Ce matin à 9 heures avait lieu au palais de justice d'Orléans l'examen de la plainte en référé de Serge Grouard député-maire de cette ville contre Antoine Bardet, dit FanSolo. Les avocats de chaque parti ont fait leur boulot, celui de FanSolo rappelant la loi de juillet 1881 garantissant la liberté d'expression, le conseil de S. Grouard dénonçant, d'après LibéOrléans, «un blog critique qui a pour finalité de discréditer»…
Le blog en litige fut mis en ligne sur internet durant la période précédant les municipales, avant d'être fermé par son auteur à la veille de la campagne électorale. Il s'intitulait «les amis de Serge Grouard», et visait à parodier ces innombrables blogs ouverts aux quatre coins de France dans le but de soutenir tel ou tel candidat. Fansolo, homme de gauche, s'y moquait de Serge Grouard, maire sortant UMP, en des termes gentiment railleurs. Ainsi, y faisait-il chanter des louanges excessives de sa cible, qui n'en méritait pas tant, par des orléanais imaginaires, parfaitement analphabètes…
Exemple : «Il a raison de na pas se presse y piter l'autre et d'attendre le montant e-douane ! quel suce pence !»
Il y eut des photos du maire publiées en illustration de ces pastiches de propos tenus, j'imagine, par les partisans de M. Grouard. Photos publiques d'un personnage public, qui, sollicitant les suffrages de ses concitoyens s'offrait de lui-même à leurs regards et à leurs critiques.
Avant la Révolution, la tradition frondeuse de notre pays soumettait déjà les rois et leurs ministres aux piques de la satire. Il y eut parfois des écrits diffamatoires, que l'on appelait libelles, qui visaient à perdre d'honneur une personne par le mensonge. Pour cela, on s'attaquait —on s'attaque— à l'intimité de la victime, divulguant des faits de sa vie privée contre sa volonté. Mais il y eut surtout quantité de feuilles, d'ouvrages, qui dénonçaient les actes, les manœuvres des gens de pouvoir, aussi bien que l'absolutisme royal. Ils ont joué un rôle non négligeable dans l'éclosion de la révolte. Leurs auteurs encouraient la prison ou les galères. Sous les deux empires napoléoniens, toute critique du régime faisait condamner son auteur.
Jusqu'à ce que la république enfin établie solidement, le droit à la liberté d'expression soit garanti par la loi. Cette liberté de parole est un bien infiniment précieux qui doit chaque jour être défendu, car rien n'est plus difficile à quelqu'un qui exerce un pouvoir, fut-ce un simple mandat de maire, rien n'est plus difficile que d'admettre critique ou dérision. À gauche aussi bien qu'à droite, on voit des élus tenter de bâillonner des contradicteurs, estimant que la raillerie à leur égard ou la dénonciation de leurs actes est une atteinte à leur autorité. Ils oublient que cette autorité, ils l'exercent de toute manière, et qu'elle fait d'eux des forts. Qu'ils nous laissent le droit de critiquer leurs actes, le droit d'en rire, et celui de rappeler à tous qu'un temps des cerises électorales reviendra, où nous serons forts tandis qu'ils seront faibles.
Le blog en litige fut mis en ligne sur internet durant la période précédant les municipales, avant d'être fermé par son auteur à la veille de la campagne électorale. Il s'intitulait «les amis de Serge Grouard», et visait à parodier ces innombrables blogs ouverts aux quatre coins de France dans le but de soutenir tel ou tel candidat. Fansolo, homme de gauche, s'y moquait de Serge Grouard, maire sortant UMP, en des termes gentiment railleurs. Ainsi, y faisait-il chanter des louanges excessives de sa cible, qui n'en méritait pas tant, par des orléanais imaginaires, parfaitement analphabètes…
Exemple : «Il a raison de na pas se presse y piter l'autre et d'attendre le montant e-douane ! quel suce pence !»
Il y eut des photos du maire publiées en illustration de ces pastiches de propos tenus, j'imagine, par les partisans de M. Grouard. Photos publiques d'un personnage public, qui, sollicitant les suffrages de ses concitoyens s'offrait de lui-même à leurs regards et à leurs critiques.
