou de sombres crétins qu'ils pensent subversifs comme Coluche, Siné ou M'bala M'bala. C'est à ça qu'on mesure les ravages de la citoyenneté, le niveau ahurissant de soumission aux pouvoirs institutionnels des habitants des démocraties. Les niches de liberté réelle sont quasi inexistantes. Les Afghans, les Pakistanais, les Indonésiens, les Kenyans ou les Soudanais ont en réalité bien plus de liberté que nous, dans le sens où ils exercent leur libre arbitre, pour faire face au difficultés du quotidien, bien plus souvent que nous. Je crois que ce qui nous plaît, à nous Occidentaux, c'est notre confort matériel et c'est ça qu'on appelle démocratie.
Vous me dirait ce que vous pensez de ce point de vue, Jean-Louis car je suppose qu'il présente de nombreuses failles que je ne perçois pas étant donné que mes théories politiques sont très sommairement pensées.
Vous désignez les trolls sous le terme générique d'anonymes ou bien tous les anonymes vous sont antipathiques. Mais effectivement si de véritables trolls ont décidé de pourrir l'espace "Commentaires" de votre blog, je ne connais pas d'autre solution sur Blogger que de modérer a priori. Sur WordPress une autre solution existe, avec un plugin spécial, mais pas pour Blogger malheureusement.
Bon, je passe outre le fait que mes réponses soient modérées. Mes principes ne sont que de tous petits principes; chaque situation demande une révision de ces fameux principes et je suis tjs prêt à réviser ;-)
scheiro, comme vous le voyez, je ne censure pas la contradiction. Non, tous les anonymes ne sont pas des trolls, loin de là. J'en ai eu deux ou trois, je ne sais plus trop, qui ne l'étaient pas. Mais l'anonymat favorise l'irresponsabilité des propos, et lorsque la majorité des intervenants le pratique, une confusion insupportable s'installe. Si vous en avez la patience, jetez un coup d'oeil aux archives d'avant Juillet.
Je ne vous répondrai sur le fond que demain, je dois sortir, et je préfère avoir les idées claires . Bonne soirée.
PS: je voulais dire : deux ou trois trolls qui n'étaient pas anonymes.
Je ne sais pas si la blogosphère abuse de l'antisarkozysme davantage que les médias classiques, mais je trouve votre irritation à ce sujet tout autant obsessionnelle. Les blogs qui se veulent à gauche combattent Sarkozy, chef de la droite. L'objectif est de faire en sorte qu'il soit battu lorsqu'il sera candidat à un second mandat présidentiel. Cela se déroule dans le cadre d'une lutte politique démocratique normale, et je ne vois rien de choquant à ce qu'une partie de la blogosphère tente de suppléer tant bien que mal à l'atonie actuelle de l'opposition officielle. D'autant plus que parmi les blogueurs et commentateurs figurent un nombre non négligeable de militants, du PS —comme Marc Vasseur par ex.—, du PC, du MoDem, etc. Ces militants font leur boulot, lequel me semble aussi utile sous cette forme que la fréquentation des marchés du dimanche matin. Pour les autres, de mon espèce, peut-être faut-il y voir une sorte de militantisme instinctif, plus farouche, réfractaire à la discipline de parti, et je ne trouve pas qu'il soit méprisable de réfléchir à voix haute sur notre société. Quant à M. Sarkozy, il pose des problèmes nouveaux à ses concitoyens sensibles au devenir de notre démocratie : son impudeur dans la jouissance des privilèges du pouvoir en est un, secondaire sans doute, mais il est déjà moralement et "esthétiquement" déplacé dans ses fonctions. Surtout, on peut considérer qu'il a parachevé l'espèce de coup d'état paisible contre la démocratie républicaine à la française, démarré en 1958 avec la constitution de la Ve (les représentants du peuple réduits à la figuration intelligente). Il concentre désormais à peu près tous les pouvoirs entre ses mains. Si vous ajoutez à cela le soupçon de népotisme et son tempérament fantasque (le terme de caractériel serait trop fort), il devenait inévitable qu'il soit l'objet d'attaques obstinées. Il n'y a aucun rabâchage à son égard, simplement d'innombrables doigts qui pointent chaque jour, sur chaque mauvais tour du bonhomme. Comme M. Sarkozy a aussi du talent dans son art, et certainement aussi quelques qualités que les blogueurs de droite ne se privent pas de mettre en valeur, ce ne sera pas une mince affaire que de s'en débarrasser, au terme de son actuel mandat.
