vendredi 5 septembre 2008

Les eaux troubles du PS

Que faut-il penser des manœuvres en cours au PS ? J'en étais resté à l'idée que François Hollande voulait favoriser l'élection d'un non-présidentiable au poste de premier secrétaire, ce qui du reste me semblait une hypocrisie, car comment croire que le futur patron du parti, une fois en place, ne se transformerait pas en candidat d'ici à 2012 ? M. Hollande en fourni l'illustration, puisque lors de la compétition interne précédente, il n'était resté en définitive sur la touche, que faute d'avoir réussi à s'imposer à ses camarades. Donc, j'imaginais l'appareil du PS proche de M. Hollande bichonnant un plan destiné à favoriser l'irruption au congrès de Reims d'un outsider consensuel, dont la personnalité ou plutôt l'absence de personnalité, serait de nature à endormir les passions, préservant l'avenir de certains, même au risque de compromettre l'indispensable rénovation en profondeur du parti. Et voilà qu'aujourd'hui, France Inter m'apprend par la bouche de Françoise Degois, que M. Hollande se prépare en réalité à passer son fauteuil à Bertrand Delanoë ! J'ai déjà sommairement expliqué pourquoi le simple sympathisant que je suis ne veut pas avoir un jour à voter, la rage au coeur, contre ce brave homme, qui ne fait aucun cas de la seule démocratie qui vaille : permettre à la base, tant de son parti que de la nation, de se faire entendre en dehors des élections. C'est pourtant ce qui risquerait de se produire le jour où M. Delanoë se retrouverait en lice avec un François Beyrou, qui n'oubliera pas cette attente des citoyens, lui. Le sénateur de ma circonscription soutient la contribution «Urgence sociale» de Pierre Larroutourou, laquelle me semble analyser en profondeur le travail à fournir sur le terrain social, mais il y manque le souffle conquérant des vraies contributions de combat interne. Sans doute parce qu'elle est l'enfant de militants appartenant à tous les courants du PS ? Des hommes et des femmes attelés à la tâche ingrate de sortir le bateau PS du coup de chien. Il existe d'autre part des propositions plus confidentielles, comme celle d'un secrétaire fédéral tenté par la démocratie participative avec des inquiétudes de puceau, un peu honteux de s'afficher avec une telle catin… Ceci dit, je ne comprends strictement rien aux magouilles d'appareil en cours, ni à la portée réelle des enjeux et des haines en présence, et je me prends à rêver que pour faire pièce à l'alliance naissante Hollande-Delanoë, s'en noue une autre, Royal—Larroutourou—Contributaires modestes, dont les positions ne sont peut-être pas si éloignées. Car on voit bien que perdure dans les sphères éléphantesques du PS la volonté farouche d'éliminer à tout prix Ségolène Royal du paysage politique. L'ascension de Mme Royal a été le fruit de la révolte des militants et des sympathisants contre des arrangements imposés «d'en haut», et par ailleurs, le texte «Urgence sociale» constate que la démocratie représentative est en crise (Question 11) et se propose d'y apporter remède partout, à commencer par le fonctionnement intérieur du PS. M. Larroutourou est une figure socialiste sympathique, mais je le vois dépourvu du charisme qui porte à la victoire. Alors, serait-ce vraiment naïf de l'imaginer associé à Ségolène Royal dans la fusion de l'espérance démocratique qu'ils peuvent incarner ? Je me réponds à moi-même que oui, c'est naïf, puisqu'au sein des contributions de travail cohabitent des partisans d'éléphants opposés, mais je ne peux m'empêcher d'y rêver, comme je ne peux m'empêcher d'espérer que les sympathisants du PS se détournent de M. Delanoë, le parfait représentant de la continuité dans l'erreur.

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