Le Grand collisionneur du Cern est tombé en panne. Je sais bien que vous êtes déjà au courant, qu'on en parle partout, à la télé, à la radio, autour de la table familiale à l'heure du repas. Je me doute que vous commencez à en avoir assez, du collisionneur, qu'il vous donne la nausée, et que vous préféreriez qu'on vous entretienne des 3600 milliards de dollars évaporés cette semaine, ou du rebond des actions que vous auriez pu avoir avec un peu plus de pot dans la vie, peut-être même de la pincée de titres qu'en bon père de famille, vous détenez pour la retraite : Eurotunnel, France-télécom, des trucs comme ça… Et pourtant, permettez-moi tout de même de revenir un petit coup sur le collisionneur, car cette affaire de panne n'est pas ce que l'on vous a dit, ce que vous croyez. C'est le résultat d'un complot politico-théocratique, je n'hésite pas à l'écrire. Si vous avez lu mon précédent billet à propos de l'inauguration du collisionneur et des espoirs que l'on fondait sur lui pour assurer positivement le succès de la pensée laïque, vous ne pouvez ignorer que l'appareil fonctionnait à la perfection. Remonter le temps jusqu'à vingt microsecondes après le big-bang —lorsque tous, autant que nous sommes, même M. Sarkozy, n'étions qu'une purée de hadrons, égaux entre eux et chaleureusement fraternels à deux trillons de degrés—, remonter jusque là ne devait être qu'une formalité ; certains, dont je suis, escomptaient déjà que l'on parviendrait à crever le "bang" du big-bang avant la fin de l'année, voire, qui sait, à toucher le "big" quasiment du doigt… Or, voici les faits objectifs, le film des événements qui allaient mener à la panne funeste : Vendredi 12, le pape rencontre M. Sarkozy à Paris. Le Lundi suivant, la banque Lehman Brothers annonce sa faillite. L'émotion s'empare des marchés financiers et aussi des populations, toujours fascinées par les malheurs des riches. Le tumulte est tel que l'inauguration du Grand collisionneur passe inaperçue et que, profitant de la diversion ainsi créée, des hackers s'introduisent dans les ordinateurs du CERN à l'heure du premier essai. On ne découvrira l'intrusion des pirates que le samedi, alors que le collisionneur aura connu deux pannes, dont la seconde nécessitera l'arrêt de l'appareil durant deux mois. Le complot est clair : il s'agissait ni plus ni moins de réduire l'engin du CERN à l'impuissance. Comme le programme du collisionneur avait été lancé bien avant son élection, le président français avait déjà tenté de semer la perturbation dans la communauté scientifique, mais cela n'avait pas suffi à stopper la marche du savoir. Bof ! Me direz-vous, que pouvaient redouter le pape et M. Sarkozy de cette mécanique bizarroïde ? Je l'ai déjà dit : la révélation qu'il n'y a pas de dieu derrière le big-bang, ce qui conforterait la laïcité pure et dure, mais aussi, sait-on jamais, la confirmation de l'existence d'univers parallèles, ainsi que l'ont théorisée de brillants astrophyciens. Plus fort encore : la preuve administrée avant la fin du quinquennat qu'il existe, dans un autre monde, une France où Ségolène Royal l'a emporté à la présidentielle sur Nicolas Sarkozy. Et ça, c'est une éventualité qui donne des sueurs froides à notre petit coq national.
(billet dédié au Cercle des comploteurs disparus)
(billet dédié au Cercle des comploteurs disparus)
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