Yves Deligne —Scheiro en costume de scène—, pourfendeur irréductible de la gauche, estime que mon discours ordinaire en ce lieu se fonde sur la doxa : les préjugés populaires pour faire bref… Et de m'opposer un extrait de texte de Sloterdijk, étoile montante de la philosophie, brillante sans doute, mais dont je n'ai rien à foutre pour ce qui concerne mes choix fondamentaux dans la vie. Le monde qui vous entoure vous force à découvrir avant l'âge adulte les mécanismes de l'aliénation sociale, comment se tracent les sillons qui vous feront subir plus ou moins durement la loi des nantis. Le juste et l'injuste, pour rester dans la doxa. On peut ignorer cette vérité banale, et trouver que le monde tourne bien ainsi, ou au contraire s'insurger, lutter contre l'injustice sociale. Élevé dans un pays de mines, par des gens modestes, je suis incurablement imprégné d'une volonté de changer la société. Ainsi, quoique touché à mon porte-monnaie par la crise actuelle, je jubile cependant de la déroute «des riches» (simplification absurde, mais pratique). Mon plaisir naît d'une évidence qu'aucun philosophe ne peut nier : le capitalisme a pris un sale coup. C'est une véritable jouissance que cette revanche offerte aux humbles sur le ramassis des possédants qui en prennent, j'espère, plein la gueule en ce moment. Une seule chose me chagrine : ils ne sautent plus par les fenêtres comme au bon vieux temps. D'un point de vue plus réaliste, je me désole par contre que ma famille politique, la gauche, cantonnée dans l'opposition, ne dispose pas des moyens d'imposer à la prétendue refondation du capitalisme, l'adoption de règles draconiennes : la mise au pas des paradis fiscaux, la fin définitive de la spéculation financière. Car je n'ai aucune illusion sur le retour rapide de ces pratiques. De même qu'il est, hélas, écrit que ceux qui rient aujourd'hui seront frappés par la récession demain…
Le capitalisme infligera toujours des crises aux populations qui, in fine, en seront les principales victimes, tant qu'une loi d'airain mondiale n'en décidera pas autrement. En attendant qui sait si , la France débarrassée de Nicolas Sarkozy, un gouvernement de gauche n'entreprendra pas de faire dégorger aux financiers les milliards qu'ils vont dévorer ? C'est mon vœu en tout cas. Comme des poissons dans l'eau d'une forme de communication nouvelle, mes amis blogueurs de gauche dénoncent jour après jour la politique clanique de M. Sarkozy. Personne —à commencer par les forgeurs de concepts coupés des réalités—, ne peut savoir aujourd'hui si l'espérance qui les anime, la dissidence qu'ils expriment, ne porteront pas de fruits.
Le capitalisme infligera toujours des crises aux populations qui, in fine, en seront les principales victimes, tant qu'une loi d'airain mondiale n'en décidera pas autrement. En attendant qui sait si , la France débarrassée de Nicolas Sarkozy, un gouvernement de gauche n'entreprendra pas de faire dégorger aux financiers les milliards qu'ils vont dévorer ? C'est mon vœu en tout cas. Comme des poissons dans l'eau d'une forme de communication nouvelle, mes amis blogueurs de gauche dénoncent jour après jour la politique clanique de M. Sarkozy. Personne —à commencer par les forgeurs de concepts coupés des réalités—, ne peut savoir aujourd'hui si l'espérance qui les anime, la dissidence qu'ils expriment, ne porteront pas de fruits.
7 commentaires:
Je ne pourfends la gauche que depuis le jour où votre ami Nicolas m'a insulté, Jean-Louis. Jusqu'à ce jour je n'avais que très peu de contentieux avec cette chose. Pourfendre la gauche, c'était s'attaquer à l'objet fétiche de N. Et puis, j'y ai pris goût. Bien que ça commence à me lasser car c'est le genre de chose qui, à mes yeux, n'a pas grand intérêt. Car, mis à part ça, la gauche ou la droite pour moi c'est blanc bonnet et bonnet blanc, sauf sur un point: les gens qui se positionnent à droite me semblent, généralement, bien moins hypocrites que ceux qui se placent à gauche en prétendant qu'ils agissent pour le bien commun, alors que, foncièrement, ils sont dans le même état d'esprit que les gens de droite, aussi travaillés par le consumérisme, aussi soumis à la hiérarchie, aussi incultes et prétentieux. En France, les gens de gauche souffrent juste un peu plus à cause de leur leaders, capitalistes de la colère, qui les contraignent à vivre dans la registre du thymotique et les "condamnent à lutter, avec des discours laids, contre les images de belles personnes et des tableaux de chiffres durs – entreprise vouée à l’échec".
