Contrairement aux fariboles que l'on entendait parfois dans le passé, lorsque Henri Daguin notamment, tonitruait sur les ondes pour réclamer la baisse de la TVA sur la restauration, l'adoption d'une telle mesure ne profitera en rien au client. Parce qu'il faut être raisonnable et comprendre que les choses ne sont pas si simples. Sans le sens commercial et l'esprit de sacrifice des restaurateurs, loin de diminuer, le prix des repas aurait dû augmenter, au contraire. Il y a belle lurette, en effet, que ces braves gens tirent la langue et ne se nourrissent plus que des restes laissés dans les assiettes par les consommateurs. Pourquoi, dites-vous? Tout simplement parce que le prix des matières premières n'a cessé d'augmenter, comme celui du contenu de votre caddy, tandis que vous faisiez vos courses. Tenez, prenons l'exemple de l'agneau de lait des Pyrénées, dont le nom seul suffira à vous faire saliver, gastro comme je vous connais (j'aime bien ce raccourci de gastro, dont un taulier usa un soir pour évoquer sa carte gastronomique, juste avant de me refiler une superbe gastro-entérite). Donc, l'agneau de lait, le bon, est un amour de bestiole, tant à voir gambader, qu'à laisser fondre dans la bouche, dès lors qu'il n'a pas dépassé 45 jours. Comme son nom l'indique, il est nourri du lait de sa mère, la brebis, et seulement de son lait. Mais alors, pensez-vous, son alimentation ne coûte rien à l'éleveur! Erreur, vous oubliez celle de la mère et l'entretien de celle-ci —vétérinaire, brushing… Avec la montée du prix du pétrole, des métaux, du caoutchouc surtout, la valeur des hauts pâturages n'a cessé de grimper. Le cours de l'herbe sur pied suit de près celui du Brent de la mer du Nord, et ne parlons pas de la botte de foin qu'il faudrait comparer au carburant à la pompe. D'autre part, dans le même temps, les semelles du berger ne s'en usent pas moins —il fait des kilomètres, le bon moutonnier!—, et le coût de remplacement des chaussures, de suivre une courbe ascendante comme le pic d'Ossau, sans oublier le renchérissement des canettes de bière. Si vous ajoutez à ça que le berger utilise comme vous et moi une moto, ou une voiture pour aller baratiner ses copines, et qu'il doit se nourrir, vous voyez pourquoi cet agneau de lait devrait peser autant qu'un vieux mouton puant sur nos consciences de consommateurs égoïstes. Et vous comprenez pourquoi la baisse de TVA restera dans la poche des restaurateurs.
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PS. Un billet touchant est à lire chez Daud Avendauth. D'autre part, j'ai le plaisir d'annoncer que le coucou figure désormais en 9e position au classement Wikio des blogs politiques, toujours dominé par PMA et Sarkofrance. Le temps me manque pour publier mes statistiques, ce sera donc pour demain…
PS. Un billet touchant est à lire chez Daud Avendauth. D'autre part, j'ai le plaisir d'annoncer que le coucou figure désormais en 9e position au classement Wikio des blogs politiques, toujours dominé par PMA et Sarkofrance. Le temps me manque pour publier mes statistiques, ce sera donc pour demain…
9 commentaires:
Quand j'ai vu qu'il y avait un lien sous le mot "bière", j'ai tout de suite compris qui s'y collait ! Allez savoir pourquoi...
Beau billet, comme d'hab, mais j'ai une réputation de défenseur des bistros à assurer.
Le taux de TVA n'est pas un problème pour les restaurants qui vendent de l'agneau de lait (ils baisseront peut-être un peu pour amuser la galerie) mais pour les bistros qui sont en concurrences avec des vendeurs de machins à emporter. On pense souvent à Mc Do, mais ce qui est plus en cause sont les boulangeries, les points chauds et tous ces trucs qui concurrencent les petits bistros. Ils ont perdu cette clientèle de gens qui venaient se taper un demi, un sandwich et un café, car ils ne peuvent pas lutter, sur les prix, comme la boulangerie d'à côté (où, d'ailleurs, ils doivent acheter leur pain).
Quand tu discutes avec ces petits bistros, ils s'en foutent du taux de TVA (ce sont les gros restaurateurs qui gueulent à la télé), ils sont juste préoccupés par la différence de taux (d'autant qu'ils ont plus de charges : mêtres carrés au comptoir, toilettes, personnel, ...).
Tu ronchonnais parce que je ne commentais pas souvent. Quand je m'y mets...
Hou, là ! Nicolas! Tu t'essaies à la parodie de trollage? La baisse de TVA sur la restauration pour redresser les déséquilibres dont tu parles ne serait pas une mauvaise chose. C'est vrai que les cafetiers sont désavantagés comme tu le dis. Tu soulignes leurs charges, auxquelles on ne pense jamais. Mais pour que la baisse de TVA serve vraiment à corriger la concurrence des boulangers, il faudrait que le prix du sandwich au café baisse, sinon les pleurs des cafetiers seraient des larmes de crocodiles.
Merci du commentaire.
Après, c'est aux patrons de bistro de voir !
"Tenez, prenons l'exemple de l'agneau de lait des Pyrénées, dont le nom seul suffira à vous faire saliver"
Non, je ne mange pas les enfants, moi!
Nicolas, certes, à eux de voir, mais aussi aux consommateurs de juger s'il s'agissait bien de simplement pouvoir aligner les prix sur ceux des concurrents "déloyaux".
Eric, en matière de bouffe, on est toujours l'ogre de quelqu'un, en cherchant un peu: jamais de petite friture où se glisse l'innocent alevin ? La botte de radis où le maraîcher indigne aura mêlé un radichon immature?
Le Coucou,
Je crois que tu prends le problème à l'envers. Ce n'est pas une question d'harmonisation des prix mais d'égalité.
Le boulanger est imposé à 5,5%. Le bistro à 19,6%. Pour vendre les mêmes produits. Les revendications des bistros sont justes.
Ce qu'on entend à la télé pour dire "ça va créer des emplois", on sait bien que ce n'est pas vrai (d'ailleurs la restauration manque de personnel).
Le reste est le problème du bistro. S'il a, sur un sandwich à 3 euros, 40 centimes de taxe en moins, il fait ce qu'il veut avec. Soit il les met dans sa poche (mais le bistro voisin aura pris une autre stratégie) soit il diminue un peu ses prix.
Mais, quoiqu'il en soit, il n'y a pas de raison de permettre au boulanger de faire plus de marge (d'autant que comme il vend le pain au bistro, il a aussi de la marge sur la baguette...).
Nicolas, en fait je suis assez d'accord avec toi, d'autant que les boulangers —puisqu'on parle d'eux—, ont pris des libertés condamnables au moment du passage à l'euro: ils avaient une belle avance sur l'augmentation du prix des matières premières.
Merci pour la référence et félicitation pour l'attrait continu que suscite ce blogue auprès de la libre bloguosphère.
Daud, un bon billet sur ton bon blog, donc… Et merci de me lire!
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