Pour le reste de vos remarques, en vrac : je ne partage pas non plus votre jugement sur le voyage en Allemagne du général De Gaule. Je n'appréciais pas cet homme (euphémisme !), essentiellement parce que la France qu'il aimait tout en méprisant les français était une nation virtuelle, un fantasme, et qu'il exerçait le pouvoir en monarque —déjà ! Mais en tout cas, on ne pouvait en aucune façon le soupçonner de lâcheté.
Épingler le passe-droits et le caprice incohérent témoignés par l'affaire Clavier, n'était en aucune façon apporter un soutien aux indépendantistes corses qui méritent largement les noms d'oiseaux dont vous les qualifiez. Je n'ai d'ailleurs vu jusqu'à présent aucun blog de gauche sympathiser avec leur cause.
Siné : c'est la dénonciation d'une injustice, d'une magouille indigne. Siné n'est pas antisémite, sa chronique était une satire normale de la part d'un journaliste libertaire. Comme Coluche naguère, il fait métier de ce qu'il sait bien faire, habité des idées qu'il porte en lui. Si tous ceux dont l'activité est de s'adresser au public, chacun dans son registre, élevé, profond, léger, objectif, subjectif, ou populaire, s'interdisaient de traiter du pouvoir, de la politique, d'où viendrait l'expression des émois, des attentes de la société ? J'ignore si les afghans, pakistanais, etc., ont plus de liberté que nous, mais vous avez raison de vous étonner de notre soumission aux pouvoirs institutionnel —ou plutôt, me semble-t-il, de notre crédulité devant leurs discours, parce qu'en théorie, la démocratie nous donnerait les moyens intermittents d'inverser la proposition. Nous aimons notre confort qui nous tiendrait lieu de démocratie ? Mais c'est le propre de toute société humaine d'aspirer à vivre mieux, et de rechercher un mode fonctionnement qui en garantisse la permanence.
Je ne partage pas votre avis au sujet de Sinet qui, pour moi, est un antisémite doublé d'un véritable connard hypocrite, un narcissique boursouflé à la cervelle jamais bien développée et ravagée par des lustres de consommation de boissons alcoolisées; mais, ce type n'a, pour moi, aucune importance: je ne savais même pas qu'il existait encore, tellement cette sous-culture populaire et populiste est loin de mes intérêts habituels. Sarkosy a un peu plus d'importance à mes yeux que cet alcoolique gâteux - alcoolisme et gâtisme qui n'excusent pas l'antisémitisme - simplement par le fait que ses prises de décisions peuvent avoir une influence sur l'environnement - environnement pris au sens large. Des mises en places de politiques sécuritaires ou sanitaires, des choix d'orientation en termes budgétaires, des accords commerciaux ou diplomatiques passés avec des puissances étrangères, et même de simples actes n'ayant qu'une portée symbolique, pris par le chef de l'état ne me laissent pas totalement indifférents parce que j'aime bien deviner les évolutions de la société dans laquelle je suis immergée, même si je fais tout pour avoir le plus de distances possibles avec les membres qui la composent. J'observe la vie politique comme un météorologue observe le climat: il n'a aucune influence sur l'objet mis sous surveillance mais il sait, avec trois ou quatre jours d'avance, comment s'habiller pour sortir. Je ne refuse pas de discuter politique, parce que, si je n'agis en rien dans ce domaine, je pense que les spéculations, paris, perspectives stratégiques, combinaisons socio-psychologiques et toutes ces constructions intellectuelles qui peuvent être élaborées à partir de ce matériau ne sont pas sans intérêt. Mais comme je refuse toute prise de pouvoir de l'autre sur mon Moi - comme dirait Max - et que je veille à ne pas prendre plus de pouvoir, qu'il ne m'est nécessaire d'en prendre, sur l'autre, je rejette la politique, qui est l'acceptation d'un pouvoir purement arbitraire détenus par une clique. Une clique qui a forgé des armes - matérielles et intellectuelles - et s'est regroupée, telle une meute de chiens, pour satisfaire plus facilement des désirs, des pulsions inavoués et inavouables.
Je sais que vous ne pouvez pas prendre en compte ce discours, Jean-Louis, parce que tout votre édifice idéologique viendrait à basculer. Et votre idéoloqie me semble tout à fait évidente à la lecture d'une phrase comme celle-ci qui resume tout : "Mais c'est le propre de toute société humaine d'aspirer à vivre mieux". Malheureusement, sur le plan anthropologique elle est absolument irrecevable, à moins d'ignorer les sociétés sans état ou contre l'état - Clastre, Henriquez - ou froides, an-historiques - Lévi-Strauss, à moins d'ignorer Rousseau.