A la lecture de ce billet, on se rend compte immédiatement du bien fondé de la thèse de Sloterdijk. La colère et le ressentiment ne se sont pas affaiblis, loin de là. Les motifs sont aujourd’hui aussi nombreux et aussi terribles que dans le passé. Ce qui est dépassé, c’est une construction historique de "la pensée de la vengeance, rehaussée par la religion et la politique, qui a marqué l’espace […] christo-socialo-communiste." . Une certaine manière de vouloir "rectifier les comptes de la souffrance et de la justice dans un monde sans équilibre moral."
"De même qu'il est, hélas, écrit que ceux qui rient aujourd'hui seront frappés par la récession demain…" (sic) Une phrase comme celle-ci montre à quel point est fondée la thèse selon laquelle le socialo-communisme n'est rien de plus que la prolongation du mythe chrétien: "Beaucoup de premiers seront derniers, et les derniers seront les premiers." [Saint Marc 10, 28-31]
Bon, Jean-Louis, je vous laisse à votre joyeux ressentiment, ainsi qu'à votre naïve façon de vous représenter la philosophie. Pour votre gouverne, Sloterdjik serait plutôt l'étoile qui pâlit, son heure de gloire à déjà eu lieu dans les années 70, et il est loin d'être coupé de la réalité - en tout cas, pas plus que vous ou moi: il ne vit pas sur la Lune. A votre mépris pour les "forgeurs de concepts" on peut répliquer par ce que Colli disait à propos d'un autre philosophe bien connu: “Il ne s’agit pas de voir en quoi la pensée de Nietzsche peut être utile pour nous, si elle concerne, si elle enrichit ou stimule les problèmes modernes : en réalité sa pensée sert à une seule chose, à nous éloigner de tous nos problèmes, à nous permettre de nous regarder au-delà de tous nos problèmes. Dans la mesure où les problèmes de son présent sont encore ceux de notre propre présent”.
Regarder au-delà du problème, c'est ce que ni vous, ni vos amis ne savent faire: vous n'arrivez pas à quittez des yeux ce que Sarkozy et d'autres vous agitent sous le nez parce que vous n'êtes qu'une bande d'otaries juchées sur des tabourets. Hé bien, continuez votre cirque, moi j'aime assez ça, c'est parfois distrayant.
J'oubliais. Après 1929, il y a eu quelques suicides liés à la situation économique, mais par balle et ou par asphyxie au gaz(c'était la mode, à cette époque). Pas de banquier volant, en revanche. Encore un de vos mythes qui ne tient pas la route, Jean-Louis. C'est triste, hein?
Mais vous pouvez toujours rendre hommage à cet homme endetté, de Milwaukee, qui a mis fin à ses jours après avoir laissé cette note: "Que mon corps aille à la Science, mon âme à Andrew W. Mellon (le secrétaire au Trésor), et ma compassion à mes créanciers...".
Boff ! Scheiro, en fait il y a fort peu à répondre à votre billet, à votre façon simpliste de vous poser en sceptique de la politique, alors que sur la durée vos écrits révèlent une pensée extrémiste. Les conflits sociaux n'ont pas grand chose à voir avec un débat philosophique : je veux dire pour ceux qui les vivent, ou lorsqu'on espère agir sur le cours des choses. Changer "la politique" est un recommencement incessant, la poursuite d'un conflit vieux comme le monde. Cela se fait par la réforme, ou par la révolte lorsque les limites du supportable sont atteintes.
