Quand j'ai lu sur Liberation.fr, que Mme Chirac, prenant la défense de son mari, estime qu'un «président de la République, qui a été élu par tous les Français pour cinq ans, doit être protégé», j'ai mis mes lunettes… C'est écrit petit, je pouvais avoir compris de travers, mais non, elle a vraiment dit ça.
On aimerait lui répondre que les électeurs élisent un homme qui leur semble bien au départ, et qu'ils peuvent se rendre compte en cours de route, ou plus tard, qu'il ne méritait pas leur confiance. C'est par exemple le cas de Nicolas Sarkozy, que beaucoup de Français aujourd'hui aimeraient pouvoir révoquer. Un président de la République est parfois élu sur un malentendu; quand la confiance du peuple a été trompée, pourquoi devrait-il être protégé? Un président de la République n'est pas joyau national, une idée de luxe qu'on se transmettrait entre générations, dans notre contexte c'est juste un mal nécessaire.
Les accusations dont M. Chirac est l'objet ne sont pas légères: détournement de fonds, prise illégale d'intérêt… S'il est condamné un jour, cela signifierait qu'il a dénaturé les valeurs républicaines sur lesquelles se fonde la confiance des citoyens pour leurs représentants. Il ne la méritait pas.
Bon, nous savons bien qu'il n'a pas été le seul ni le premier à jouer à ça, et par ailleurs, nous avons connu, nous connaissons des hommes politiques beaucoup moins sympathiques que Jacques Chirac. Il a la veine de jouir d'un tempérament, d'une personnalité, qui incitent à l'indulgence. Mais ce n'est pas une raison pour dispenser le chef du personnel politique d'être d'une parfaite intégrité dans l'exercice de tous ses mandats.
Chez nous, on ne demande pas aux élus d'être irréprochables dans leur vie privée, Dieu merci. Il faudrait qu'ils battent leur femme pour qu'on commence à s'émouvoir, les féministes partiraient alors en guerre —avec raison, évidemment. On pourrait attendre d'eux en contrepartie qu'ils nous rendent cette tolérance en probité dans la sphère publique.
D'après Libé, Mme Chirac pousse sa défense d'épouse humiliée par le scandale jusqu'à l'énormité. Parlant donc d'un président de la République oint par le suffrage universel, elle «ne trouve pas qu'il puisse être soumis aux mêmes obligations dans certains cas que les citoyens ordinaires.»
Là, on tombe sur le cul, parce que, si un tel argument devait être un jour jugé recevable, il nous faudrait carrément inventer un nouveau nom pour notre système politique, nous ne serions plus une république. La République qui vota au lendemain de la révolution une déclaration proclamant que «les hommes naissent libres et égaux en droits», et encore que «la loi est l'expression de la volonté générale. Tous les citoyens ont le droit de concourir personnellement, ou par leur représentant, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse…»
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P-S Hier, Mathieu revenait sur la disparition de Philippe Seguin, et tandis que je vous parlais théâtre, Martine nous présentait un spectacle donné à Genevilliers
On aimerait lui répondre que les électeurs élisent un homme qui leur semble bien au départ, et qu'ils peuvent se rendre compte en cours de route, ou plus tard, qu'il ne méritait pas leur confiance. C'est par exemple le cas de Nicolas Sarkozy, que beaucoup de Français aujourd'hui aimeraient pouvoir révoquer. Un président de la République est parfois élu sur un malentendu; quand la confiance du peuple a été trompée, pourquoi devrait-il être protégé? Un président de la République n'est pas joyau national, une idée de luxe qu'on se transmettrait entre générations, dans notre contexte c'est juste un mal nécessaire.
Les accusations dont M. Chirac est l'objet ne sont pas légères: détournement de fonds, prise illégale d'intérêt… S'il est condamné un jour, cela signifierait qu'il a dénaturé les valeurs républicaines sur lesquelles se fonde la confiance des citoyens pour leurs représentants. Il ne la méritait pas.
Bon, nous savons bien qu'il n'a pas été le seul ni le premier à jouer à ça, et par ailleurs, nous avons connu, nous connaissons des hommes politiques beaucoup moins sympathiques que Jacques Chirac. Il a la veine de jouir d'un tempérament, d'une personnalité, qui incitent à l'indulgence. Mais ce n'est pas une raison pour dispenser le chef du personnel politique d'être d'une parfaite intégrité dans l'exercice de tous ses mandats.
Chez nous, on ne demande pas aux élus d'être irréprochables dans leur vie privée, Dieu merci. Il faudrait qu'ils battent leur femme pour qu'on commence à s'émouvoir, les féministes partiraient alors en guerre —avec raison, évidemment. On pourrait attendre d'eux en contrepartie qu'ils nous rendent cette tolérance en probité dans la sphère publique.
D'après Libé, Mme Chirac pousse sa défense d'épouse humiliée par le scandale jusqu'à l'énormité. Parlant donc d'un président de la République oint par le suffrage universel, elle «ne trouve pas qu'il puisse être soumis aux mêmes obligations dans certains cas que les citoyens ordinaires.»
Là, on tombe sur le cul, parce que, si un tel argument devait être un jour jugé recevable, il nous faudrait carrément inventer un nouveau nom pour notre système politique, nous ne serions plus une république. La République qui vota au lendemain de la révolution une déclaration proclamant que «les hommes naissent libres et égaux en droits», et encore que «la loi est l'expression de la volonté générale. Tous les citoyens ont le droit de concourir personnellement, ou par leur représentant, à sa formation. Elle doit être la même pour tous, soit qu'elle protège, soit qu'elle punisse…»
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P-S Hier, Mathieu revenait sur la disparition de Philippe Seguin, et tandis que je vous parlais théâtre, Martine nous présentait un spectacle donné à Genevilliers
5 commentaires:
Bravo le coucou ! Mais que pouvait-on attendre d'autre de la part de cette bigotte ? Si seulement la Reine Carla avait prononcé ces parole fétides, l'effet eût été tout autre !
J'ai vu Michel Vauzelle, notre président, tout à l'heure. Très favorablement intéressé par le NSD.
Ah on est sur deux sujets parallèles qui se rejoignent, c'est un paradoxe !
Dans la vision qu'ils ont de la république et du rôle de l'élu, il semble qu'il reste beaucoup de la monarchie. Le roi est choisi à cette place par d.ieu et les hommes ne sauraient en juger la pertinence !
Nicolas Sarkozy suit le même chemin qui prétend, avec la collaboration active de certains membres de la Justice, être intouchable dans son rôle de Président mais profiter de son statut de citoyen pour attaquer qui bon lui semble…
Cela renforce mon idée que notre système est pourri de l'intérieur !
:-))
M. Poireau,
marrant, mais juste! On se retrouve au pôle, c'est normal, après tout… La conception monarchique de la présidence (et en fait de toutes les relations entre les pouvoirs et les citoyens), est vraiment notre spécialité. C'est une des tares de notre république, particulièrement insupportable! ;-)
Ah, mais j'oubliais Rimbus!
C'est vrai qu'il n'y avait pas grand chose à attendre de Mme Chirac, sauf peut-être qu'elle se taise… C'est intéressant, la position de M. Vauzelle! À suivre…
Nicolas Sarkozy vous souhaite une bonne année 2010 :
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