Or pour ma part une autre façon de vivre est possible. Et, si je tiens compte des contraintes imposées par l'état et les institutions, je le fais avec le point de vue d'un "non-civilisé" - d'un non citoyen, en tout cas - qui ne tente que de s'adapter à la jungle artificielle dans laquelle il a été déporté, le mileu, le zoo, dans lequel il est obligé de vivre.
Je ne sais pas si je me fais bien comprendre. Mais vous me le direz, Jean-Louis :-)
La première chose que m'inspire votre discours, enfin, plutôt votre entrée en matière, c'est une certaine ironie. Ce vous écrivez de Siné, dont en fait vous ne savez certainement pas grand-chose, faute d'intérêt pour la «sous-culture populaire et populiste» (du reste je ne m'y intéresse moi-même que de loin en loin), ce que vous écrivez de Siné, vous ne l'auriez pas écrit ici de M. Sarkozy. Je m'explique : vous pouvez vous permettre d'insulter bassement Siné, et moi, de vous publier alors que j'essaye, en principe, de bannir les injures du blog, parce que je sais, non seulement qu'il ne vous lira probablement pas, mais surtout qu'il est au-dessus de ça, et que la violence de votre sortie à son sujet se désarme elle-même. Vous connaissez le mot de Talleyrand : tout ce qui est excessif est insignifiant… Auriez-vous étrillé Sarkozy de cette façon, j'aurais supprimé votre commentaire, je crois. Non seulement parce que j'en serais responsable, éventuellement, mais aussi parce que je refuse les attaques à l'intimité des personnes. J'ai de l'estime pour Siné et ses pareils, y compris ceux qui ont eu la faiblesse de le lâcher. Ils font partie de ce milieu que l'esprit petit-bourgeois enfermait naguère dans le mot "saltimbanque", appliqué en fait à tout ce qui sort des normes, tout ce qui s'écarte de l'idéal du convenable —du correct, on dit aujourd'hui. Je vous devine quasi-fonctionnaire, vous ignorez tout des affres et des joies d'une vie libre, d'une parole et d'une pensée libre —encore que sur ce dernier point, je sois forcé d'admettre que vous sortez largement des sentiers battus.
Je peux parfaitement comprendre votre discours, en apprécier quelques points, et me douter qu'il doit faire de vous un commensal imprévisible : vous avez la culture, le jugement mi-lucide, mi-vitrioleur, mais êtes-vous un parfait misanthrope, débordant d'aigreur, ou un humaniste sujet aux sarcasmes? Avec l'humour tout passe, j'en ai trouvé dans vos collages "escheriens", mais peu dans vos propos.
On peut retrouver, me semble-t-il, la quête d'un certain bien-être et la discussion de "l'ordre social" jusqu'au sein des grandes maisons Yanomami…
Enfin, voilà, un peu en vrac, ce que votre commentaire me donne envie de répondre. Et vous restez le bienvenu, pourvu que votre mépris, par endroits, adopte un autre vocabulaire. Bonsoir scheiro ;-)
Ce qui est assez amusant c'est que vous autorisez Sinet(é) à insulter la terre entière au nom de la lutte anti-bourgeoisie mais que vous hésitez à conserver mon commentaire alors que j'utilise un niveau de langage similaire au sien pour parler de lui. Pourtant, je dois vous donner raison, Jean Louis "tout ce qui est excessif est insignifiant" et c'est bien en vertu de cette adage que je disais, sur le commentaire précédent, que Sinet est insignifiant. D'autant plus insignifiant que je ne vois pas ce qui distingue ce type d'un petit bourgeois, au sens où Barthes l'entendait dans ses Mythologies, par exemple. Contrairement à ce que vous en pensez, je ne trouve pas ce genre d'individus subversifs, et, je pense qu'ils valident par leur comportement le système en place. Ceci parce que l'Ordre a besoin de représentants du "désordre" afin de signifier où se trouve le Pouvoir, d'où et sur quel ton il parle. De plus, laisser un ivrogne gueuler des insanités sur le place publique - cette ivrogne a un domicile, des papier en règles, il paye ses PV et ses impôts - fait passer celui qui tient le manche du fouet pour quelqu'un de tolérant, presque sympathique. De temps à autre le pouvoir iranien pousse les étudiants à manifester dans un cadre qu'il est certain de pouvoir maîtriser, c'est une sorte de soupape de sécurité. Pour en finir avec Siné, je dois vous faire remarquer que cette grande gueule est vraiement sans complexe par rapport à sa doctrine anarchiste sachant qu'il a fait appel à la justice pour régler son contentieux avec Val - un comble ! Et personne ne trouve rien à redire à ça ;-)