Pour les banquiers et actionnaires oiseaux, je n'y étais pas, vous non plus. Vous revendiquez plus de valeur pour vos sources? C'est parfait, soyez satisfait. Je crois que J.K. Galbraith en parlait dans l'un de ses ouvrages. Connaissez-vous l'anecdote des clients accueillis dans un hôtel new-yorkais de l'époque par le réceptionniste qui questionnait : «La chambre, c'est pour dormir, ou pour sauter? »
Hahaaa! "je n'y étais pas, vous non plus", l'argument me semble très, très léger. Dans ces conditions autant remettre en question l'existence même du krach et le guerre de 14 ou de tout ce qui vous plaira, du moment ou vous n'avez pas pu assister à l'évènement.
L’économiste John Kenneth Galbraith avait fait des recherches sur le sujet pour son livre "The Great Crash, 1929", publié dans les années 1950. Il a fouillé les statistiques, mais n’a constaté aucun "pic" de suicidés en novembre et décembre 1929.
C'est un journal de gauche qui l'écrit. Je ne suis pas sectaire.
Oui, je comprends que vous ne puissiez pas dire grand chose, suite à ma réponse, sans prendre le risque de vous enfoncer un peu plus et de donner une image contraire à celle que vous aimeriez cultiver, mais ce n'est pas grave. Je pense que vous en avez suffisamment fait. J'aimerais seulement que vous puissiez préciser ce que vous entendez par "sur la durée vos écrits révèlent une pensée extrémiste". Parce qu'il y a au moins deux extrêmes et j'aimerai bien savoir à quel pôle vous faites allusion.
Certainement pas l'extrême centre, Scheiro ! Extrême droite? Nihiliste moderne? J'avoue que je m'en fiche un peu. Ce qui est sûr, c'est que votre pensée s'exprime le plus souvent dans un patchwork de citations empruntées, toujours pédantes. D'autre part, cette pensée protéiforme est systématiquement chevillée de tournures de votre cru, assez répétitives car limitées par le vocabulaire du mépris, dont on fait vite le tour en définitive. Lorsqu'on ôte à vos phrases personnelles les agressions gratuites, il reste peu de sens. Inquisiteur furibond du "vice" de gauche, vous vous faites volontiers le défenseur de la banquière ruinée et de l'héritier orphelin : c'est votre choix. Certes, on peut toujours se tromper, en présence de quelqu'un enfermé dans pareil esprit de contradiction, mais à priori tout montre que vous faites parti des gens qui choisissent le côté du manche.
Je ne me sens pas une âme de martyr, contrairement à d'autres, et c'est peut-être ce qui vous échappe dans la représentation que vous vous faites à mon sujet. Généralement, dans les forums et sur les blogs, c'est quand on manque d'arguments, qu'on ne se sent pas suffisamment à la hauteur de son interlocuteur qu'on en arrive à le traiter de facho. Vous ne le savez probablement pas, mais apprenez que sur le Net, ce phénomène se nomme "loi de Godwin" et que je dois dans ce cas vous offrir un point. Je pense que ce qui vous tracasse, c'est qu'à cause de moi, vous en êtes arrivé à révéler votre véritable nature qui ne correspond pas tout à fait à l'image du père la sagesse que vous aviez l'intention de présenter. Au contraire, on décèle rapidement chez vous l'humeur fielleuse que vous n'arrivez pas à masquer. En tout cas, une chose est certaine, c'est qu'en aucun cas vous ne pouvez vous défaire des pauvres schémas idéologiques dans lesquelles baigne votre miséreuse société, et que vous ramenez toujours tout à des questions binaires gauche/droite, à quoi correspond pour vous le "sens de la vie". Effectivement, sur une construction intellectuelle aussi pauvre, il y a peu de risque que vous puissiez vous perdre. Bon, cramponnez-vous bien à la rampe et surtout n'essayez pas de penser plus loin, c'est très dangereux, surtout quand on est mal équipé, mal préparé, mal entraîné. Restez peinard au coin du feu avec votre petite calculette à point Wikio et laissez vous acclamer par vos potes: vous venez de vous comporter en héros, "comme papa", au temps de l'occupation. Le tennisman, ce killer, sera fier de vous.
Et surtout, n'oubliez pas vos comprimés, car, je ne sais pas pourquoi, je sens que votre tension va brusquement grimper.
Bon week-end :-)
Bon week-end, Scheiro, et ne tombez pas du haut de votre excellence, vous vous feriez mal.
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