Avant la Révolution, la tradition frondeuse de notre pays soumettait déjà les rois et leurs ministres aux piques de la satire. Il y eut parfois des écrits diffamatoires, que l'on appelait libelles, qui visaient à perdre d'honneur une personne par le mensonge. Pour cela, on s'attaquait —on s'attaque— à l'intimité de la victime, divulguant des faits de sa vie privée contre sa volonté. Mais il y eut surtout quantité de feuilles, d'ouvrages, qui dénonçaient les actes, les manœuvres des gens de pouvoir, aussi bien que l'absolutisme royal. Ils ont joué un rôle non négligeable dans l'éclosion de la révolte. Leurs auteurs encouraient la prison ou les galères. Sous les deux empires napoléoniens, toute critique du régime faisait condamner son auteur.
Jusqu'à ce que la république enfin établie solidement, le droit à la liberté d'expression soit garanti par la loi. Cette liberté de parole est un bien infiniment précieux qui doit chaque jour être défendu, car rien n'est plus difficile à quelqu'un qui exerce un pouvoir, fut-ce un simple mandat de maire, rien n'est plus difficile que d'admettre critique ou dérision. À gauche aussi bien qu'à droite, on voit des élus tenter de bâillonner des contradicteurs, estimant que la raillerie à leur égard ou la dénonciation de leurs actes est une atteinte à leur autorité. Ils oublient que cette autorité, ils l'exercent de toute manière, et qu'elle fait d'eux des forts. Qu'ils nous laissent le droit de critiquer leurs actes, le droit d'en rire, et celui de rappeler à tous qu'un temps des cerises électorales reviendra, où nous serons forts tandis qu'ils seront faibles.
L'affaire FanSolo est en délibéré au 8 Octobre.
P.S. sous le règne de L. Joffrin, Libération s'est fait une spécialité du dénigrement systématique de Ségolène Royal. Si vous lisez le billet de Marc Vasseur, «Libération en pourfendeur de la désinformation» vous aurez, à mon avis, un échantillon de ce que peut être un travail de sape truqué, mais couvert par la liberté d'expression.
2 commentaires:
Merci pour cet article, tout simplement.
Je sais que vous l'avez signée, mais pour vos lecteurs :
Je fais tourner une pétition internet sur cette affaire.
En voici le texte :
"Il y a quelques mois, alors que nous nous interrogions tous sur l'issue à venir des élections municipales 2007, apparaissait un blog humoristique intitulé : "Les Amis de Serge Grouard". Il s'agissait, selon le crédo affiché, de défendre la candidature de M. Grouard au poste de maire d'Orléans. Bourré de fautes d'orthographe et de syntaxe, ce blog fut vite classé dans la catégorie "caricature". Caricature d'auteurs, militant avec une maladresse flagrante pour leur candidat favori.
Ce blog nous a donc fait rire.
Mais il a tant déplu à Monsieur Grouard qu'il a engagé une procédure au tribunal contre le véritable auteur de ce blog, qui s'avère être Antoine Bardet, dit Fansolo, le blogueur orléanais bien connu sur internet.
Parce qu'à aucun moment ce blog n'a comporté d'injures ni d'insultes, parce qu'il n'a utilisé que des images publiques d'un homme public, parce qu'il n'a fait qu'imaginer une situation burlesque de militantisme, affirmons notre soutien à Fansolo dans cette affaire, et notre volonté de continuer à rire sur Orléans. Cette ville et son agglomération le méritent.
Parce qu'il ne faut être ni de gauche, ni du centre, ni de droite, pour aimer rire. "
Pour ceux qui voudraient la signer, elle se trouve ici :
http://3105.lapetition.be/
(Pensez à valider votre signature après réception du mail de confirmation.)
Merci d'avance.
Steph, bienvenue à vous, et à votre pétition. J'avais mis un lien vers celle-ci dans mon premier billet sur FanSolo, mais il est toujours utile de rappeler son existence.
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