Mais là où je vous donne vraiment raison c'est que le fait d'insulter Siné ne changera certainement pas son comportement. Effectivement, il y a très peu de chance qu'il lise ces insultes. Même chose, à mon avis, pour Sarkozy qui n'en saurait pas plus, si je me mettais à l'insulter. C'est pour cette raison que je ne comprends pas pourquoi tant de gens passent tant de temps à ne faire que ça: insulter le président. On retrouve les qualificatifs "nabot", "dictateur" et j'en passe, sur des 100aines de blogs. Comme je vous le disais, c'est facile parce que ce n'est pas Ben Ali ou Khadafi que les fr. ont comme chef d'état. Je ne lis pas le Russe mais je ne crois pas que, même bien torchés, il y est bcp de bloggers de nationalité russe qui s'amusent à ce genre de sport. Donc les "subversifs" d'ici me semblent tous simplement ridicules. Encore plus quand ils ont un statut comme Siné, au point que la police se chargerait d'assurer sa sécurité si par erreur cette tête de noeud se mettait les islamistes à dos. C'est très peu probable, je vous l'accorde.
J'ai lu votre blog, Jean Louis, je comprends votre désir de voir votre village géré le plus honnêtement possible et je devine les difficultés que vous pouvez avoir avec ceux qui sont opposés à vos idées et aux idées de ceux que vous soutenez. Je ne vous connais pas mais, pour ce que je peux savoir, je suis convaincu de votre sincérité.
Vous faite fausse route en m'imaginant sous les traits d'un fonctionnaire ou de qq chose d'assimilable. Je pourrais vous dire exactement ce que je fais, mais c'est peut-être plus amusant de vous laissez deviner. C'est pareil au sujet du niveau culturel que vous me prêtez: il est à peine au-dessus de la moyenne, ce qui me semble bien peu élevé, malgré mes efforts à appréhender la véritable Kulture, celle que possède les intellectuels, les savants, les poètes que j'admire.
Vous vous trompez en me voyant sous les traits d'un parfait misanthrope même si depuis qqs années, dans la mesure du possible, j'évite de commercer avec mes semblables.
Je pense que vous faite erreur au sujet des discussions que des Yanomami, ou des peuples avec une organisation sociale similaire, peuvent avoir, car, à mon avis, ce qui généralement les préoccupe le plus, c'est que justement rien ne bouge, que tout soit conforme à l'ordre ancestral, traditionnel, que puisse se reproduire l'éternel retour, celui du soleil, des saisons, des cueillettes, des migrations, etc.: vie-mort-vie.
En tout cas, je vous remercie de me laisser me livrer à autant de "confidences", celles que je n'ose pas faire sur mes blogs. Je fais ce que je peux pour mon vocabulaire ;-)
Bonne soirée, Jean Louis et à bientôt.
Bonjour Scheiro. Je crains qu'à la surface des choses vous n'ayez apparemment raison, côté Yanomami, mais histoire d'instiller un peu de contradiction dans votre "éternel retour" réducteur à l'essentiel, ou de tenter de le faire, je vous colle deux brèves citations, comme vous le pratiquez…
«Turaewë entonne un chant mélodieux pendant que son bras s'élève lentement et que son index pointe vers la terre. Les grands hekura sont sommés de se présenter :
—Esprit lune! Esprit du tourbillon des eaux! Esprit vautour! Descendez en moi!
Mais ce ne sont pas eux qui, les premiers viendront en Rikômi, sinon le petit monde des esprits mineurs…»
Le cercle des feux, Jacques Lizot.
«Jamais Rousseau n'a commis l'erreur de Diderot qui consiste à idéaliser l'homme naturel. Il ne risque pas de mêler l'état de nature et l'état de société ; il sait que ce denier est inhérent à l'homme, mais il entraîne des maux : la seule question est de savoir si ces maux sont eux-mêmes inhérents à l'état. Derrière les abus et les crimes, on recherchera donc la base inébranlable de la société humaine.»
Lévi-Strauss, Tristes tropiques (chp 38)
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