mardi 23 septembre 2008

Sarkozy exorcise la crise

On peut facilement se tromper en politique, mais pour user d'une métaphore cosmique, Nicolas Sarkozy me fait songer à un météore traversant le ciel de la république. Il était répertorié de longue date par les observateurs, petit corps de masse indécise, qui, un beau jour a fait irruption dans l'atmosphère politique où il s'est mis soudain à étinceler. Il a brillé, il éclaire encore, mais déjà son éclat faiblit, et il pourrait bien disparaître à la prochaine élection sans laisser de trace.
À mesure que passent les jours, on voit émerger l'inconsistance de cet homme, enfermé dans des schémas de pensée qui lui ont réussi un moment, et dont il semble incapable de s'affranchir. Ainsi, en toute chose publique, croyant sans doute camper un personnage efficace, il lui faut désigner un bouc émissaire, annoncer que chaque problème de la société a un responsable qu'il faut châtier. Pour expliquer les pertes de la sécu, il y eut les malades que le président se hâta de punir par les franchises. Pour le pouvoir d'achat en berne des français, ce furent les paresseux… Comme il y a inévitablement dans tout comportement des exceptions, lors de l'embuscade tendue à nos troupes en Afghanistan, il s'abstint de rechercher un coupable, peut-être parce que, chef des armées, cela risquait de lui retomber sur le nez par la voie hiérarchique… En tout cas, ces jours-ci, le cerveau de M. Sarkozy semble avoir retrouvé son ornière favorite pour commenter la crise financière mondiale que nous venons de vivre et qui n'est peut-être pas terminée.
«Qui est responsable du désastre? Que ceux qui sont responsables soient sanctionnés et rendent des comptes et que nous, les chefs d’État, assumions nos responsabilités» a-t-il proféré hier, avec un aplomb digne d'un pilier de bistro. On croit rêver ! Cela s'appelle lancer de vaines incantations destinées a épater les français, tout en les prenant pour des cons. J'imagine, hier à New-York, les gloussements rentrés des personnes de bon sens qui ont entendu ces paroles creuses ! Parce que les responsabilités sont diffuses, innombrables, dans cette crise. Parce qu'elles remontent trop loin. Comment par exemple sanctionner l'ancien patron de la FED, aujourd'hui retraité, dont la politique à la tête de la Réserve fédérale a semé les germes de la crise ? Et qui a envie de le faire? M. Sarkozy joue sur du velours quand il parle d'assumer ses responsabilités de chef d'état : il n'en a aucune. Personne chez nous ne peut lui demander des comptes, personne ne peut le destituer, pour quoi que ce soit. Il est un des rares exemples au monde, dictateurs exceptés, d'irresponsable institutionnel.

Sources : France-Inter, Libération

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